AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ys


Perdu d'ennui et d'uniformité grise, partagé entre une communauté Amish rigoriste et un ramassis de beaufs irrécupérables, Stepford est de ces bleds qui, à un individu doté d'un minimum d'intelligence sensible, donnent assez vite de se pendre ou de déclencher l'apocalypse. Owen Brynmor s'était bien promis de ne jamais y remettre les pieds - et pourtant, dix ans après s'être échappé de sa ville natale, le revoilà qui s'y installe, décroche un job inespéré au journal local et, dans la foulée, un scoop superbe : une bestiole sacrément bizarre et pour tout dire assez flippante vient d'être aperçue dans les bois alentours.
Ce qui ressemble d'abord à un excellent canular révèle peu à peu son vrai visage. Une histoire de folie, de souffrance et de fureur, qui trouve ses racines bien plus loin qu'on aurait pu l'imaginer... et ne va pas tarder à flanquer un sacré boxon dans les deux communautés de la ville. Fou furieux ou loup-garou, ce qui rôde n'est rien de moins qu'un démon. Mais le mal, bien entendu, trouve toujours son origine au-delà de lui-même...

Après le plus léger Jupons et Violons, Tristan Eglof renoue avec la veine apocalyptico-vengeresse du Seigneur des Porcheries, perdant tout juste (un chouïa) en puissance dévastatrice ce qu'il gagne en nuance. Si Owen incarne un remueur de merde assez sympathique, spectateur plus qu'acteur de ce grand drame qui s'apprête à exaucer ses voeux les plus noirs à l'égard de sa ville natale, le personnage le plus intéressant de l'histoire est de loin le Démon lui-même, autour de qui tout converge.
Victime innocente devenant à son insu bourreau, gamin paumé, monstre malfaisant, incarnation de toutes les pulsions refoulées par les hommes et aiguisées par la souffrance, il est aussi fascinant sous sa forme bestiale qu'attachant sous son visage humain. D'autant plus fascinant que réellement monstrueux : on est loin, ici, des visions édulcorées du loup garou. La force dramatique du personnage n'en est que plus grande, mais aussi, et surtout, la puissance cathartique de la créature, dont chaque déchaînement partage le lecteur entre mille émotions plus ou moins contradictoires, répugnance et jubilation étroitement mêlées. Car le Kornwolf a beau ressembler à un regrettable accident génétique mâtiné de Richard Nixon, puer mille morts, suinter la haine, il vaudra toujours mieux que cet océan de cruauté bête, de mesquinerie égoïste contre lequel il se déchaîne.
Il y a des scènes d'anthologie, dans cette affaire, un humour féroce, et un détournement assez délicieux de quelques bons vieux clichés repris au pied de la lettre. N'en doutez plus, braves gens : le métal est la musique du démon ! Pour le pire, et surtout le meilleur.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}