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Critique de Lamifranz


Maintes fois publié sous ce titre, ce roman est en fait une partie d'un vaste ensemble composé par Dumas, dans lequel il retrace l'histoire de la Maison de Savoie, dans laquelle il retrace les grands moments de cette dynastie depuis Emmanuel-Philibert (le héros de ce roman) jusqu'à Charles-Albert, soit grosso modo de 1550 à 1850, trois siècles d'intrigues, d'amour et d'Histoire. Si les autres parties de cette épopée nous sont connues par bribes et par petits romans (sans grand intérêt avouons-le) « le Page du Duc de Savoie », lui, est un excellent roman, qui ne dépare pas auprès des autres grands romans de la Renaissance, comme « Ascanio », par exemple, et bien entendu la « Trilogie des Valois ».
Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, est le principal chef militaire de Charles-Quint en Artois. Il est toujours accompagné de son écuyer, un géant nommé Scianca-Ferro (qui n'est pas sans évoquer Porthos, et plus encore Scalabrino, l'un des héros du « Pont des soupirs », que Zévaco mettra en scène un demi-siècle plus tard). Toujours à ses côtés son page Leone, un enfant frêle et doux. On s'apercevra assez vite que Leone est une femme, Leona, très attachée à son maître, et celui-ci le lui rendra bien, dès qu'il aura découvert sa véritable identité. Comme d'habitude chez Alexandre Dumas, la petite histoire croise la grande à chaque coin de rue : le duc de Savoie traîne une vieille querelle avec un vilain de chez vilain, le comte de Waldeck, Leone-Leona a également derrière elle un passé douloureux, une bande de sympathiques malandrins entoure nos héros, tour à tour héroïques et pathétiques, et d'un autre côté on assiste aux fastes de la cour de Charles-Quint et de celle d'Henri II, on est témoin de la mort des deux souverains, on croise tous les grands personnages de cette époque (que l'on retrouvera dans d'autres romans)…
On le sait, Alexandre Dumas n'a pas son pareil pour donner vie à ces personnages historiques. Il les fait descendre des tableaux où l'Histoire les a figés, et en les faisant vivre comme nous, il les rend plus proches de nous, il les rend humains. Qu'importe si la vérité historique n'est pas unanimement respectée ! John Ford, le célèbre cinéaste (qui ressemble fort à Alexandre Dumas par son sens de l'épique et son humanisme souriant) disait : « Entre l'histoire et la légende, je choisis toujours la légende ». Dumas lui, semble dire : quand la légende est autant sinon plus crédible que l'Histoire, je choisis la légende. Et nous, nous disons avec lui : Tant mieux !
« le Page du Duc de Savoie » est donc un bon roman dans la tradition de ce que nous a déjà montré (et avec quel bonheur) notre cher Alex (qui n'est pas dur). Les amateurs et amatrices de notre auteur remarqueront peut-être que notre commando des neuf mercenaires (deux de plus que « The Magnificent Seven »), composé de Yvonnet, Procope, Lactance, Malemort, Maldent, Pilletrousse, Fracasso et les deux Scharfenstein, avait déjà un beau rôle à jouer dans « Les Deux Diane » (1846-1847), un autre roman de Dumas situé à la même période et dont le héros est Gabriel de Montgoméry (l'adversaire malheureux d'Henri II dans son fatal tournoi). Un autre beau roman, dont la paternité à Dumas est contestée, mais qui reste également très agréable à lire.
Alexandre Dumas : un auteur à lire sans modération (je ne vous apprends rien).
« le page du Duc de Savoie » : un roman à redécouvrir, avec délectation.

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