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Critique de ComptoirDesConnaissances


La Fleur du passé est un très court roman, presque une nouvelle, auto-édité par Pauline Dujardin. Ayant eu un certain nombre de mauvaises lectures avec l'auto-édition, j'avais peur de réitérer cette expérience. Avant de lire ce court roman, j'avais donc beaucoup d'a priori mais j'étais finalement bien loin du compte, je me trompais lourdement. En revanche, je n'avais pas non plus l'habitude de lire des romans de moins de 200 pages et je craignais d'être frustrée par le peu de développement (notamment des personnages) que cela implique.

L'intrigue se découpe très clairement en deux parties : la première où nous, lecteurs, découvrons le monde futuriste que Pauline Dujardin nous propose et la seconde où nous découvrons le terrible secret que détient Markus Clervoy. Personnellement, j'ai préféré la première partie où je m'émerveillais de pages en pages en remarquant chaque détail laissé par l'autrice. Dans un roman aussi court, les actions doivent être rapides et s'enchaîner promptement. C'est le cas notamment de l'élément déclencheur qui survient très vite. de façon générale, dans tout le roman, il n'y a aucun moment de pause, toujours une péripétie qui relance l'action.

J'ai également aimé le fait que l'intrigue ne soit pas simpliste. le roman retrace globalement le récit de la vie de Markus et alors qu'il pourrait être simplement linéaire, Markus peine plusieurs fois et de différentes façons à raconter ce qu'il a vécu et ces difficultés donnent une belle originalité à l'ouvrage. Même si les éléments scientifiques nécessaires à un voyage sur Mars sont très peu développés, ils n'en restent pas moins présents. Pour une autrice qui se dit sans esprit scientifique, je trouve que les recherches effectuées pour écrire certaines péripéties demeurent malgré tout très plaisantes.

Le récit se déroule en France, principalement à Paris mais aussi dans le sud de la France. Mais cette France est bien différente de celle que nous connaissons aujourd'hui : le Paris du livre est désert et n'a plus une bonne réputation dans le monde. Contrairement à celui que nous connaissons, il ne fait plus bon vivre et est presque abandonné. Je trouve cette évolution très intéressante. Souvent, dans les ouvrages de science-fiction, les villes s'enrichissent de plus en plus grâce au développement technologique, entre autres parce que la ville est une mégalopole, mais ne tombent pas dans la déchéance comme c'est le cas ici.

L'époque qu'a choisi l'autrice est variable, entre 2037 lors des premiers pas de l'Homme sur Mars, jusqu'aux années 2150, en passant par 2064 qui est l'année de l'intrigue principale. Ce jeu temporel est très bien pensé, ainsi que chaque péripéties qui ont eu des conséquences les unes sur les autres. L'intrigue se déroulant donc dans le futur, la technologie doit par conséquent évoluer. Mais au lieu de se concentrer sur les avancées techniques, l'autrice a fait le choix d'avoir un regard rétrospectif sur notre temps. Beaucoup d'objets que nous connaissons de notre temps sont appelés des antiquités dans le roman. Personnellement j'ai beaucoup aimé ce regard qui change de ce que j'ai déjà pu lire.

Dans ce court roman, nous avons uniquement deux personnages qui ne sont pas des figurants et qui servent vraiment le récit : Markus Clervoy et Éléa Parvon. Les deux ont un point commun qui fait que leur relation amicale a vraiment du sens : ils sont tous les deux plongés dans le passé, le premier à cause de son secret et la seconde tient une boutique d'antiquités. Leur relation est tout ce qu'il y a de plus sain et ils ont beaucoup de complicité l'un envers l'autre. Cela fait vraiment beaucoup de bien de lire des liens aussi purs et évidents. le fait qu'il n'y ait pas d'antagoniste dans le récit n'est pas dérangeant étant donné que l'intrigue se passe entre Markus et Éléa ainsi que le secret de ce dernier.

Étant un récit très court, certains codes diffèrent de ceux des romans comme la place des personnages. Les auteurs de nouvelles n'ont pas le temps de développer les personnages en profondeur, ils doivent aller à l'essentiel à l'instar des péripéties et des descriptions. Ainsi, malgré la pureté des deux personnages, ceux-ci sont assez peu développés. Il manque beaucoup de détails pour comprendre pourquoi ils sont si différents des autres, même si ces manques ne sont pas au centre de l'intrigue.

Il est mentionné en préambule du récit que l'autrice s'est inspirée de poésie qui est un genre qu'elle affectionne particulièrement. Ces inspirations se retrouvent dans son style d'écriture qui est assez surprenant pour de la science-fiction car elle est très lyrique et tout en métaphore. Elle m'a totalement immergée dans le récit. Cette habitude de l'autrice à côtoyer de la poésie donne une réelle identité au livre. L'histoire est sublimée par l'écriture avec toujours de très bon choix de mots, de rythme et de métaphore. C'est d'autant plus impressionnant que Pauline Dujardin n'a même pas vingt ans. Ce n'est pas un roman pour les férus de SF qui trouveront que ce récit est trop poétique pour la dureté que notre futur nous réserve, mais c'est la première fois que je lis une telle science-fiction et ça m'a fait l'effet d'une bouffée d'air frais.

Pour s'immerger davantage dans l'univers du roman, nous avons également plusieurs illustrations qui nous sont fournies à la fin de certains chapitres. J'ai particulièrement aimé celle qui montre l'intérieur du magasin d'antiquités d'Éléa avec toutes les références à ce que nous connaissons aujourd'hui. Les notes de bas de page nous fournissent également des précisions sur la façon dont le monde a évolué, avec la nouvelle monnaie notamment. Tous ces éléments montrent que le récit a été pensé du début à la fin.

Points positifs :
– l'écriture très bien travaillée
– l'univers futuriste
– l'intrigue originale

Points négatifs :
– le secret martien

Lien : https://comptoir-des-connais..
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