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EAN : 9782867445798
112 pages
P.O.L. (27/08/1997)
3.86/5   44 notes
Résumé :
Je sors ce soir, c'est, après une longue absence, une replongée dans la nuit gay du ghetto parisien. Tout est finalement plus simple dans cet espace d'abandon, de détachement, où la musique relaie la parole, et où les rythmes donnent un espace aux corps. Refuge où l'on essaie de s'immerger quand l'oubli des êtres et des situations est en fait impossible.

Grave, et inquiet, retenu, Je sors ce soir est la chronique d'un soir comme un autre, fait de renc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le roman de Guillaume Dustan pourrait être classé dans le genre récit autobiographique car il raconte avant tout son vécu. "Je sors ce soir" c'est une nuit en boite avec Guillaume, homosexuel. Au Gay tea dance, il retrouve des garçons, ex pour la plupart ou inconnus, musclemen ou pas, tous venus s'éclater et trouver un ou plusieurs partenaires.
Guillaume, le narrateur, détaille toutes ses rencontres du soir passé à la Loco place Blanche à Paris. de retour des États-Unis, il vient d'apprendre la mort d'un ami du sida et c'est le vrai sujet du livre car la menace est en filigrane. On est dans les années 90 et la maladie fait des ravages, outre la peur pour lui et pour un grand nombre de ses proches.
Les homosexuels ont leurs codes, actifs ou passifs selon la position de leur chemise dans leur pantalon mais cette nuit-là, Guillaume n'a pas envie de baiser. Il danse et prend de l'ecstasy.
Ce livre a une construction originale avec une succession de pages blanches lorsqu'il ne peut plus parler puis une reprise progressive de la narration.
Pour autant, la défonce en boite et le parler cru de Guillaume qui évoque à quatre reprises son envie de chier, n'est pas mon univers. Je le prends comme un témoignage du monde de la nuit.


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Ce livre ne laisse pas indifférent. J'imagine très bien que bon nombre de lecteurs auront abandonné en route, mis en fuite par un auteur qui cogne fort et ne fait pas dans la dentelle. Personnellement j'ai beaucoup aimé ce récit. Car il me semble que Dustan réussit le tour de force de nous extraire d'un monde trivial et un peu rude pour nous emmener et nous pousser vers un ailleurs indéfinissable. Et son livre amène à se poser la question de ce que c'est que la littérature, de sa relation à la vie, à la vérité.

L'écriture de Dustan est sans fioritures, simple, simpliste même. Enarque, Dustan a montré dans sa vie d'avant qu'il savait écrire mais un peu comme Picasso, dessinateur génial qui s'est mis à peindre des tableaux « laids », il n'attache aucune importance à la belle écriture. Sujet – verbe- complément. Dustan a l'ambition de raconter dans le moindre détail une de ses soirées en boîte, la Loco, de son arrivée dans les lieux au retour chez lui au terme de la nuit. Unité de temps et de lieu. Même les instants les plus triviaux comme ses passages réguliers aux toilettes ne nous sont pas épargnés ! le texte est réduit à l'essentiel comme le sont aussi les dialogues entre lui et les hommes croisés dans la boîte.

On peut avoir en horreur cette littérature nombriliste. A mon sens, Dustan dépasse cependant la narration de son expérience personnelle, homosexuelle et communautariste, et de l'obsession de cette communauté pour l'apparence et la drague. Dès les premières lignes, la mort impose son ombre omniprésente. Ce sont les années Sida. Pourtant malgré cet arrière-plan tragique, l'homme continue de vivre, d'aimer, de jouir de la vie. C'est une vision très hédoniste et dionysiaque mais qui me semble refléter une évolution de nos sociétés développées : le monde est dur, on nous parle de crise à longueur de journée. La sortie nocturne en boîte devient l'expérience d'une rupture avec la vie diurne, porteuse d'un sens spécifique : une expérience de plaisir du corps, échappé des mécanismes habituels de contrôle de la vie, une expérience de l'extase non sexuelle, de la dépossession de soi par l'intermédiaire de la musique et de la drogue, une expérience d'une fusion de l'individualité dans un corps collectif.

Arrivé vers la fin de son récit, Dustan introduit de grands espaces vides entre les phrases et même des pages entières blanches. Son écriture a créé un temps alternatif, dilaté, une éternité…
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Dans ce roman, Dustan nous parle d'un lieu qui n'existe plus, mais qui fût pendant des années le lieu préféré des fêtes gays. "Le palace", cette discothèque a été le premier grand rendez-vous de la population gay dans les années 80. le palace était une boîte à la mode dans les années 70 où se mélangeait une population interlopes (gays, hétéros, lesbiennes, punks). Mais très vite le Palace attire tellement de monde que la majorité des gays décident de trouver un autre lieu.

Dustan nous plonge dans ce monde qui n'est plus, où les survivants se font rares et sont souvent considérés comme rescapés d'un holocauste. le roman nous entraîne dans un premier temps dans la rue du Fbg Montmartre qui en semaine ressemble au Sentier, mais qui le dimanche devient un nouveau Marais en minuscule.

Le Palace est sur 3 niveaux et ressemble à un ancien théâtre avec un immense couloir qui sert de lieu de drague lorsqu'on s'arrête pour fumer une clope ou boire sa consommation. Dustan revient dans ce lieu de la même façon qu'un travelling avant au cinéma. Il nous parle d'une fête qui a plus l'allure d'un grand enterrement.

Une sélection avait lieu à l'entrée, thee-shirt moulant pour faire ressortir les muscles, le 501, les docs étaient de rigueur si on voulait se faire remarquer sur la piste de danse. le beau mâle exhibant toute sa virilité ne doit pas danser en remuant trop le bassin, ce qui pourrait faire croire aux autres qu'il s'agit en réalité d'une "folle". - C'était l'époque ou tous gays qui se respectent avaient adopté la mode venue de Los Angelès muscles, tee-shirt moulant souvent blanc, jean 501, rangers et surtout moustache pour ne pas être confondu avec les efféminés -.

Les mecs se saluent d'un sourire ou tout simplement d'un bonjour, sans trop s'arrêter sur un garçon. Ce n'est plus le temps du sexe dans les wc ou des glory hole. Ce n'est plus le temps de l'amour et du sexe le sida est passé par là. Pendant tout le roman, l'auteur se lasse rapidement de ces hommes et de ces corps qu'il adore et qu'il vénère. le Palace devient une bâtisse de la mort où personne n'attends plus rien de la vie. L'auteur s'accroche à une musique inconnue ou bien au regard du barman qui sert l'alcool et va attendre la fin de la soirée pour rentrer seul chez lui, guetter sa propre fin et continuer ce début d'agonie de fête seul en se masturbant. Seul plaisir que les hommes peuvent pratiquer sans avoir aucune peur. Même si elle peut être considérée comme un artifice du plaisir, la masturbation devient sans nul doute le seul élément de fête qui reste comme segment à tous un groupe qui a vécu la plénitude de la fête. Aujourd'hui ce même groupe a disparu. le deuil devient une cérémonie pour se souvenir d'un passé qui n'est plus.

Au sujet du deuil Dustan écrit :

"Je sors ce soir est déjà un livre sur le deuil. C'est le deuil d'une époque et c'est un livre sur le deuil de moi-même, comme si j'étais mort. Je veux dire que j'aurais pu mourir et puis non. Mais ce n'est pas un livre sur la maladie. j'ai la chance de ne pas être malade à part quelques épisodes qui font que je ne me sens pas trop gêné vis à vis des autres...."

Le sujet de la fête est un prétexte pour raconter la fin d'une époque et d'une génération qui se croyait invulnérable et immortelle tout comme les soirées du Palace.

Les romans "Dans ma chambre" et "Je sors ce soir" nous présente la vie de Guillaume Dustan au milieu des années 80 - 90 dans le ghetto parisien. Terme employé par Dustan pour définir les lieux gays de Paris.
Lien : http://chezvolodia.canalblog..
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Nuit.
Je suis guillaume, je suis Dustan, j'ai perdu ma perruque, j'ai pris du bide, un peu, je vais mourir, c'est sûr, je sors ce soir.je bois, je retrouve des ex, je drague, un Irlandais aime mes poils mais pas envie, je voudrais ( peut-être ?), les mecs sont plus beaux que moi, plus jeunes, plus sex, plus fun, ils bougent bien, je mate leurs pecs, leurs culs, leur sueur, leur bouche, j'aime les grandes bouches, j'ai envie de leurs queue, je vais souvent aux chiottes, je prends de l'exta, je danse à la vie à la mort, c'est foutu, mais je m'en fous, je danse, je vis.
Encore un peu.
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Ce soir je sors raconte l'histoire d'un homosexuel normal qui sort en boîte gay à Paris, pour la première fois depuis de longs mois. En 119 pages présentées comme un long plan-séquence, nous déambulons dans cette boîte et le 19e arrondissement de Paris.

Guillaume Dustan nous présente de l'intérieur ce que c'est que d'être un homosexuel non caricatural (hyper musclé, hyperféminisé et hyperimplanté dans le milieu gay) dans une soirée gay à Paris où se croisent tant de profils différents. Il nous fait vivre de l'intérieur ses désirs, ses rejets et ses frustrations.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui, même s'il se passe en 1995, est si contemporain. le milieu n'a pas changé. Les gens n'ont pas changé. Seul le vocabulaire a évolué. Je me suis vraiment reconnu dans ce gars au corps ne correspondant pas aux canons de cette communauté gay qui ne s'intéresse à une personne qu'à partir du moment où il a réussi à la mettre dans une case.
Lien : https://lgbtheque.fr/livre/r..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le transport de verre plein est un sport d'adresse à lui tout seul. Personnellement je mets la paume au-dessus pour plus de sûreté. Si ça bouge trop je préfère me lécher la main qu'être couvert de Gin-Get.
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Je ne pense pas à Marcelo. Je ne pense pas que j'ai peur qu'il soit malade. Je ne pense pas que je ne peux pas le faire venir ici parce que ce n'est pas une femme.

Je ne pense pas que ça fait sept ans que j'attends de mourir.

Je ne pense pas que l'amour est impossible.

Je respire.

Je suis bien.

Je sens la sucette me glisser des doigts.
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C'est ça que j'aime la nuit : la communication réduite à l'essentiel.
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Videos de Guillaume Dustan (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guillaume Dustan
OEUVRES II DE GUILLAUME DUSTAN Rencontre avec Thomas Clerc & Frédéric Boyer
C'est le deuxième volume des oeuvres complètes, après un premier tome paru en 2013. Génie divin, LxiR et Nicolas Pages (Prix de Flore 2000), publiés aux éditions Balland dans la collection « le Rayon » entre 1999 et 2002, forment la trilogie de ce nouveau volume. Les trois livres marquent un tournant décisif dans l'oeuvre de Guillaume Dustan, mort en 2005. Là où la première trilogie déroulait un thème unique (le sexe) dans des cadres strictement définis (la chambre, la boîte de nuit, les back-rooms), ces trois livres, notamment Nicolas Pages, prouvent que Dustan n'est pas seulement un pornographe accompli, mais aussi « un capteur du sentiment amoureux », comme l'explique l'écrivain Thomas Clerc qui dirige cette édition, auteur d'une longue préface. La pensée et les textes de Dustan contrastent fortement avec l'époque de moralisation et de régression qui est la nôtre. La première trilogie exposait un mode de vie essentiellement axé sur le plaisir sexuel, Dustan prolonge cette revendication pour en faire un programme de vie, une sorte de projet politique. Il relie politique du désir et progressisme social, sur le double modèle du libéralisme et du libertarisme.
À lire – Guillaume Dustan, Oeuvres II, POL, 2021.
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