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Critique de Walden-88


Etienne Duval, journaliste franco-écossais basé à Londres et à Edimbourg, s'efforce de peindre un portrait de l'Écosse, réaliste, loin des tableaux fantasmés de R.R.McIan et des clichés qui entourent cette nation Et pour se faire, de nombreux témoignages viennent nourrir son récit. Des écossais aux profils très différents, qu'ils soient Highlanders ou Lowlanders, de Glasgow et Edimbourgh ou de terres plus reculées telles que les Hébrides, les îles Shetland ou même expatriés à l'autre bout du monde; ils apportent chacun leur éclairage à la terre qu'ils habitent et qui les a vu naître.

On commence par aborder la question bouillante et épineuse de ces dernières années en Écosse (pour un peuple souvent décrit comme froid et austère !) : le référendum du 18 septembre 2014 portant sur l'indépendance de l'Écosse. Les 45% de "oui" n'ont pas suffi à remettre en cause une alliance de plus de trois siècles avec la Grande-Bretagne mais on voit que les Écossais continuent de marquer leur différence.
Ce vote est historique : 97% des électeurs se sont inscrits, du jamais vu en Écosse

L'auteur essaye ensuite de rétablir la vérité et ôter les couches de vernis qui obscurcissent passablement le portrait de l'Écossais :
- L'Écosse n'a jamais été conquise militairement par les Anglais. A part quelques occupations temporaires (notamment celle de Cromwell de 1652 à 1658), elle a rejoint l'Angleterre sans contrainte.
- le kilt aurait été inventé par un maître de forges anglais, Thomas Rawlinson.
- Les tartans aussi, une idée fausse circule selon laquelle les clans ont chacun le leur depuis la nuit des temps. Les couleurs et les motifs qui leur sont attribués remontent pour la plupart au XIX è siècle.
- Les Écossais ne sont pas pingres, une enquête récente montre que même en tant de crise ils donnent plus d'argent aux organisations caritatives que les Anglais, qui en donnent pourtant déjà beaucoup.

Étienne Duval s'attache à recueillir la parole de ces Écossais qui vivent dans les Higlands comme sir Tommy MacPherson (à propos, "mac" signifie "fils de" en gaélique), ce héros de la Seconde Guerre mondiale, toujours habillé de son uniforme de Highlander, il alla même à sauter en parachute en kilt. Ces hommes comme Tommy se réunissent pour assister aux Highlands Games (compétitions de lancer du marteau ou du caber, le tronc d'arbre) et ainsi perpétuer les traditions. Car l'Écosse pour se différencier de son voisin anglais est très ancrée dans les coutumes et le folklore comme en attestent les habitants des Hébrides ou des Shetland.
Kevin MacNeil, écrivain né à Stornoway sur l'île de Lewis, a fait de sa vie un roman (mémo à moi-même : lire La trilogie écossaise de Peter May), The Stornoway Way, qui donne le ton sur ce qu'est vraiment la vie dans cet archipel :
"Rien à foutre de toutes ces fictions factices, américaines et anglaises, qui prétendent faire entendre nos voix; les autres ne savent même pas que des gens comme nous existent, et ils ne l'ont jamais su. Nous sommes qui nous sommes parce que nous avons grandi à la mode de Stornoway. Nous n'habitons pas au bout du monde, nous sommes au coeur même du bout du monde".
Le récit de MacNeil est en anglais, mais le gaélique y fait des apparitions. C'est une des langues vernaculaires vivantes les plus anciennes d'Europe, et l'Écosse a bien compris l'importance de la préserver. le budget annuel consacré au gaélique par le gouvernement écossais dépasse les 25 millions d'euros.

Un très bon livre sur l'Écosse, je le recommande à tous ceux qui s'intéressent à cette nation unique et authentique.

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