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Critique de Meps


Meps
15 février 2021
Troisième livre d'Ellis pour moi après l'iconique American Psycho et l'intéressant Lunar Park. Merci à NetGalley et aux éditions 10/18 pour me permettre d'explorer cet auteur dont j'apprécie la plume moderne. Même si Lunar Park n'est que faussement autobiographique, on sent que l'auteur glisse doucement vers le nombrilisme de l'auto fiction, même s'il le fait avec un talent d'écriture indéniable.
Avec White, l'auteur passe carrément au genre essai, renonçant à la fiction qu'il semble ne prendre plus plaisir à écrire. Mais il reste bien nombriliste puisqu'il s'attelle si on peut dire à un auto-essai, puisque, sans tomber totalement dans l'autobiographie, il tourne inlassablement autour des sujets en lien avec ses livres, les célébrités qu'il fréquente et le petit monde des happy fews new yorkais ou hollywoodiens.
On pourrait du coup n'être que lassé par ce déballage dont on se sent parfois exclu, cantonnés de notre pauvre côté du bocal (et de l'océan Atlantique) où nous nous trouvons. Mais il y a plusieurs passages qui ne peuvent manquer d'être intéressants.
D'abord parce que (par calcul ou sincèrement on ne saurait totalement le dire) Ellis se place délibérément toujours à l'opposé du politiquement correct de l'époque. Face à tous les anti- (anti Trump, anti mysogynes de Me too, anti raciste de Black live matters) et sans jamais non plus se mettre à defendre le camp opposé, il pointe les incohérences de son temps quand on ne musèle jamais autant qu'en brandissant la defense des droits de l'Homme, quand la soi-disant libre tribune des réseaux sociaux mène à une sorte de folle Inquisition collective qui force les déviants aux excuses. On ne peut rester insensible à ses arguments et la crainte d'une liberté toujours plus restreinte de s'exprimer est bien rendue.

Malgré tout le livre pâtit tout de même de ce que je pointais au début, puisqu'il se limite à dépeindre les aventures de quelques privilégiés. Quand il fait mine de ne pas comprendre que des propos puissent offenser, c'est surtout parce qu'il ne comprend pas que des stars qui s'exposent puissent se plaindre des conséquences néfastes de cette même exposition, et on a tendance à le suivre sur ce terrain. Mais Ellis aurait tort de vouloir étendre ses constatations à toute la société tellement on le sent planer à mille lieues de nos réalités quotidiennes.

Alors, plus que le livre d'un blanc, que le provocateur titre White semble vouloir incarner, c'est aux élucubrations d'une White Star qu'on assiste, pas désagréables à parcourir mais à qui il ne faut pas donner plus d'importance qu'aux voeux qu'on formule en voyant passer une étoile filante.
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