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EAN : 9782897410995
184 pages
Triptyque Editions (07/11/2016)
3.56/5   8 notes
Résumé :
Dans son village de la République socialiste de Roumanie, une petite fille recueille soigneusement les cadavres d'insectes. Les ruches qui cernent la maison rebutent les agents de la police secrète, qui espacent leurs visites. Ici, la France est le haut lieu de la culture, le grand rêve. La petite fille apprend l'écriture, le piano, mais aussi comment départager les étrangers des compatriotes à la plage, économiser le sucre et le café. Jeune adulte, elle émigre avec... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ai osé « pousser la porte » pour entrer dans ce « récit » dont je trouve le style très poétique et qui comporte trois illustrations d'Edwin Stanculescu (à admirer pages 105, 125, 181).
Quel émerveillement doux-amer ! le goût du miel.
Cette phrase de début est très intrigante « Aller à Paris, réparer l'erreur d'origine ». Les origines sont roumaines et je m'y suis retrouvée.
Les affres linguistiques de l'exil.
Certaines phrases sont répétées, comme une lancinante prière censée faire revivre le passé enfoui dans la langue maternelle devenue simple « langue de la mère ». Fils rouges.
Des souvenirs d'enfance évoqués avec une tendre nostalgie. Entre autres cette « professeure de cours de français privés » (cf. p. 42) qui a fait les frais de l'hostilité que manifestait le communisme envers « l'étranger » : « Assignés à résidence au village, elle et son turban suintent la subversion. » ou les « géraniums écarlates » (p. 51). Plus tard, l'eau-de-vie de prune de l'oncle Sacha (p. 57) et son « alambic illégal ».
Le ton ne manque pas d'humour.
Remarquable portrait au vitriol de Eugène Ionesco, p. 113. Émouvante évocation du terrible tremblement de terre du 4 mars 1977 (p. 130-134). Univers kafkaïen de l'administration roumaine sous le communisme avec « [c]es paquets de café devenus une monnaie d'échange, des lingots plutôt » (p. 162).
J'ai lu beaucoup de livres écrits pas des exilés roumains qui abordent la vie sous le communisme et ses pénuries, ses entraves à la liberté, mais celui-ci m'a marqué davantage par son aspect résolument universel, par sa douce poésie.
Bref, un livre que j'ai adoré, comme cette citation qui le résume si bien :
« Pour ne pas tomber, j'ai caché dans mes souliers les poids de l'enfance : à gauche, des cailloux de la rivière miraculeuse aux poissons glissants et chatoyants. À droite, la lourde odeur de l'étable et du lait fumant. le son des cloches et des sabots des vaches qui rentrent seules du pâturage. » (p. 183)
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Ecrit à la première personne, ce roman raconte l'enfance d'une petite fille roumaine dans les années 60-70. On peut avec certitude affirmer qu'il s'agit d'une autobiographie.
Le ton est léger, très poétique.
De courts paragraphes, comme l'expression d'une pensée qui passe. le lecteur est bercé par ces anecdotes si tendres mais aussi cruelles comme le sont les enfants.
Mais sous cet aspect parfois presque badin, la narratrice nous fait la confidence de ses plus beaux souvenirs d'enfance. On ressent sa nostalgie sur une période qui n'est plus, tant celui de la petite fille qui enterre les abeilles, tant celui de la Roumanie d'avant 1989.
Dans ce pays, comme dans tous ceux bloqués derrière le mur de Berlin, on manque de tout : café, sucre, huile, pain. Mais aussi, on éduque les enfants, on leur apprend la musique, les langues étrangères.
C'est ainsi que la narratrice tombe en amour avec la langue française qu'elle découvrira plus tard sous un autre aspect quand elle s'installera au Québec.
Un rêve de toujours, visiter voire même vivre dans le pays de Molière. L'évocation des lieux inconnus résonne comme une espérance, une prière.
Mais voilà, la vie est parfois ironique. La narratrice fuira la dictature roumaine des années 80, les écoutes téléphoniques, les micros dans les salles de classe, pour rejoindre son chevalier qui est au Québec. le premier conseil qui lui est donné : « surtout, ne parle pas à la française ! »
Incompréhension.
La narratrice évoque une forme d'amputation linguistique. Elle oublie petit à petit le roumain, développe son français qui ne sera jamais québécois et ressent aussi la frustration de ne pas avoir transmis le roumain à ses enfants.
Tout comme l'épopée pour obtenir le passeport (on met ses plus beaux habits en pensant qu'il faut avoir l'air occidental pour l'obtenir), la narratrice raconte comment elle a choisi de se travestir intellectuellement pour intégrer son nouveau pays.
J'ai eu le sentiment qu'elle avait fait le deuil d'une partie d'elle-même. Ce roman ressemble à une réconciliation entre l'enfant et l'adulte qui accepte enfin que l'on puisse vivre plusieurs vies sans que l'une chasse l'autre.
J'ai eu l'immense plaisir de rencontrer l'auteur qui m'a fait l'honneur de me dédicacer son roman. Une femme simple et généreuse, toute en sourire, avec qui on aimerait bien aller brûler un cierge à l'autel des abeilles.
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Il ne faut pas s'attendre à lire un roman, une histoire. Non, ce livre est une succession de souvenirs, de réflexions, de remarques plus ou moins décousues, décalées, qui laissent plus deviner que raconter. Il y a un enfant et un homme, le père, qu'on rejoint au Québec, (alors que l'on rêve de Paris) dans ce nouveau pays qui est pour l'auteure la "France-en-Amérique" si différent de ce qu'elle avait imaginé et où on lui dit de ne pas parler le français de France. Mais on ne sait pas qui sont ce père et cet enfant ni quelle est leur histoire. Ce n'est pas le propos. Il y a aussi le frère déjà installé et les parents qu'on laisse au pays. Ce pays où il est difficile de vivre et pourtant où on y a vécu et laissé tant de souvenirs.
Une belle écriture et quelques perles de souvenirs d'enfance font qu'on ne lâche pas le livre avant la fin. Mais une chance qu'il soit si court car si il est endurable de se laisser cahoter par les phrases courtes, le rythme haché et le récit décousu jamais complété pendant 175 pages (écrites en très gros caractères (!)), pas sûr que je l'aurais supporté plus longuement.
Somme toute une bonne impression mais pas un vrai coup de coeur.
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Pure et dure poésie : la vie

Cette parcelle de vie est haute en émotions fugaces. Une petite fille en Roumanie devenue femme au Canada.

Ce roman est doux, drôle. L'enfance ignore la cruauté des hommes, les barrières entre les maisons, les différents cultes. Un Dieu commun, un lieu commun, celui de la joie de vivre. La nostalgie de ce temps révolu où l'on était simplement enfant, avec des maux et des mots d'enfant, ce regard dénué de toute contrefaçon.

L'écriture est magnifique, avec à chaque page un petit clin d'oeil sur des évènements qui ont fait couler plus de larmes que d'encre.

Chère Alina, votre roman est à votre image, doux, joyeux, empli de compassion et d'humanité.

Enfin, votre plume laisse échapper des rires, des regrets. Quoi qu'en disent les Quebecois, surtout ne changez rien. Votre français se conjugue au plus que parfait.
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Une roumaine, femme, immigrée au Québec dans la ville de Montréal, immigrée de toutes ses origines et obligée par le conditionnement d'essayer d'oublier la langue des origines. Privée de la langue avec de nouveaux amis, privée de la langue parce qu'elle doit aider ses enfants à intégrer la nouvelle société. Frappée par le souvenir des origines et les précarités de l'exil, elle s'exprime dans un français au départ approximatif, teinté de roumain. Plus tard, cette langue française devient obsessionnelle, comme un nouvel amour. Elle s'exprime en français, écrit en français. Elle est amoureuse du français.
La narratrice qui évolue dans un univers imaginaire fait d'abeilles, dans une nouvelle ville, une nouvelle langue exprime son regret de ne plus pouvoir parler sa langue d'origine et d'être incapable de jouer le rôle de la mère qui est, traditionnellement, celui de la transmission de la langue. Il faut non pas transmettre une langue ici, mais il faut l'apprendre en même temps que sa progéniture. Cette narratrice fait penser à Alina Dumitrescu qui a grandi au sein d'une culture où la langue et le livre avaient une certaine importance. Il s'agit, dans les cimetières de son enfance, de la petite fille, qui recueille des cadavres d'insectes.
Lien : https://lesanctuairedepenelo..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je le [monsieur de La Fontaine] salue bien bas, il reste de bronze, avec son renard, son livre sous le bras et le corbeau au fromage. Nous sommes square du Ranelagh, dans le seizième arrondissement.

Coup d’œil à la Sorbonne, là où je n’ai pas étudié. La façade est en rénovation. Dans la rue, librement, des étudiants parlent roumain aussi. C’est le temps d’Erasmus.
Je suis arrivée trop tard.
(p. 11)
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Les mărțișoare – ou « petits mars » –, ce sont de petits bijoux en plastique ou en métal, accrochés à un fil blanc et rouge.
On s’en fait cadeau le 1er mars de chaque année, pour fêter l’arrivée du printemps. Les femmes, les hommes et les enfants les portent épinglés au revers de leur manteau pendant tout le mois de mars.
(p. 121)
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Pour marcher vers l’avenir glorieux et confondre nos ennemis en titre, les capitalistes, et nos demi-ennemis, les autres pays socialistes, il nous faut créer l’homme nouveau. Pour ce faire, nous nous devons d’être parfaits, malléables et transparents. Pendant les assemblées du détachement de pionniers, de l’union des jeunesses communistes, du Parti, il faut être aux aguets. Pas besoin de spécifier le nom du parti : il n’y a qu’un parti politique légal, le Parti communiste.
(p. 90)
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Radio Europa Liberă émet son communiqué : les Russes sont entrés dans Prague. Les pyjamas discutent des conséquences possibles de cette nouvelle extraordinaire. Nous serons les suivants ! Rester sur place ou rentrer tout de suite à la maison ? Acheter des biscuits et des conserves ! Se barricader… (p. 80)
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