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4,13

sur 3977 notes
Bigre 4,31 sur 59 notes sur Babelio , il y a de quoi s'interroger . Ah ...Retenu , entre autres , parmi les finalistes du prix Landerneau ...plus aucune hésitation, il faut le lire celui ci .
Alors , les amis et amies , tenez - vous bien , le narrateur , ce sont des pierres , si , si , des pierres . Oui , ben comme moi , vous vous interrogez . Des pierres ? Oui , oui , des pierres . Oui , mais les pierres , ça parle pas ? Non mais , ça en voit passer du monde ....et , ça papote ...
Bon , je continue ...les pierres , elles vont nous parler de gens qui n'ont ni nom , ni prénom. Ah , ouais , ça se corse , notre affaire , vous pensez toujours que .....Je serais un ami de l'auteur , des fois , on ne se méfie jamais assez ? Non , moi , je pense que Clara est un beau prénom mais , Clara , elle n'a pas besoin de moi car , vraiment , elle écrit admirablement bien . C'est , comment dire ? poétique , aérien , subtil . Une écriture qui favorise les émotions, qui fait vibrer les sens ...Une très belle écriture , je me répète.....Oui , vous verrez bien quand vous aurez mon âge...
De quoi ça parle ? Eh , doucement , j'y viens . Une famille , normale , " banalement " heureuse " , un papa , une maman , un aîné, une cadette et , parachuté là , un petit dernier ....handicapé...condamné à court terme...Une révolution, un tsunami pour tous et toutes .....Papa ? Maman ? L'aîné ? La cadette? ouaahh , terrible ... Et puis ...un peu après, le " petit " dernier ....l'autre ...parfaitement " normal " lui , mais , tout de même , successeur de celui qu'il n'a jamais connu et ...ça craint , ça émeut, ça bouleverse ......
Un roman éblouissant , éclaboussant d'espoir et d'amour , un roman franchement touchant , d'une portée universelle , une porte ouverte sur la beauté de la vie .....Et les pierres pour témoins et ...narratrices .Les pierres ....Sûr, demain , si je trébuche , je demande " pardon " ( enfin , si je me suis fait mal , pas sûr, faut pas exagérer non plus ...)
C'est plus que beau et j'ai senti en moi vibrer de superbes émotions. Après, ce n'est que mon modeste avis . Je sais , je le dis à chaque fois et , le pire , c'est que je suis ...sincère. Vous me direz ..... Pour moi , c'est une rencontre ...que je n'attendais pas . Je ne peux que vous inviter à la partager .Ce roman , ça peut être toi , lui , nous , vous , eux , moi ...et c'est très beau , un rendez-vous , un appel à la réflexion....
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Rentrée littéraire 2021 #39

« S'ils se taisent, les pierres crieront. » Evangile selon Luc, 19 :40, nous dit l'exergue. Comme dans les contes, les murs peuvent parler, ils ont une bouche à travers la voix poétique des pierres d'une ancestrale maison cévenole. Ce sont elles qui racontent l'histoire de cette famille où nait un enfant lourdement handicapé, sans geste, sans regard, sans parole, voué à une courte vie. Elles racontent d'en bas la fratrie, comme un personnage principal, enveloppant immédiatement le lecteur.

Trois parties composent ce roman d'une délicatesse folle. D'abord l'ainé qui s'arroge le rôle de protecteur, épris d'un amour fou et fusionnel pour son petit frère ; puis la cadette, pleine de colère et de rage à voir l'équilibre familial brisé par l'arrivée de cet enfant inadapté. le premier chapitre consacré à l'Ainé est inouï de délicatesse, accompagné par la superbe écriture de Clara Dupont-Monod, instinctive, presque animale à capter les mille reliefs d'un récit cristallin.

« L'aîné lui fredonnait des petites chansons. Car il comprit vite que l'ouïe, le seul sens qui fonctionnait, était un outil prodigieux. L'enfant ne pouvait ni voir ni saisir ni parler, mais il pouvait entendre. Par conséquent, l'aîné modula sa voix. Il lui chuchotait les nuances de vert que le paysage déployait sous ses yeux, le vert amande, le vif, le bronze, le tendre, le scintillant, le strié de jaune, le mat. Il froissait des branches de verveine séchée contre son oreille. C'était un bruit cisaillant qu'il contrebalançait par le clapotis d'une bassine d'eau. Parfois il nous déchaussait du mur de la cour pour nous lâcher de quelques centimètres afin que l'enfant perçoive l'impact sourd d'une pierre sur le sol. (…) Il n'avait jamais autant parlé à quelqu'un. le monde était devenu une bulle sonore, changeante, où il était possible de tout traduire par le bruit et la voix. Un visage, une émotion, un passé avaient leur correspondance audible. Ainsi l'aîné racontait ce pays où les arbres poussent sur la pierre, peuplé de sangliers et de rapaces, ce pays qui se cabre et reprend ses droits chaque fois qu'un muret, un potager, un traversier étaient construits, imposant sa pente naturelle, sa végétation, ses animaux, exigeant par-dessus tout une humilité de l'homme. « C'est ton pays, disait-il, il faut que tu l'écoutes. » »

Tout est juste dans ce duo aîné / cadette pour dire l'ambivalence des attitudes face à un corps handicapé, comme le dégoût, la honte, la culpabilité qui envahissent la cadette. Clara Dupont-Monod le fait sans leçon de morale, ni bons sentiments gluants, juste au plus près des ressentis. Je tairai le personnage principal du dernier chapitre, tellement inattendu que la découverte de son identité provoque quelque chose de fort chez le lecteur. Ce n'est pas la partie qui m'a le plus fait vibrer mais elle est nécessaire pour propulser les deux premières vers la lumière.

La puissance émotionnelle que dégage ce roman m'a souvent submergée aux larmes. Pourtant, malgré la gravité et la tristesse du sujet, c'est bien cette lumière qui reste et fait entrevoir la souple capacité de l'être humain à s'adapter à un drame, ici grâce aux liens fraternels. Superbe et apaisant.
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Quelle douceur ! Quelle sensibilité ! Quel amour de la nature et des rapports humains !
Clara Dupont-Monod que j'écoute souvent sur France Inter, n'en est pas à son premier livre mais c'est la première fois que je la lis et elle m'a époustouflé.
Dès les premiers mots, j'ai été subjugué, envoûté par son écriture. Lorsque je veux noter une citation, je constate que c'est tout le livre qu'il faudrait citer, tellement c'est bien écrit, me plongeant au coeur de ces montagnes cévenoles que Clara Dupont-Monod semble vraiment bien connaître.
Avec ce Prix Femina 2021 amplement mérité, auquel s'ajoute le Prix Landerneau et maintenant le fameux Prix Goncourt des Lycéens, S'adapter est justement mis en valeur. J'ai pleinement savouré ma lecture au coeur de cette famille dont aucun prénom des personnes qui la composent n'est cité. L'autrice parle du père, de la mère, de l'aîné, de l'enfant, de la cadette, du dernier, de la grand-mère, des cousins, des nièces. Seul le compagnon portugais de la cadette a droit à son prénom : Sandro.
Ainsi, tour à tour, l'aîné, la cadette et le dernier sont au centre du récit et tout tourne autour de cet enfant handicapé, un beau bébé à la naissance mais qui, à trois mois, restait silencieux ou pleurait. Finalement, la mère ne peut que constater qu'il ne voit pas, avec ce test de l'orange déplacée devant son visage sans que ses yeux ne la suivent : « Cet être n'apprendrait rien et, de fait, c'est lui qui apprenait aux autres. »
Originalité du propos, ce sont les pierres de la cour ou des murs qui racontent ce qu'elles voient ou entendent. Peut-être est-ce que je m'y suis habitué mais c'est la première partie consacrée à l'aîné qui m'a le plus ému et captivé.
C'est l'aîné qui prend en charge l'enfant, s'en occupe d'une façon extraordinairement douce et attentionnée dès qu'il est à la maison. Il est le premier à constater que son petit frère entend, perçoit les odeurs et il fait tout pour élargir l'environnement de ce gosse incapable de se lever. Il lui arrive même, lorsqu'on lui demande quel métier il veut faire plus tard, de répondre : aîné ! C'est dans cette partie que Clara Dupont-Monod détaille le labyrinthe administratif dans lequel se débattent les parents pour tenter d'obtenir de l'aide. de sigles impossibles en formulaires incompréhensibles, tout est fait pour écoeurer ceux qui souffrent et luttent afin de conserver un peu de dignité à leur enfant handicapé.
La soeur cadette, elle, n'apprécie pas du tout de voir son aîné se consacrer entièrement à son petit frère. Heureusement, il y a la grand-mère et ses copines du village qui lui apportent joie et distraction. Quand, enfin, son petit frère est accepté dans une institution tenue par des bonnes soeurs, c'est le soulagement car elle considère comme une injustice cet enfant qui a tout changé à la maison. Après une période très difficile, elle s'adapte, tient le cap, anime les conversations, s'informe, règle les problèmes et, le jour de l'enterrement du petit, mort à l'âge de dix ans, elle craque, retrouvant son aîné.
Enfin, la surprise vient quelques années après lorsque les parents annoncent qu'un petit dernier va voir le jour. L'aîné est déjà parti travailler en ville et la cadette étudie à Lisbonne. La grande question que se pose toute la famille est : sera-t-il normal ? Dès que le dernier grandit, commence alors une nouvelle époque pour cette famille blessée mais très courageuse. le garçon prend soin de ses parents, regrette beaucoup de ne pas avoir connu l'enfant handicapé mais découvre la montage avec sa soeur lorsqu'elle revient pour les vacances alors qu'avec l'aîné la communication est plus difficile, jusqu'à ce que…
Au passage, Clara Dupont-Monod m'a fait découvrir les gloméris, ces myriapodes diplopodes, lointains cousins du mille pattes qui aiment se rouler en boule et vivre dans des endroits humides et sous l'écorce des arbres. Cette petite anecdote me permet de mettre en avant aussi le rapport à la nature de ce roman très familial, hymne à la dure vie cévenole, superbe réussite littéraire.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Il arrive que les pierres aient un coeur, des oreilles et des yeux ; il est miraculeux qu'elles écrivent … et c'est le cas ici avec « S'adapter », ouvrage aussi bouleversant que remarquable. Un chef d'oeuvre à mes yeux.

Ces pierres observent une famille cévenole, dont un enfant est « inadapté », et réduit à un état quasi végétatif, et elles ont la curiosité et le talent de nous décrire la vie de l'ainé et de la cadette. Puis du dernier.

L'ainé s'investit totalement au service de son frère et ce dévouement le sépare de ses camarades de classe, l'isole et finit par le dé-sociabiliser progressivement.

La cadette s'écarte, voire fuit son frère en se plongeant dans le monde extérieur et en se réfugiant auprès de sa grand-mère.

L'enfant meurt dans sa dixième année, loin de sa famille, dans un établissement tenu par des religieuses.

Le dernier voit ensuite le jour, qui n'a évidemment pas connu « l'enfant » mais dont l'existence est marquée par le souvenir du disparu qui a traumatisé les parents jusqu'au jour où … « un blessé, une frondeuse, un inadapté et un sorcier. Joli travail. »

Avec pudeur, sensibilité et talent, Clara Dupont-Monod livre un court texte de cent soixante dix pages dont chacune mériterait citation. Peinture de la nature, de sa faune et de sa flore ; description des acteurs et du contexte (les fonctionnaires, les travailleurs sociaux, les religieuses) ; évocations de l'ainé, de la cadette, du dernier et, dans l'ombre, des parents et des voisins … chaque phrase nous projette dans ce drame et cette famille.

Fort apprécié par la communauté Babelio, ce titre figure dans la deuxième sélection du Goncourt, et j'espère que le jury le distinguera.

J'écoute depuis des années les chroniques de Clara Dupont-Monod sur Radio France, mais c'est la première fois que je la lis. Assurément pas la dernière !

Merci Madame pour ce livre émouvant qui contribue à ouvrir les yeux sur la réelle richesse des « inadaptés » et nous aide ainsi à nous adapter !

PS : sur le même sujet "Choisie pour l'éternité"
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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S'adapter, on le fait tous, car la vie n'est pas qu'un champs de roses, il faut s'acclimater, se fondre dans la masse, apprivoiser la différence.

Cette histoire, servie par une plume sensible et intelligente relate le parcours d'une famille en proie aux difficultés liées à l'arrivée d'un enfant différent, inadapté. Pour l'un c'est un privilège sans précédent d'aimer ce frère aveugle et figé, il apprend en l'observant la beauté du monde, il écoute les bruits du dehors, hume les parfums que l'enfant mutique peut saisir. Il se sent en osmose avec ce frère différent.
Pour la cadette, c'est différent, elle éprouve rejet et dégoût pour ce frère. Elle doit apprendre à s'armer, à trouver un refuge loin de cette famille qui s'émiette, qui se retient de pleurer, de crier à l'injustice.

Sans apitoiement, on se laisse surprendre par la justesse du propos, on s'émeut de voir combien la différence peut tantôt nourrir tantôt décharner ou encore rendre de marbre par protection.

La beauté du texte est un vibrant hommage aux êtres de l'ombre, aux familles qui tentent de rester debout malgré les épreuves.

J'ai été émue, touchée en plein coeur, soulagée de lire que la différence n'est pas que rejet mais source d'inspiration et de grandiloquence.

#Sadapter #NetGalleyFrance


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N'étant pas fan de romans historiques, je n'avais encore jamais rien lu de Clara Dupont-Monod. Comme elle s'attaque ici à une oeuvre plus intime, relatant l'histoire d'une fratrie bouleversée par l'arrivée d'un enfant lourdement handicapé, j'ai profité de l'occasion pour combler cette lacune.

« S'adapter » nous emmène dans les Cévennes, en compagnie d'une famille dont le quotidien est mis à rude épreuve par l'arrivée d'un nouveau-né handicapé dont l'espérance de vie est de surcroît réduite à seulement quelques années. Paralysé, muet et aveugle, sa présence ne se limite cependant pas seulement à quelques bruits car il prend immédiatement beaucoup de place au sein de cette famille.

L'adaptation qui intéresse l'autrice n'est pas vraiment celle des parents, mais plutôt celle des autres enfants de la fratrie, constituant ainsi toute l'originalité du récit. Divisant son roman en trois parties distinctes, elle partage respectivement les points de vue de l'aîné, de la cadette et du petit dernier. L'aîné sacrifiera sa propre existence afin de protéger et d'accompagner au mieux ce petit frère qui demande beaucoup d'attention et de soins. La cadette, plus rebelle, oscillera entre dégoût, indifférence et haine vis-à-vis de cet être qui accapare l'attention de tous et lui vole son grand frère. le dernier, né après la disparition de cet enfant différent, tentera de se faire une place dans l'ombre de ce frère certes disparu mais toujours omniprésent, tout en se demandant s'il serait né si l'autre n'était pas mort…

Sans dévoiler les noms des protagonistes et en donnant étrangement la parole aux pierres de la demeure familiale, Clara Dupont-Monod parvient à livrer trois portraits bouleversants de justesse et criants de vérité, tout en abordant les difficultés auxquelles se heurtent les familles d'enfants handicapés. Afin d'éviter les répétitions, le roman aurait pour ma part pu se limiter au récit poétique et tout bonnement bouleversant de l'aîné, même si l'ensemble permet d'alterner les points de vue tout en débordant d'amour familial.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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« Un jour, dans une famille, est né un enfant inadapté. » Avec cette première phrase, le dernier roman de Clara Dupont-Monod, S'adapter, débute comme un conte. Puis il se poursuit comme un conte avec les pierres rousses de la cour de cette maison nichée dans les Cévennes. Ce sont elles qui vont témoigner, sans jugement, et faire le récit de la relation des trois autres enfants de la famille avec cet enfant différent, car, disent-elles « nous nous sommes attachées aux enfants ». Et la force viendra d'eux, d'une manière différente pour chacun.
Les premières pages sont particulièrement émouvantes, décrivant si justement le désarroi complet et la peur ressentis par les parents lorsqu'ils s'aperçoivent que leur bébé sera un nouveau-né pour toujours. Enfin pas tout à fait. Il pourrait pleurer ou exprimer son bien-être, mais pas plus.
Les enfants, l'aîné, 9 ans, et la cadette, 7 ans, comprennent que la belle innocence, c'est fini et « qu'ils seront seuls face aux débris de leur cocon ».
L'aîné de la fratrie, jusque-là plein d'assurance et veillant sur sa cadette, va alors se tourner vers l'enfant, s'abandonner et se perdre dans une relation totalement fusionnelle. Il fera l'objet de la première partie.
La cadette, quant à elle, en a voulu à l'enfant dès sa naissance et a compris qu'il aspirerait toutes les forces, celles de ses parents et de son frère aîné. La colère et le dégoût pour cet être qui a détruit l'équilibre de la famille vont alors s'implanter en elle.
Mais lorsqu'elle va voir le père devenir violent, la mère muette et l'aîné, déjà un fantôme, une force émerge d'elle. La deuxième partie lui est donc consacrée.
La dernière partie, elle, s'attache au dernier, ce garçon qui est né après le décès de l'enfant, à l'âge de 10 ans. Celui-ci, se sent parfois usurpateur, s'excusant silencieusement auprès de son frère d'avoir pris sa place, d'être né normal, de vivre alors qu'il est mort. Mais, bien qu'escorté de ce frère fantôme, c'est lui qui aura la charge de réparer et de réconcilier les histoires.
De multiples sentiments parcourent les personnages, et si les sentiments de révolte, de repli, de culpabilité, de renoncement se manifestent, la tendresse et l'amour illuminent cette histoire terriblement poignante.
Dans ce récit puissant, inspiré de sa propre histoire, Clara Dupont-Monod montre combien cette vie douce dans ce fabuleux cadre des Montagnes cévenoles où la nature est reine et où chaque membre de la fratrie trouvera un refuge, a été bouleversée et ébranlée quand le diagnostic est tombé. C'est avec beaucoup de sensibilité, d'émotion, de justesse et de pudeur qu'elle raconte comment ces enfants ont dû s'adapter devant ce petit être « inadapté », chacun ayant sa propre réaction face à cet enfant si fragile, se tournant vers un amour protecteur pour l'aîné, un refus et un déni pour la cadette et un besoin de réparer pour le dernier, chacun ayant trouvé la force et s'étant débrouillé comme il pouvait pour trouver sa place.
Le désarroi des parents lorsqu'ils sont confrontés avec le manque d'instituts, de maisons spécialisées, de transports équipés, leurs difficultés rencontrées auprès des services sociaux, montrent s'il en était besoin que peu de choses sont prévues pour les « différents ».
Cette épreuve très difficile, la naissance de ce petit être frêle, si fragile et inadapté qui a mis en péril la famille et aurait pu la faire exploser a au contraire révélé la force de chacun et les a finalement réunis.
S'adapter, témoignage très fort sur le rapport à la différence, un récit très intime, à la fois cruel et lumineux, empreint d'une extrême sensibilité a été couronné fort justement par le Prix Goncourt des lycéens, le Prix Femina et le Prix Landerneau des lecteurs 2021.
N'hésitez pas à vous plonger dans sa lecture, d'intenses moments de lecture vous attendent.

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S'adapter est un roman choral à trois voix, qui portent celle d'un frère, un enfant que le hasard a voulu différent, lourdement atteint dans son corps. On comprend le chemin de croix de la famille pour obtenir de l'aide, dans un monde obnubilé par une normalité qu'il définit arbitrairement. Mais là n'est pas le sujet du livre. C'est bien à la fratrie que l'on donne la parole.

L'ainé se met au diapason de ce frère « inadapté peut-être, mais qui d'autre avait le pouvoir d'enrichir autant? ». Il comprend mieux que quiconque les voies d'accès à cet enfant « qui ne pouvait ni saisir, ni parler, mais il pouvait entendre » . Il met tout en oeuvre alors pour pouvoir faire surgir sourire ou grognement de satisfaction, via cette sensibilité restreinte mais présente. Lorsque la famille obtient un placement dans une institution spécialisée, c'est un déchirement pour le jeune garçon, qui se voit dépossédé de ses aptitudes à procurer son frère la part de bonheur qu'il mérite.

Tout autre son de cloche pour la cadette, qui s'est réjouie un temps de l'arrivée du petit frère, jusqu'au moment où les doutes ont fait place aux certitudes. C'est sur le mode de la rébellion qu'elle hurle son désespoir, en ignorant l'enfant et en attirant l'attention sur elle-même.

Le dernier est né longtemps après la disparition de l'enfant. Et pourtant, ces années marquées par la présence lourde au quotidien ont laissé une empreinte indélébile sur la famille et ce qui n'est pas resté un secret reste un terrain à défricher pour comprendre.


Le récit est riche en émotions que l'autrice sait parfaitement transmettre grâce à une très belle écriture.
Loin d'être un pamphlet contre les insuffisances d'une société normative, c'est une déclaration d'amour à cet enfant pas comme les autres.

Le roman décline ainsi le panel des réactions, des adaptations auxquelles nous avons recours lorsque le chemin se complique d'obstacles imprévus et déroutants. C'est aussi un bel hommage à la différence.

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Nous sommes dans les Cévennes, une région belle, un peu magique aussi, puisque les pierres y parlent. Seulement ce qu'elles racontent n'est pas très gai : un enfant est né lourdement handicapé, qui bien malgré lui prive ses parents et son aîné de l'insouciance, alors que sa cadette connaît les affres de la jalousie. Une famille bouleversée en somme, bouleversée en mal comme en bien.« À enfant hors norme, savoir hors norme […] Cet être n'apprendrait jamais rien et, de fait, c'est lui qui apprenait aux autres. »

Clara Dupont-Monod fait du pays cévenol des descriptions assez remarquables et ce qu'elle écrit sur l'arrivée d'un enfant handicapé peut vraiment émouvoir. Pourtant l'ennui a commencé à poindre à la page treize. Pour ne plus me lâcher jusqu'à la fin de ce roman pétri de bons sentiments. Trop c'est trop. Trop de descriptions et trop de pathos m'ont lassée et j'ai fini par force cette lecture commune. Mais ce n'est que mon avis bien sûr, d'autres ont été infiniment touchés par le récit de Clara Dupont-Monod.
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S'adapter, tout est dans le titre, s'adapter, aimer, s'aimer au sein d'une famille dans laquelle arrive un enfant pas comme les autres, dit "inadapté", atteint d'un handicap très lourd, puisqu'il ne dispose que de l'ouïe, du goût et du toucher dans un corps sans muscle qui ne se mettra jamais debout.

Au début, cette lecture me semblait très dure et puis, peu à peu, les pages conduisent le lecteur vers une émotion émerveillée devant les attitudes différentes des membres de la famille, vues à travers trois personnes : l'aîné, la cadette, le dernier.

Ce sont les pierres de la cour de la maison familiale, dans les Cévennes, qui sont les narratrices de ce vécu familial. Elles le font sans commisération, de manière très réaliste, s'en tenant aux actes des protagonistes. Chacun d'eux va s'adapter à sa manière à la situation. Ils donneront tous finalement de l'amour à l'enfant et c'est le parcours de la cadette qui m' a le plus pénétré, elle a besoin d'amour, fraternel mais son frère aîné est tout dévoué à l'enfant, familial et elle le trouve avec la grand-mère mais une grand-mère n'est pas éternelle, elle chemine à force de volonté et c'est en cela qu'elle est admirable.

Les pierres sont aussi capables d'évoquer la montagne cévenole, ses orages dévastateurs, ses arbres et ses ruisseaux, tous ces lieux où l'enfant trouvera sous la garde de l'aîné quelques instants de paix.

Le dernier, je fais le choix, comme d'autres, de n'en point parler, le lecteur doit le découvrir et percer avec lui le mystère douloureux vécu par la famille.

Ce livre est plus qu'admirable, il est écrit avec talent, en une construction originale, il va à l'essentiel, le dit avec délicatesse, il est un témoignage à lire et relire lorsque nos petites misères nous dépassent alors que l'on pourrait, bien plus aisément que cette famille, s'y adapter.
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