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EAN : 9782374750392
90 pages
Editions Rhubarbe (01/09/2019)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Tous nous rêvons que ce qui arrivera sera meilleur que ce qui est arrivé déjà. Ces Autobiographies de la faim tentent de raconter une histoire, celle d’une famille entre Marseille et Tunis, au moment où la Mère, dans sa chambre de la maison de retraite, approche de sa fin. Mais comme le chemin, ton histoire n’a pas de vraie fin. Et l’auteure de confesser, se mettant à distance du tu : Ce que tu aimes par-dessus tout, ici, sous ce ciel vide, c’est divaguer. Des bribe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique


Autobiographies de la faim tire les fils de la faim et de la fin, les noue, les dénoue, les tisse avec les motifs du père, de la mère, des absents, de la mémoire et des narrations possibles.
« Toute histoire est celle d'une faim.
D'une fin aussi. »

Pendant que la mère s'en va, chambre 52 d'un hôpital, vers le silence, l'extinction progressive de la faim et donc la fin, la fille divague. Elle divague dans le temps et la géographie, nous livre des bribes de souvenirs d'enfant et d'adulte et des réflexions désordonnées. Elle nous dispense quelques fins d'histoires : celle du chat rouge, du jeune homme en scooter, du père. Celle de vêtements déshabités – il est souvent question de vêtements dans ce texte, de robes d'enfants, de pantalon du père, de ces pelures qui revêtent nos corps affamés, rassasiés ou disparus.

Le père fut un ogre dont les vêtements peinaient à contenir le corps.
La mère ne préparait que des « nourritures blanches ». Elle achève maintenant sa vie dans une « robe de la faim », rassasiée d'une cuillère de lait tiède.
A partir de cette double ascendance, la gloutonnerie du père, l'obsession de blancheur de la mère, le texte se ramifie : les dégoûts de la fille, l'illusion du « nous », le chien, les fous, les petites robes vides, les jours sans pain, les jours sans parents. Puis, cette « mémoire qui pue », et semble réunir toutes les figures de la faim et de la fin, sans forme ni contenu précis, mais comme une sorte de sac immense qui les contiendrait tous. Tous ces fragments, ces images, sont une manière d'autobiographie non linéaire, sans désir –sans faim – de faire récit, sans fin non plus, puisque multiples sont les manques et les cases à remplir dans cette vie qui nous est livrée.
« Encore une fois l'odeur mélangée à la mémoire, comme un refus de la nourriture offerte ».

Sylvie Durbec nous offre un texte vif et singulier, qui ne se plie à aucun genre. La composition et l'écriture y sont débridées, pour le plus grand plaisir du lecteur.
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À qui appartient cette robe d'enfant sans corps, sans visage qui parcourt le texte ? On sent tout au long du récit un drame, une douleur, une histoire lourde de vie et de mort entre enfance et vieillesse, lucidité et folie. L'énigme de la robe abandonnée sur un panneau au bord de la route comme un point aveugle.
Les âges se mélangent, les époques, les lieux, les personnages, la mère, la fille, le père… selon un jeu de calques qui glissent les uns sur les autres au fil des souvenirs, des sensations, des visions réelles ou imaginaires. Les mots eux-mêmes glissent, se contaminent par proximité, promiscuité, de manière non linéaire, par simples proliférations sonores comme si les mots s'aimantaient pour faire naître, renaître des histoires.
« La mémoire pue » revient en leitmotiv à la fin du récit. Pue quoi ? La mort ? Entre pourriture et nourriture, fin et faim, faim et pain, le x ou le z des bretelles de la robe, les lettres ouvrent des boîtes sans fond, à double paroi où on voit l'autre, où on se voit, je et non je. On flotte, on ne sait plus dans quelle couche de mémoire, dans quelle histoire on se trouve, sous quelle pelure.
Le titre au pluriel n'élude pas la part autobiographique du récit. Mais de quelle faim s'agit-il ? de celle du ventre, du coeur, de l'âme ? de celle, ontologique, que les mots jamais ne pourront combler, si profus, délirants soient-ils ? Vit-on à jamais sans corps, dans des vêtements flottants, comme exilé à soi-même ? Autant de ramifications narratives, existentielles, autant d'interprétations possibles dans ce beau texte très personnel de Sylvie Durbec. Un récit-poème en prose qui donne matière à penser, à discuter. Notamment sur la création poétique.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Et au-dessus du lent pourrissement du jardin en hiver, une rose s'est ouverte et sa couleur chante un autre air que le mien.
Alors vivante je vais au monde.
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