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Critique de ClajaB


Je suis ravie d'avoir eu l'occasion de relire « American Psycho » car j'ai l'impression de l'avoir encore plus apprécié que la première fois. D'avoir été plus attentive à la performance et au génie littéraire de BEE, plus réceptive à l'humour omniprésent (je ne me souvenais pas qu'il était aussi drôle et parfois même hilarant !) mais tout autant horrifiée par les scènes de torture insoutenables (j'avais beau me dire qu'elles étaient trop grand-guignolesques pour être vraies tournant presque au burlesque, j'avais beau comprendre qu'elles étaient des allégories de ce milieu impitoyable et carnassier… des pauses ont été nécessaires tant je les terminais au bord de la nausée). BEE lui-même dit d'ailleurs que son roman est avant tout une « comédie ».
Il est peut-être inutile que je vous rappelle que ce roman culte est le portrait du non moins culte Patrick Bateman, Pat pour les intimes, caricature des yuppies des années 80, golden boy de Wall street au physique parfait, serial-killer à ses heures perdues, ou du moins fortement perturbé et schizophrène en puissance si, comme moi, on penche pour la thèse selon laquelle il fantasme ses meurtres. Pat a une fâcheuse tendance il me semble, à ne pas arriver à distinguer ce qui est réel et ce qui ne l'est pas.
Et plus le récit et le rythme des crimes avancent, parallèlement à sa folie grandissante, plus on doute aussi de leur réalité. Il y a de plus en plus d'indices et d'arguments qui vont dans le sens du fantasme. Certes ils peuvent pour la plupart se réfuter mais il y en a trop et certains irréfutables il me semble, pour ne pas sérieusement douter de la réalité des crimes.
Pour ce qui est de la forme, impossible de ne pas mentionner le fameux « name dropping », procédé que je trouve formidable, ou encore les dialogues (que je trouve brillants) parfois, souvent, sans queue ni tête car personne ne s'écoute vraiment. L'intrigue est mince, mais j'ai encore une fois été hypnotisée par ce texte génial au sens littéral du terme. Et je n'ai pu m'empêcher de chercher à essayer de comprendre la personnalité effrayante mais malgré tout fascinante de Patrick Bateman. BEE nous offre une analyse psychologique vraiment troublante et une satire féroce du monde de la finance (et du capitalisme) en nous immergeant dans ce microcosme de « yuppies » superficiels et imbus d'eux-mêmes qui se ressemblent tous, totalement interchangeables.
« American Psycho » est bien plus qu'un roman culte, il est pour moi un chef-d'oeuvre, souvent malheureusement réduit à ses scènes d'horreur alors qu'il est d'une grande richesse.
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