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Critique de coincescheznous


Faisant suite à la critique du premier tome du roman-feuilleton d'Alexandre Dumas à retrouver ici, ce second billet traite de la suite et fin de cet incontournable des lettres françaises.
Après l'intrigue politique, après l'aventure et l'exotisme du premier tome, le Comte arrive à Paris pour organiser sa vengeance et c'est à un roman de moeurs que nous convie Dumas. Il nous plonge dans la vie parisienne des aristocrates sous la Restauration. Les salons, les réceptions, les mariages, les dotes, l'opéra, les duels d'honneur… C'est toute la vie mondaine de l'époque que l'auteur nous donne à voir. À l'inverse du premier tome qui nous faisait voyager, l'action reste ici, à l'exception de l'épilogue, parisienne. Mais cela ne signifie pas que le récit soit statique, bien au contraire. Dumas nous entraîne avec lui pour fouiller dans le passé trouble des ennemis de Monte Cristo. Ils ont acquis des positions de pouvoir et sont au firmament de leur gloire. Danglars, banquier, représente l'argent. Morcef, général et membre de la Chambre des pairs, représente le politique et l'armée. Villefort, procureur du roi, représente la justice.
La vengeance est un plat qui se mange froid. Monte Cristo a pour dessein de révéler leurs vilenies passées et d'organiser méthodiquement leur ruine. Il se décrit à de nombreuses reprises comme le bras de la Providence. À travers lui, c'est la justice divine qui vient châtier les coupables et défendre les justes jusqu'à les sauver de la mort. Monte Cristo apparaît ainsi dans cette seconde partie comme une sorte d'ange du Jugement Dernier descendu sur terre. La fascination qu'il exerce sur la haute société, son aura mystérieuse et quasi magique augmentent encore cette impression.
Ce qui frappe surtout, c'est l'aspect terrible et sans pitié de la vengeance. Il n'y a (presque) pas de pardon, pas de rédemption possible pour les ennemis du Comte et peu importe au fond pour Monte Cristo que sa vengeance fasse des victimes collatérales, qu'à travers elle des innocents soient à leur tour plongés dans la tourmente, puisque c'est la volonté divine. Les pécheurs doivent expier leurs crimes quel qu'en soit le coût. le Dieu de Dumas est un Dieu vengeur, pas un Dieu miséricordieux.
Il y a ainsi une forme de cruauté déstabilisante pour le lecteur dans cette lente et inexorable mise à mort et dans les dégâts qu'elle cause. La violence de la vengeance est d'autant plus frappante que Dumas ne fait pas de tous les ennemis de Monte Cristo des monstres. Villefort notamment, être tourmenté et habité par une forme de droiture, se retrouve ainsi terriblement supplicié et l'on ne peut qu'avoir de la compassion pour l'homme face à son châtiment. C'est ici, je crois, la grande force de Dumas que d'avoir su créer quelques figures passionnantes et charismatiques qui, même si elles restent en surface assez manichéennes, montrent une complexité et une ambiguïté passionnantes. Ainsi, alors que Monte Cristo concrétise ses plans, nous souffrons avec ses ennemis et frémissons pour eux. Je ne peux citer la famille de Villefort, sans parler du père - Noirtier de Villefort - devenu paralytique et pourtant si puissant et charismatique. À travers lui, on voit encore tout le génie de Dumas à créer des personnages iconiques qui remuent le lecteur.
À l'image du premier tome, les intrigues sont multiples et malgré le volume de l'ouvrage, le lecteur est perpétuellement tenu en haleine car les plans du Comte ne se dévoilent que petit à petit et la mécanique s'organise avec une implacable précision.
J'ai fini les dernières pages de ce génial pavé dans le métro et, en levant la tête alors que j'arrivais à ma station, j'ai constaté qu'en face de moi une jeune femme le commençait. Je l'ai enviée, moi qui le refermais avec tristesse et nostalgie.

Tom la Patate

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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