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Critique de pleasantf


Ce livre ne laisse pas indifférent. J'imagine très bien que bon nombre de lecteurs auront abandonné en route, mis en fuite par un auteur qui cogne fort et ne fait pas dans la dentelle. Personnellement j'ai beaucoup aimé ce récit. Car il me semble que Dustan réussit le tour de force de nous extraire d'un monde trivial et un peu rude pour nous emmener et nous pousser vers un ailleurs indéfinissable. Et son livre amène à se poser la question de ce que c'est que la littérature, de sa relation à la vie, à la vérité.

L'écriture de Dustan est sans fioritures, simple, simpliste même. Enarque, Dustan a montré dans sa vie d'avant qu'il savait écrire mais un peu comme Picasso, dessinateur génial qui s'est mis à peindre des tableaux « laids », il n'attache aucune importance à la belle écriture. Sujet – verbe- complément. Dustan a l'ambition de raconter dans le moindre détail une de ses soirées en boîte, la Loco, de son arrivée dans les lieux au retour chez lui au terme de la nuit. Unité de temps et de lieu. Même les instants les plus triviaux comme ses passages réguliers aux toilettes ne nous sont pas épargnés ! le texte est réduit à l'essentiel comme le sont aussi les dialogues entre lui et les hommes croisés dans la boîte.

On peut avoir en horreur cette littérature nombriliste. A mon sens, Dustan dépasse cependant la narration de son expérience personnelle, homosexuelle et communautariste, et de l'obsession de cette communauté pour l'apparence et la drague. Dès les premières lignes, la mort impose son ombre omniprésente. Ce sont les années Sida. Pourtant malgré cet arrière-plan tragique, l'homme continue de vivre, d'aimer, de jouir de la vie. C'est une vision très hédoniste et dionysiaque mais qui me semble refléter une évolution de nos sociétés développées : le monde est dur, on nous parle de crise à longueur de journée. La sortie nocturne en boîte devient l'expérience d'une rupture avec la vie diurne, porteuse d'un sens spécifique : une expérience de plaisir du corps, échappé des mécanismes habituels de contrôle de la vie, une expérience de l'extase non sexuelle, de la dépossession de soi par l'intermédiaire de la musique et de la drogue, une expérience d'une fusion de l'individualité dans un corps collectif.

Arrivé vers la fin de son récit, Dustan introduit de grands espaces vides entre les phrases et même des pages entières blanches. Son écriture a créé un temps alternatif, dilaté, une éternité…
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