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Critique de Acerola13


Ravie d'avoir été choisie par Masse critique, j'ai trouvé le week-end dernier cet ouvrage dans ma boîte aux lettres...
De prime abord, "Tremblez enfance Z46" étonne, de par son format, mais aussi de par ses couleurs, son titre, son graphique. Puis l'on se lance dans la lecture...

Prenons d'abord le graphisme : chaque page est consacrée à une case, ce qui permet des plans larges et sans fin ; les couleurs utilisées sont vives et les traits des dessins totalement déroutants. le monde inventé par le dessinateur se présente comme vaste, mais paraît vide ; le paysage est simple, épuré, mais aux contours bruts et rectilignes. Les personnages, sortes d'automates au service de l'administration, ne semblent pas se distinguer de leur environnement, dont il font partie au même titre qu'un panneau, ou qu'une affiche.

Dans cet univers étrange évolue Hicham, personnage "momie" au visage indéfini, à l'identité dissoute dans un monde morne malgré ses couleurs. Rien ne le distingue a priori des autres créatures peuplant les pages de la bande dessinée, si ce n'est son corps particulier, fait de petites bandes non rattachées les unes aux autres ; trait de génie du dessinateur qui s'amuse de la perspective, de la transparence, des mouvements de son héros dans un univers fantasmagorique, onirique qui semble décrire une réalité que l'on ne parvient à reconnaître, à identifier.

Et c'est sûrement ce manque de repère précis, d'identification possible du lieu, de l'espace, du temps, du paysage, des personnages qui gène autant la lecture, plongeant le lecteur dans un malaise face à un monde qui ne lui est pas inconnu mais qu'il ne peut s'approprier. Les errances des deux personnages dans un univers fermé induit progressivement une sensation de confinement, d'emprisonnement dont on ne parvient à sortir, tandis que les deux protagonistes cherchent à se rejoindre sans que l'on puisse les distinguer l'un de l'autre, si ce n'est en s'apercevant du décompte des pages, qui décroit lorsque l'on passe de l'autre côté du mur.

À quoi et à qui se réfère l'auteur ? Il est impossible de ne pas déceler des symboles qui appellent à une réflexion sur notre propre histoire : mur de Berlin, mur séparant les Palestiniens des Israéliens, mur idéologique, mur confessionnel ? Les dessins laissent paraître des paysages désertiques, que l'on relie sans certitude aux pays arabes, mais montrent également l'utilisation d'une technologie digne de la science-fiction et des robots les plus perfectionnés...

Finalement, la lecture de cette bande dessinée aux dialogues rares et courts laisse songeur, et invite à réfléchir sur le monde qui nous entoure, sur ce qu'il masque et ce qu'il fait miroiter. Si les graphiques m'ont laissée de marbre quant à leur esthétique que je n'ai pas vraiment appréciée, leur aspect technique, mathématique et les jeux quant à la gestion de la transparence et de la perspective sont fascinants et troublants ; si les dialogues et le récit d'une aventure plutôt terne ne maintiennent pas le lecteur dans une excitation constante, le texte amène pourtant le lecteur à réfléchir et à tenter de déterminer un sens à l'histoire.

Un avis mitigé donc, sur un ouvrage qui ne m'a pas ravie mais m'a troublée par les nombreux non-dits et le caractère démonstratif d'un auteur qui laisse à son lecteur le soin de mener sa propre réflexion.

À lire pour ceux qui aiment à être désarçonnés !
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