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Critique de FleurDuBien


Une douleur sourde, ou bien aiguē, accompagne Marguerite Duras nuit et jour, obsédante, omniprésente, qui la remplit de scories, de sanies, comme un cri coincé dans la gorge.
Nous sommes cette douleur, nous lisons cette douleur avec son écriture, comme on respire, on halête, comme une respiration, tantôt douce, tantôt dure, proche parfois de la folie. Avec des phrases courtes, nominales, saccadées.
Elle attend son homme, Robert L. dans le livre, Robert Antelme dans sa vraie vie. Elle attend qu'il rentre du camp de concentration, elle attend, ne fait que cela, attendre.
A devenir folle.
Folle de douleur.
J'avais lu L'amant très jeune, j'avais adoré, puis je l'ai relu récemment.
J'ignorais que cette grande dame avait connu cette période ô combien sombre de la seconde guerre mondiale, et plus particulièrement de l'occupation, et du retour des déportés des camps d'extermination. J'ignorais également qu'elle a fait de la résistance, et que c'est François Mitterrand lui-même qui a aidé le retour de Robert.
Ce texte comprend trois parties ; le moment pendant lequel elle attend, la période du retour d'Antelme qui n'est plus que l'ombre de lui-même, et un petit texte intitulé Monsieur X, un homme de la Gestapo, qu'elle fréquentera pendant la période entre l'arrestation d'Antelme et sa déportation. Texte utile qui nous fait mieux comprendre l'ambiance dans le Paris de ces années noires. Elle le hait et souhaiterait le livrer à ses compagnons de la résistance. Lui, sans vergogne, aurait souhaité plus encore d'elle, Duras était très belle, mais ce fut non bien sûr (je souhaite le préciser car j'ai lu qu'elle avait eu une liaison avec lui ce qui est faux bien sûr).
J'ai préféré les deux premières parties, et le retour de l'homme tant attendu est terrible, à la limite insupportable à lire, tant cet homme n'est réduit à plus rien. Les camps l'ont détruit.
Elle ne nous épargnera rien, même la couleur, l'odeur et la texture des excréments de Robert, lui qui ne peut s'alimenter qu'avec une petite cuillère et qui ne pèse plus que 37 kilos.
Ce texte magnifique de la douleur nous prend à la gorge et aux tripes.
Duras, magnifique écrivain, écrit comme elle ressent, écrit comme elle vit.
Douloureusement.

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