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Critique de Giraud_mm


À Tanger, les jeunes femmes sont des proies pour des hommes, qui les déshabillent du regard. Pour tenter de comprendre, Alia commence à se photographier nue avec son smartphone. Elle en parle à son ami Ilias qui la met en garde : afficher sa nudité est puni par la loi marocaine.
Peu après, Alia a une liaison avec Quentin, un jeune français de son lycée. Après leur rupture, le jeune homme se venge en publiant les photos sur Internet. La jeune femme est contrainte de s'exiler à Lyon pour fuir la justice de son pays. Mais son passé la rattrape...

Intolérance judiciaire, d'origine religieuse, concupiscence des hommes, frustrés par la même religion, cyber harcèlement, on trouve tout cela dans ce roman qui sent le vécu. À côté, les questions d'une jeune femme qui s'interroge sur ce qu'elle est et sur l'image qu'elle envoie aux autres ont bien peu de poids.
N'oublions pas que, de près ou de loin, subir l'envie et la frustration des hommes est le quotidien vécu par une grande majorité des jeunes femmes. Des expériences déjà particulièrement traumatisantes auxquelles l'homme moderne a ajouté le harcèlement de masse, via Internet.
Alors quand l'image du père se fissure, incapable de s'appliquer à lui-même ce qu'il prône pour les autres...
Ce n'est pas le portrait d'un monde accueillant que nous dresse l'autrice !

J'ai été touché par l'histoire d'Alia, un condensé réussi de ce que vivent sans doute beaucoup trop de jeunes filles, pas uniquement dans les pays musulmans.
J'ai été perturbé par la forme de la narration, et tout particulièrement l'utilisation de la deuxième personne, le "tu" et le "vous".
Bien sûr, cela crée de la distance entre le lecteur et l'héroïne, genre "ce qu'elle vit dans le roman n'est pas exactement la vraie vie ; cela ne peut pas vous arriver ainsi." Encore que... Il faudrait poser la question à certaines.
J'ai également trouvé que cela donnait un ton accusateur, style "si tu n'étais pas sortie des sentiers battus, rien de tout cela se serait arrivé." J'aurais préféré une écriture à la première personne : "j'ai fait une bêtise en laissant mon petit-ami consulter mes photos" n'a pas la violence d'un "tu as fait une bêtise en laissant ton petit-ami..."
Mais c'est le choix de Salma El Moumni, et il lui appartient. Elle a du talent et nous surprendra sans doute encore avec son prochain roman.
Je remercie Lecteurs.com et Grasset de m'avoir proposé de lire ce livre.
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