AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de soleil


Fin des années 60. de nombreuses familles immigrées vivent dans des taudis à la périphérie des villes, travaillent à l'usine, essaient de s'en sortir. Les familles de Mohsin Abbas, Mohammed Afkir, Tahar al Amami se côtoient. Les hommes font 8 km à pied le matin pour aller à Billancourt. Sous l'impulsion de l'un d'eux ils achètent à Créteil une maison, communément nommée le château. Cette demeure sans eau courante, avec une électricité défaillante, survivante des décennies précédentes, tient encore debout. Les familles se partagent les rares pièces et l'insalubrité.

2011, Lydia, fille de Mohsin Abbas enterre son père. Il lui lègue outre une lettre, des photos dont l'une au dos, mentionne les noms de Hind et Mohammed Afkir. Qui est cette fillette de dix ans sur la photo ? Qui est le jeune garçon ? de quoi s'accuse son père dans sa lettre, lui qui se déclare avoir été un mauvais homme ?

Lydia va faire défiler la vie de son père grâce à certains des enfants qui devenus adultes vont raconter le peu dont ils se souviennent afin qu'elle reconstitue la vie de Hind.

----------------------

Dans ce roman, chaque chapitre est constitué par la voix d'un des personnages qui raconte ce dont il se souvient au sujet de Hind, décrivant les conditions de vie dans cette maison, leur scolarité, la relation qu'avaient les enfants entre eux, la relative pauvreté dans laquelle ils vivaient.... jusqu'au moment où arrive LE chapitre. LE chapitre nouveau qui au bout de deux pages me percute, mais doucement, subrepticement. Marche arrière : je relis les deux pages puis continue. Au bout de quatre pages, je crains n'avoir pas compris tant ce qui est raconté me semble improbable tellement je n'ai rien vu venir. Je ferai quatre fois cette manoeuvre. Quatre fois je relirai le début de ce chapitre et les pages suivantes pour enfin le finir et approcher de la fin de l'histoire. Si la bobine s'était dévidée gentiment jusqu'à présent, ce chapitre marque une rupture, une violence, tout juste adouci par l'émouvante Sakina. La lettre de Mohsin finira de nous éclairer sur le drame. Le point d'orgue aurait pu être la lettre de Mohsin à la toute fin ou le superbe chapitre consacré à la voix de Sakina or pour moi cela fut l'autre, celui qui m'estomaqua. Je ne suis pas sûre que c'est ce que l'auteur recherchait car finalement, il n'aurait pas existé, l'histoire se serait tenue et cela n'aurait pas changé grand-chose dans la vie des familles et de Hind. Pourtant, je suis restée suspendue à cet instant du livre. Mais après tout, une fois le livre écrit, les lecteurs s'en emparent et vivent les chapitres de façon différente, plaçant l'offusquement, le trouble, là où d'autres ne l'auraient pas mis.

Un très beau premier roman. Une lecture que je vous recommande vivement en vous mettant en garde de ne surtout pas feuilleter le livre comme on le fait parfois car un gros titre dévoile ce qui m'a sonné.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}