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Critique de Kirzy


" Je sais que ma condamnation est décidée, le récit des circonstances de mon forfait n'est, à vos oreilles, qu'un divertissement puisque vous en connaissez la fin ; vos gens m'ont surpris en flagrant délit. L'histoire de ma vie, ce sentier qui m'a conduit à commettre ma faute, ne servira qu'à persuader les foules de ma monstruosité. de quoi vous combler, vous divertir, car les affaires comme les miennes se raréfient."

Dès les premières lignes, le lecteur plonge dans les confessions impudiques de Victor Renard qui dévoile tout de sa vie aux juges dans l'espoir d'éviter la guillotine en plein Paris révolutionnaire. Suspense oblige, ce n'est qu'à la fin que l'on découvre la nature de l'accusation.

Le démarrage de ce roman historique est assez formidable, totalement immersif, mais j'ai trouvé que l'intrigue en elle-même s'étirait trop, la faute sans doute au manque d'empathie que j'ai ressenti pour notre accusé – narrateur ( c'est finalement le personnage d'Angélique, son amoureuse prostituée qui m'a le plus convaincue et intéressée ). J'aurais du pourtant m'attacher à ce héros martyrisé par une mère complètement hystérique et mauvaise, malmené par la vie, la subissant pendant très longtemps avant de la prendre en main. J'ai parfois un peu décroché ou du moins je n'ai pas été captivée autant que j'aurais du l'être, pas si curieuse de cela de savoir ce qu'avait fait Victor.

Mais je me suis régalée de tout l'arrière-fond historique, de la peinture des moeurs en cette fin XVIIIème : au coeur de la folie révolutionnaire. Paris perd ses lumières et sa raison. Surtout, j'ai été estomaquée de découvrir les usages mortuaires pour le moins étonnants de l'époque autour de la pratique millénaire de la médecine des morts. Trafic de dépouilles, commerces d'organes et notamment des coeurs embaumés des rois et reines de France lorsque leurs tombeaux ont été profanés et pillés en 1793. Incroyable, de nombreux tableaux de nos gentils musées ont été peints en partie à partir de pigments bruns obtenus par broyage de ces organes embaumés appelés « mumies », sans qu'aucune mention n'en informe le visiteur. Par exemple, l'oeuvre Intérieur d'une cuisine de Martin Drölling a utilisé des fragments des coeurs de Louis XIII, d'Anne d'Autriche et de Marie-Thérèse d'Autriche !

Isabelle Duquesnoy est diplomée d'histoire des arts et de restauration du patrimoine, elle s'est parfaitement documentée. Avec sa plume très travaillée, très dix-huitièmiste, elle retranscrit parfaitement cette époque et sait mettre son savoir à la portée de tous. C'est souvent très cru voire glauque mais toujours truculent.
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