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Critique de belette2911


Tous les champignons sont comestibles, certains une fois seulement (© Coluche).

Et c'est ce qui est arrivé à petit patron Marthinus : tout le monde au repas à mangé des champignons et lui seul est mort empoissonné.

Si le coupable est tout trouvé, Yudel Gordon, le psychiatre de la prison, trouve que le profil ne correspond pas, car Muskiet n'a pas l'eau et le gaz à tous les étages, de plus, c'est un impulsif, pas un type qui prémédite un crime avec du poison.

Alors, notre psychiatre va enfourcher sa tenue de détective et se rendre à Middelspruit. Si vous voulez savoir où elle se trouve, c'est en Afrique du Sud, le pays de l'Apartheid.

Yudel est Blanc et Muskiet Lesoro est Noir, c'était un kaffir. La victime était le fils de Marthinus Pretorius, l'employeur de Muskiet, un Afrikaner. Yudel est juif aussi… Je pense que tout est dit.

À la lecture de ce livre, je peux comprendre qu'il ait été interdit en Afrique du Sud (publié en 1979) car il démontre le côté patriarcal de cette société où on écoute la voix de l'ordre établi et où, comme à l'armée, les inférieurs aiment faire sentir aux plus inférieurs qu'eux, leur petite supériorité.

Dans ce genre de roman noir, le crime n'est qu'un prétexte pour nous décrire le mode de fonctionnement de la société, pour nous expliquer les hiérarchies, pour nous démontrer que la corruption gangrène le tout et que la loi de l'Homme Blanc est plus forte que celle du pauvre Homme Noir.

Que la loi des flics est celle qui prévaut et que si Yudel tente d'y échapper, il risque de se faire tirer les bretelles, et méchamment en plus.

De tous les côtés on lui mettra des bâtons dans les roues et il lui faudra beaucoup de pugnacité pour mener cette enquête à bien. J'avais capté avant lui, mais cela n'a rien enlevé de mon plaisir, puisque j'étais prises dans les rets de cette société horrible qu'est celle de l'apartheid.

Ici, les Blancs, les Afrikaners, refusent la moindre avancée des droits civiques pour la population Noire. Des droits ? Et puis quoi encore ? Ici, tuer un Afrikaner est un crime, tuer un Noir ne l'est pas. Quant à tuer un psychiatre Juif, ce ne serait pas grand mal non plus, juste un simple homicide.

L'auteur balance du lourd, trempe sa plume dans l'acide et rajoute une couche en nous parlant du Boere Nasie, cette organisation visiblement engendrée par un besoin névrotique de pouvoir, ou par la peur de le perdre, car une fois qu'on a le pouvoir et le dessus sur les autres, on aimerait pas qu'il nous chipe des doigts et se retrouver sous la botte de ceux que l'on nommait « inférieur » avant.

Ils m'ont fait penser à ces américains qui ont voté pour Trump parce qu'ils ont peur de ces étrangers qui réussissent mieux qu'eux ou les enfants, que ce soit à l'école ou dans la vie professionnelle.

Ce roman a beau dater de 1979, je l'ai trouvé très juste dans son analyse qui s'applique toujours à notre époque, même si, depuis, l'Afrique du Sud a eu un président Noir et les États-Unis aussi.

Un roman noir fort, puissant, qui décrit avec précision le système en vigueur en Afrique du Sud, surtout dans les petites villes où l'apartheid était encore plus prononcé, où les Noirs partaient bosser très tôt le matin, rentraient tard le soir, éreintés à force de courber l'échine, et où ils n'avaient pas le droit de se trouver au-delà d'une certaine heure dans les quartiers des Blancs.

Un auteur et un roman noir à découvrir, ne fut-ce que pour frémir et s'enrichir afin de ne jamais reproduire cela.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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