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Critique de Sallyrose



Ecrit à la première personne, ce roman raconte l'enfance d'une petite fille roumaine dans les années 60-70. On peut avec certitude affirmer qu'il s'agit d'une autobiographie.
Le ton est léger, très poétique.
De courts paragraphes, comme l'expression d'une pensée qui passe. le lecteur est bercé par ces anecdotes si tendres mais aussi cruelles comme le sont les enfants.
Mais sous cet aspect parfois presque badin, la narratrice nous fait la confidence de ses plus beaux souvenirs d'enfance. On ressent sa nostalgie sur une période qui n'est plus, tant celui de la petite fille qui enterre les abeilles, tant celui de la Roumanie d'avant 1989.
Dans ce pays, comme dans tous ceux bloqués derrière le mur de Berlin, on manque de tout : café, sucre, huile, pain. Mais aussi, on éduque les enfants, on leur apprend la musique, les langues étrangères.
C'est ainsi que la narratrice tombe en amour avec la langue française qu'elle découvrira plus tard sous un autre aspect quand elle s'installera au Québec.
Un rêve de toujours, visiter voire même vivre dans le pays de Molière. L'évocation des lieux inconnus résonne comme une espérance, une prière.
Mais voilà, la vie est parfois ironique. La narratrice fuira la dictature roumaine des années 80, les écoutes téléphoniques, les micros dans les salles de classe, pour rejoindre son chevalier qui est au Québec. le premier conseil qui lui est donné : « surtout, ne parle pas à la française ! »
Incompréhension.
La narratrice évoque une forme d'amputation linguistique. Elle oublie petit à petit le roumain, développe son français qui ne sera jamais québécois et ressent aussi la frustration de ne pas avoir transmis le roumain à ses enfants.
Tout comme l'épopée pour obtenir le passeport (on met ses plus beaux habits en pensant qu'il faut avoir l'air occidental pour l'obtenir), la narratrice raconte comment elle a choisi de se travestir intellectuellement pour intégrer son nouveau pays.
J'ai eu le sentiment qu'elle avait fait le deuil d'une partie d'elle-même. Ce roman ressemble à une réconciliation entre l'enfant et l'adulte qui accepte enfin que l'on puisse vivre plusieurs vies sans que l'une chasse l'autre.
J'ai eu l'immense plaisir de rencontrer l'auteur qui m'a fait l'honneur de me dédicacer son roman. Une femme simple et généreuse, toute en sourire, avec qui on aimerait bien aller brûler un cierge à l'autel des abeilles.
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