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Critique de pencrannais


Frank incarne depuis quinze ans une légende de l'ouest, le marshall Johnson, dans le spectacle que propose la ville de Woodstone. Totalement investit dans son personnage, il est pourtant renvoyé car jugé trop vieux pour la crédibilité du rôle. Son équipe lui offre comme cadeau, un voyage en bus à travers la vallée de la mort. Sa prime de départ, un colt modèle 1880.
Au cours de ce voyage, il se confronte à la guide qu'il corrige sans ménagement. Il entre aussi en contact avec les autres touristes du car, chacun avec leur vision du mythe du Far West. Un ancien marine, notamment, très critique sur la vision des indiens pacifiques. Mais Franck se retrouve aussi confronté à sa propre vision de l'ouest américain. Il va découvrir que ses modèles ne sont pas des personnages aussi héroïques qu'il pensait.
Cette BD n'est pas un western, mais pourtant le genre western en est l'élément central. Dans son scénario, très proche des romans initiatiques, où le personnage principal, en vérité, est à la recherche de lui même, Bruno Duhamel en profite pour tirer à bout portant sur la plupart des mythes de l'Ouest américain.
Franck, le personnage principal est en colère, et cette colère qu'il retient, mais qui monte au fur et à mesure de l'album est un des éléments du suspense qui se joue. le récit initiatique va-t-il virer au thriller ou au carnage ? Cette colère et la confrontation avec les autres personnages permet de dénoncer, tout en nuances, les clichés de toutes sortes sur l'Histoire. de l'anachronisme des jugements actuels sur des périodes du passé, de la bien-pensance de certains qui ont une vision du monde divisée entre bien et mal, des légendes constituées sur des mensonges, du complotisme qui remet tout en cause, etc.
Ce voyage intérieur du personnage rappelle quelques uns des bons films de Clint Eastwood (Bronco Billy, par exemple, et un peu aussi impitoyable mais avec de l'humour !), et répond aussi à la fameuse scène finale de l'homme qui tua Liberty Valence (« On est dans l'Ouest ici ! Alors quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende ! »).
Pourtant, l'histoire qui semble sur ces rails de comédie dramatique nous surprend plus d'une fois par ses virages et par l'évolution du personnage principal. On va de fausses pistes en fausses pistes pour notre plus grand bonheur. La tension va crescendo. Et si, tout compte fait, on était quand même dans un western !
La dureté du scénario est contrebalancée par le dessin. Duhamel a un style semi réaliste, apparemment destinée à des histoires plus légères . Pourtant, ce contraste permet d'alléger et de nuancer la noirceur et la violence. L'humour vient d'ailleurs, par petites touches, alléger l'ensemble de façon salutaire. le graphisme est vraiment incroyable. Certaines planches, notamment dans ses paysages désolées de la vallée de la mort sont absolument magnifiques.
Si vous aimez les récits initiatiques tendres et cruels, si vous aimez les paysages de l'Ouest américain, si vous aimez les westerns et la réflexion sur leur mythologie, alors, ce one shot de Bruno Duhamel est pour vous !
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