AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de liberlibri


Michel Eliard a collaboré avec Bourdieu et Passeron pour les travaux préparatoires des Héritiers, publié en 1964. Cinquante ans après, il revient sur le parcours du sociologue béarnais qu'il accuse d'avoir initié par ses écrits la démolition que connaît aujourd'hui l'école publique. C'est un portrait à charge que ce livre, Bourdieu y est abondamment cité, toujours pour être récusé et battu en brèche.

Pour Michel Eliard, la reproduction des élites ne va pas de soi. Si la naissance dans une famille bourgeoise constitue un avantage, l'apprentissage de la culture est individuel et ne se transmet pas. Il réfute donc les thèses de Bourdieu. Selon lui, l'enquête préliminaire aux Héritiers était biaisée car elle ne portait que sur des étudiants de philosophie et de sociologie, ne reflétant pas la population étudiante dans son ensemble.

La suite de l'ouvrage reprend les idées bourdieusiennes sur l'école pour les tailler en pièce. Les plaidoyers de Bourdieu pour une évaluation individualisée pour les enfants, pour un remplacement des concours par des entretiens davantage personnalisés, ne trouvent pas grâce aux yeux d'Eliard. Il y voit le début d'une entreprise de démantèlement de l'école de la République, notamment avec la création des ZEP où l'on ghettoïse plus qu'on ne donne de chances.

Les ouvrages successifs de Bourdieu sont systématiquement passés au crible par l'auteur, La Noblesse d'Etat par exemple, consacré aux grandes écoles. Si l'on résume à grands traits, selon Bourdieu, les grandes écoles constituent un entre-soi réservé à une élite alors qu'Eliard les voit comme une chance pour ceux de famille modeste qui ont pu bénéficier d'une bourse.

Michel Eliard défend finalement la république des professeurs, celle de la IIIe République, dépeinte par Albert Thibaudet qu'il cite à plusieurs reprises. Il se désole de la critique récurrente de Bourdieu contre les diplômes qu'il voit comme une garantie d'égalité, à l'inverse de celui pour qui il a travaillé. Il lui reproche encore d'avoir occulté par ses thèses le combat de la classe ouvrière qui, de 1848 à la IIIe République, a lutté pour avoir accès au savoir et gagner ainsi le droit à l'émancipation.
Commenter  J’apprécie          10







{* *}