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Critique de Bulveye


Si un livre retrace et décrit l'esprit US des années 80, alors American Psycho est ce livre. le génie d'Ellis réside, entre autre, dans sa capacité à ne pas tomber dans les travers ridicules d'un tueur en série récurant et stéréotypé, contrairement à ce que beaucoup de lecteurs et critiques pourraient croire. Ellis a adapté avec talent ce fantasme collectif d'une Amérique folle pour servir une cause bien plus fondamentale. La description froide, méthodique, perfide, ignoble, insoutenable et insensible des meurtres de Patrick Bateman, golden boy de Big Apple, n'est que le prétexte d'un assassinat autrement plus symbolique, celui du Rêve Américain. Il n'y a aucune ambiguïté vis à vis des motivations d'Ellis... Il a délibérément fait le choix d'un personnage creux, à l'image de ces Yuppies de Wall Street, où le Faire-Savoir est plus important que le Savoir ou le Savoir-Faire... A aucun moment l'auteur ne nous informe sur les raisons qui pousse Bateman à agir; roman pourtant écrit à la 1er personne intérieure, il évite avec brio ce misérable cliché: là n'est pas la question...

Pages après pages, Ellis anéantie le mythe du Rêve Américain qui a englouti des millions d'individus de par le monde, comme il veut casser cette attraction irrésistible vers cet Eldorado qui promet richesse, célébrité, reconnaissance et confort matériel aux naïfs.
Ellis gratte, récure, creuse et nous montre l'envers de ce mythe: Horreur, argent, nombrilisme, exploitation, méprit, haine, corruption, violence... Comble du raffinement, il nous le montre par les yeux d'un des membres les plus représentatifs de ce Rêve Américain.

L'exploitation de la double dualité golden boy/serial Killer et Rêve Américain/Cauchemar, le tout parfaitement imbriqué, est si pertinente qu'elle en devient subversive!
Plus qu'un simple polar, plus qu'un roman policier, American Psycho est une étude sociologique, où Ellis utilise les outils de l'ethnographie pour décrire. C'est justement cette description qui force le respect: Jamais Ellis ne porte de jugement de valeur, il ne donne aucune leçon, il décrit, il montre, il jalonne, il balise, rien de plus.

Attention, le livre est difficile à lire sur les 250 à 300 premières pages. Cette oeuvre se mérite, elle se laisse découvrir lentement pour finalement exploser aux yeux du lecteur. Une fois cet orgasme littéraire acquis, cette première partie du livre, difficile et pénible prend tout son sens.

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