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Critique de Sivoj


Sivoj
11 février 2016
Le point fort de ce texte est l'ambiance, qui fleurte avec celle du courant fantastique, mais qui laisse en partie deviner la fin, ainsi que le thème de l'appauvrissement jusqu'à devenir SDF. D'autres lecteurs que moi auraient pu apprécier aussi le côté très descriptif du roman.

Les points faibles me sont plus faciles à détailler que les points forts, et ils m'ont particulièrement horripilé. Après que des critiques aient exalté mon imagination par l'éloge de la "prose ciselée" (cette expression veut-elle encore dire quelque chose après l'avoir employée à tort et à travers ?) de Jean Echenoz, ma déception n'a pas de mot face à cette prose d'une banalité prétentieuse. Ciselée, pour moi, veut dire travaillée, bien balancée, avec des mots justes, bien choisis et qui sonnent bien mais qui sont sont aussi utiles au sens, peut-être qui donnent un rythme, une musicalité, genre Voyage au bout de la nuit de Céline, ou au contraire une prose au style simple, clair et concis, d'autant évocatrice qu'elle est élaguée, genre Albert Camus, George Orwell ou Ernest Hemingway, mais quelque soit le style, une œuvre d'art ou le choix des mots est important. Or, dans Un an, il ne s'agit que du banal emploi d'un vocabulaire soutenu. Parce qu'il utilise le terme "parallélogramme", au lieu de rectangle, ou "faseyantes" pour ne pas répéter "flaccides", n'en fait pas une prose ciselée. Pourquoi ce besoin d'autant préciser, par un vocabulaire inusuel, certains détails ? Que cherche-t-il à prouver ?
À côté du style "précieux" on trouve aussi, par contraste, des formules toutes faites comme "elle n'en menait pas large" ou "tout pont coupé", qui tranchent au point de se dire que l'auteur a oublié de se relire.
Il y a comme une volonté puérile de chercher à se différencier à tout prix des autres, de faire plus original, plus unique, notamment dans les métaphores ; celles-ci sont presque toujours hors de propos, peu pertinentes par rapport à l'élément qu'elles décrivent. Par exemple : "Le ciel consistait en un nuage uniforme où, figurants sous-payés, croisaient sans conviction d'anonymes oiseaux noirs", pas très convaincant ; ou encore "il conduisait comme on touche de grandes orgues" sous prétexte que le conducteur est prêtre, un peu facile ; "elle regardait ce panorama sans domicile fixe qui ne déclinait que son identité, pas plus un paysage qu'un passeport n'est quelqu'un", là encore, beaucoup de mots qui n'évoquent pas grand chose dans ce contexte.
Echenoz abuse aussi d'adjectifs qualificatifs impertinents : "lumière muette", "anthracite cartonneux" ou "bienveillance militaire". Je comprends sa volonté de juxtaposer deux termes sans lien apparent pour créer une image d'ensemble, mais je trouve l'effet souvent raté et aussi artificiel que ses métaphores.

Jean Echenoz a un style à lui, je vous l'accorde, mais qu'est-ce que j'en ai horreur ; il m'a été difficile de m'investir dans l'histoire tant il est distrayant. À mesure qu'on avance, le problème se tasse un peu, mais au final je reste très mitigé, voire déçu. L'intrigue n'est pas exceptionnelle et le style non plus.
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