AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Wendat69


Lorsque Chris Taylor, jeune volontaire fraîchement sorti du giron familial, arrive sur le sol vietnamien, c'est avec un sac plein de choses inutiles et la tête emplie d'idées toutes faites sur ce que doit être la guerre et ce qu'elle doit faire de lui.

Sitôt arrivé, le voilà plongé en mission profonde en pleine jungle avec la nouvelle famille que l'oncle Sam lui a trouvé, la 2ème section de la compagnie Bravo du 25ème régiment d'Infanterie. L'enfer vert semble l'aspirer littéralement, en même temps que ses certitudes fondent, se diluent dans la torpeur ambiante, se liquéfient sous les quolibets de ses compagnons d'armes qui ne voient en lui, le Bleu, qu'un morceau de viande inutile, voire un pot de poisse.

Taylor comprend très vite les règles du jeu et entend faire de son mieux pour agir en bon soldat, raisonner en bon soldat, vivre en bon soldat. Il s'imprègne donc de la voix de ses maîtres, qu'il identifie au travers des deux vrais cadres de la section, les sergents Barnes et Elias. de fait, le chef de section ne la dirige que virtuellement, car le lieutenant Wolfe n'arrive pas à masquer derrière son grade son incompétence et ses difficultés à diriger un groupe de soldats aguerris. Les vrais artisans du bon ordre de marche, les gardiens du temple, ce sont Barnes et Elias, qui apparaissent pour Taylor comme deux figures tutélaires, incarnations parfaites de l'idée qu'il se fait du combattant, mais dont le caractère, la physionomie, l'être profond, sont aussi différents que le jour et la nuit.

Barnes et Elias, parfaitement complémentaires dans le temps du combat, sont absolument opposés lorsque celui-ci s'arrête. Entre ombres et lumières, Taylor voit s'affronter, en s'acharnant à survivre au milieu de ses compagnons d'infortune, deux visions -sinon du monde, du moins de la guerre.

La guerre a avalé Barnes, elle l'a défiguré, au propre et au figuré, tandis qu'elle a marqué Elias, en profondeur. En un sens, tous deux se savent perdus pour le Monde, la différence profonde est la façon dont ils entendent le quitter.
Le livre est la parfaite retranscription du film, les scènes de combat, les dialogues ciselés, le physique des acteurs, leur jeu, tout cela remonte à la mémoire avec une facilité déconcertante, tout comme reviennent avec la précision la plus parfaite les scènes de combat et de désolation, l'atmosphère étouffante de la moiteur de la jungle vietnamienne, ce qui tend à confirmer que Platoon est un film qui a véritablement marqué son époque, qu'elle que soit les considérations que l'on peut avoir quant aux ambitions « idéologiques » qui peuvent se dégager.

Chris Taylor sera transformé, comme tous ceux qu'il aura côtoyé au Vietnam, par l'expérience unique et terrible de la guerre. Lui aussi sera « marqué » par l'apprentissage de la colère, du courage, du devoir. Lui aussi aura dans le regard cette trace indélébile qui l'accompagnera sa vie durant.

« Abyssus abyssum invocat », « l'abîme appelle l'abîme », dit le Psaume, l'abîme de notre bassesse appelle l'abîme d'une Hauteur, notre misère est effacée par la Miséricorde, la souffrance n'est que le prélude au Salut.



Commenter  J’apprécie          160



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}