AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bimach


Une recension très favorable m'a conduit à la lire ce livre. le point de vue d'un philosophe (professeur à Stanford) avec une très solide formation scientifique (ancien élève de Polytechnique) me manquait, ou du moins, le croyais-je, dans le maquis des innombrables ouvrages et articles qui abordent la question essentielle, et devenue lancinante avec la crise du Covid, des choix que la puissance publique, mais aussi les individus, sont parfois conduits à faire dans des situations qui mettent en cause la vie et la mort, et où, comme toujours, et encore davantage dans ces périodes de crise sanitaire, il est impératif de décider même quand on a peu d'éléments de connaissance pour guider la décision.
Quelle déception ! Que l'auteur soit obsédé par le risque de sa propre mort, qu'il perçoit nécessairement assez proche compte tenu de son âge, et que cela le conduise à refuser toute distinction entre "vie purement biologique" et vie au sens plein du terme, cela peut se comprendre ; mais que cela lui fasse trop souvent abandonner une approche d'argumentation au bénéfice (si on peut dire!) d'une mise en cause morale (au sens dégradé malheureusement trop souvent utilisé de ce terme) des arguments de ceux qui ne partagent pas son point de vue, cela ne peut que décevoir quiconque attendait bien autre chose de la part d'un de ces quelques philosophes des sciences qui sont vraiment versés dans ces dernières : le raisonnement d'économistes sur la valorisation statistique de la vie l'"écoeure", et du reste, il étale son mépris pour la profession d'économiste et sa "vulgarité" ; telle autre position est moralement inadmissible, car trop proche de celle des proches de Trump (et quand ces mêmes personnes disent qu'il fait beau, faut-il renoncer à voir le soleil briller?).... on pourrait multiplier les exemples de tels jugements expéditifs vis à vis de positions exprimées pourtant par des personnes connues pour leur sens de l'analyse des réalités sociales et économiques.
Et cette façon de refuser tout raisonnement conduisant à faire des choix, des tris, dans des circonstances qui pourtant y obligent, le conduit à refuser de se placer dans ce type de situation. Il va jusqu'à prendre l'exemple d'un médecin qui, devant le manque de respirateurs par rapport au nombre de patient qui en auraient besoin, "se débrouille" avec des bouts de ficelles (sans nous dire le résultat concret, en terme de santé des patients, de cette attitude), comme si c'était la solution à ce type de situation cornélienne ! Et ce tour de passe-passe lui permet de rester sur son Olympe moral de celui qui refuse de se salir les mains et de choisir, en cas de nécessité, ce qu'est la solution la moins mauvaise, et traine moralement dans la boue ceux qui tentent de trouver des raisonnements pour y parvenir. 
Bref, on s'attendait à être guidé dans ces réflexions angoissantes, par un scientifique devenu philosophe, et on ne trouve que des imprécations.
On ne termine cependant pas le livre avec le sentiment d'avoir totalement perdu son temps, car l'auteur, dans sa volonté de bien faire valoir ses bases scientifiques, nous fait découvrir des aspects importants qu'il est utile d'avoir en tête quand on aborde ces questions redoutables, comme la tendance que nous pouvons avoir à minimiser a postériori un danger que l'on a réussi à éviter, et donc à critiquer le coût des mesures qui ont conduit à le surmonter, et quelques autres paradoxes qu'il est bon de connaître, sur la nature de la vie et des processus qui la déterminent.

Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}