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Critique de Roadreader


Marc Dugain poursuit dans ce second volet son exploration du milieu politique français dans une intrigue toujours aussi tortueuse. Son talent d'écrivain lui permet de mêler portrait psychologique raffiné, dialogues piquant et savoureux et complots politiques lourd et amer. Un mets de choix que ce quinquennat que nous allons détailler point par point.

La force de Marc Dugain est de nous relater la vie politique de notre pays de manière extrêmement réaliste tout en gardant une certaine distance avec la situation sidérante qu'il décrit pages après pages. L'auteur se garde de tout cynisme et parvient à conserver une certaine hauteur par rapport à son intrigue. Les faits qu'ils relatent amènent à perdre le peu d'espoir qu'il pourrait nous rester en la politique française mais sa plume aérienne agit comme un baume qui apaise lors de la lecture. Des mots salvateurs sur les plaies béantes qu'il dénonce.

L'auteur évite le piège du manichéisme en prenant le temps de dresser le portrait d'hommes et de femmes atteint de névroses qui les vrillent jusqu'à la moelle. Là où le premier tome insistait sur la soif de pouvoir qui les animait, ce second opus place les névroses non diagnostiquées au centre des portraits de ces monstres d'egos. le lecteur a la chance d'assister à quelque chose qui arrive rarement dans la vie réelle, la mise à nu de ces hommes politiques. Les masques tombent et le néant abyssal qui constitue leurs essences est révélé. Incapable d'aimer, traumatisés par des angoisses ancrées dans leurs subconscient, effrayés par les ténèbres enfouis à la surface de leurs âmes ils ne se rendent même pas compte du mal qu'ils font autour d'eux, à leurs proches mais aussi au peuple français. On aurait presque envie de les plaindre. Si Launay apparaît quelque peu conscient de sa froideur il n'en tire cependant aucune leçon et se révèle un prédateur redoutable. Tandis qu'en face Lubiak, prisonnier d'un stéréotype d'enfant gâté qui ne sait quoi faire de ses jouets, paraît bien incapable de résister longtemps aux mâchoires féroces du président malgré sa fougue et son sens des affaires.

Les dialogues sont l'occasion pour l'auteur d'égayer un récit qui pourrait paraître assez froid. Émaillés de pirouettes, de double sens, ces dialogues servent autant à dissimuler la vérité qu'à la dire. On ne se parle pas dans quinquennat, on s'invective, on s'agresse, on se menace, on s'explique sans jamais se comprendre. Durant ces dialogues c'est le jeu des faux-semblants, une comédie humaine sans la noblesse des actes, qui s'effectue sous les yeux du lecteur qui n'en ait plus à une infamie près. Durant la lecture les dialogues sont le sel qui va agrémenter ce plat déjà savoureux.

Mais quinquennat c'est aussi une guerre politique, une guerre d'ego. L'auteur a tissé une intrigue labyrinthique au ramifications innombrables. La simplicité avec laquelle il relate les malversations de ces puissants si puissants qu'ils ne voient même plus le monde réel permet de ne jamais perdre pied dans un monde qui reste inconnue de la plupart d'entre nous. Malheureusement ce second volume souffre d'un surplace narratif qui n'aide pas à s'accaparer pleinement ses intrigues d'alcôves alors que dans le même temps certains personnages sont victimes de redondances dans lesquelles stagnent leurs intrigues personnelles. Quinquennat se révèle être un tome de transition à la temporalité assez trouble mais à la narration tellement fluide que l'on ne se rend compte de rien.

Les qualités que l'on retrouvait déjà dans le premier opus se confirment dans ce second volume malgré un statut de tome transitoire. L'assiette de haute gastronomie proposait par Marc Dugain se révèle suffisamment goûteuse et épicée pour passer outre ce léger défaut. En espérant que le troisième et dernier volume saura apporter une conclusion satisfaisante à cette trilogie sur un mal ordinaire.
Lien : https://culturevsnews.com/
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