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Critique de Oli2020


Un avis en demi-teinte en terminant la lecture de ce livre...

Un 3/5, ça peut vouloir dire "livre sans grande ambition mais qui remplit bien son contrat" ou "livre prometteur mais un peu décevant". Ici, vous l'aurez deviné, on est dans ce deuxième cas pour moi. J'ai la sensation d'une belle pièce montée, alléchante et sophistiquée, mais dont la pâte ne serait pas tout à fait assez cuite, la crème un peu trop grasse, les fleurs en sucre trop collantes. Une très bonne idée sur le principe, mais un manque de finesse dans l'exécution.

C'était pourtant bien parti. Je suis vraiment bien rentrée dans la première partie, j'ai accroché à la plume de l'auteure, que j'ai trouvée délicate et imagée. J'ai beaucoup aimé les thèmes abordés, le handicap, la détresse de la famille, le parcours du combattant administratif pour trouver une place à cet individu "hors cases" (parcours que j'ai moi-même expérimenté, et qu'est-ce que ça fait du bien de le retrouver dans la littérature !), la richesse de la différence, le lien, l'amour sans concessions, la nature cévenole, les riches images sensorielles...

Je n'étais juste pas convaincue par l'aspect "narration par les pierres". L'idée était séduisante, mais c'était trop naïf en pratique, cela manquait de profondeur et de vérité. Et de cohérence aussi, la plupart du récit ne donne pas du tout l'impression d'être raconté par les pierres. On nous le rappelle juste de temps à autres, en 2-3 phrases, donnant la sensation d'une idée originale qu'on a essayé de faire rentrer dans le récit au chausse-pied plutôt que d'un choix narratif réellement porteur de sens et de profondeur. Soit, comme ce n'était pas trop présent, c'était pardonnable.

La première vraie fracture avec ce récit est venue lors du passage à la seconde partie, l'histoire de la cadette. Elle m'a mise profondément mal à l'aise. Là où la première partie est douceur et tendresse, celle-ci bascule dans le dégout de cet enfant-pantin désarticulé. le choc est brutale, et a réellement créé un malaise en moi. Pas grave, intéressant même, une lecture qui bouscule est une lecture qui crée quelque chose.
Oui, mais en me bousculant, il aurait fallu faire preuve d'une grande maîtrise pour me garder sur le fil, pour ne pas me faire perdre l'équilibre et basculer pour de bon. Ce malaise ayant introduit une nouvelle distance entre moi et le récit, je l'ai poursuivi avec plus de recul, et j'ai commencé à y percevoir plein de petites imperfections.
Des incohérences dans la chronologie des faits entre le récit de l'aîné et de la cadette (pour ne pas dire des vraies différences dans le déroulé des événements ; mais ça, je peux imaginer que ce soit voulu, pour montrer comme deux personnes ne vivent pas du tout un même événement de la même manière ; par contre les vraies erreurs de chronologie sont pour moi plus dérangeantes).
Une impression de personnages trop stéréotypés, trop caricaturaux, trop "simples", qui ne m'avait pas choquée dans la première partie mais m'apparaissait beaucoup plus fort par contraste dans les suivantes. Ce n'est pas tant que ces personnages n'avaient pas l'air vraisemblables, c'est plutôt qu'ils n'étaient pas racontés d'une manière qui sonnait vrai. Je ne sentais pas ces enfants de l'intérieur. Je ne les ressentais pas enfants, mais sans âge. Peut-être que c'est là que cette narration particulière, "par les pierres" (même si en pratique c'est peu le cas), mais surtout avec cette distance omniprésente (illustrée notamment par l'absence totale de prénoms dans ce livre), a commencé à me perdre, j'aurais aimé beaucoup plus de finesse et de subtilités dans la description, le vécu et les ressentis de ces personnages.

La troisième partie... Ne m'a pas éveillé beaucoup d'émotions, si ce n'est une vague déception. Parce que j'aurais pu beaucoup l'aimer ce dernier, j'aurais pu vraiment apprécier cette description de cet enfant surdoué/HP/zèbre/hypersensible (quel que soit le nom qu'on veut leur donner) qui n'est pas explicitement désigné comme tel mais qui illustre vraiment bien les descriptions de ce type de personnalité telles que j'ai pu les lire chez des auteurs spécialisés dans ce sujet. Mais là encore, trop de caricature, un enfant trop parfait, trop lisse, décrit avec trop de distance.
J'avais définitivement lâché cette histoire, émotionnellement parlant.

Pour autant, ce n'est pas mal écrit du tout, c'est même plutôt très joliment écrit. L'idée est vraiment bonne je trouve, de raconter cet impact du handicap sur différentes enfances, différentes façons de faire face à une même épreuve, de "s'adapter".
Mais voilà, autant il y a des auteurs qui éveillent en nous un immense waouh, sans qu'on sache expliquer finalement très bien pourquoi, ce ne sont finalement que les mêmes lettres, la même langue, la même encre sur du papier que pour les autres, et pourtant avec eux c'est beaucoup, infiniment plus...
Ben ici, il ne s'est juste pas passé ça. Dommage, mais ça arrive aussi !
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