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Critique de germanaud




Autobiographies de la faim tire les fils de la faim et de la fin, les noue, les dénoue, les tisse avec les motifs du père, de la mère, des absents, de la mémoire et des narrations possibles.
« Toute histoire est celle d'une faim.
D'une fin aussi. »

Pendant que la mère s'en va, chambre 52 d'un hôpital, vers le silence, l'extinction progressive de la faim et donc la fin, la fille divague. Elle divague dans le temps et la géographie, nous livre des bribes de souvenirs d'enfant et d'adulte et des réflexions désordonnées. Elle nous dispense quelques fins d'histoires : celle du chat rouge, du jeune homme en scooter, du père. Celle de vêtements déshabités – il est souvent question de vêtements dans ce texte, de robes d'enfants, de pantalon du père, de ces pelures qui revêtent nos corps affamés, rassasiés ou disparus.

Le père fut un ogre dont les vêtements peinaient à contenir le corps.
La mère ne préparait que des « nourritures blanches ». Elle achève maintenant sa vie dans une « robe de la faim », rassasiée d'une cuillère de lait tiède.
A partir de cette double ascendance, la gloutonnerie du père, l'obsession de blancheur de la mère, le texte se ramifie : les dégoûts de la fille, l'illusion du « nous », le chien, les fous, les petites robes vides, les jours sans pain, les jours sans parents. Puis, cette « mémoire qui pue », et semble réunir toutes les figures de la faim et de la fin, sans forme ni contenu précis, mais comme une sorte de sac immense qui les contiendrait tous. Tous ces fragments, ces images, sont une manière d'autobiographie non linéaire, sans désir –sans faim – de faire récit, sans fin non plus, puisque multiples sont les manques et les cases à remplir dans cette vie qui nous est livrée.
« Encore une fois l'odeur mélangée à la mémoire, comme un refus de la nourriture offerte ».

Sylvie Durbec nous offre un texte vif et singulier, qui ne se plie à aucun genre. La composition et l'écriture y sont débridées, pour le plus grand plaisir du lecteur.
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