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Critique de Missmarguerite


Vous aimez les polars lus en vous enfermant à double tour, les tueurs en série, les policiers dépassés mais tenaces, les intrigues haletantes qui évitent l'écueil du rebondissement à la mords-moi le noeud ? Ne cherchez plus.

Vous allez croiser ici quelques-uns des pires tordus d'Amérique, vous demander si le Zodiaque est encore vivant ou si Bundy a fait des petits. J'ai adoré ce nouveau roman d'Ellory, ce mélange de fiction et de réalité - parce que bon sang, le gaillard semble avoir mené de sacrées recherches sur les tueurs dont il convoque le souvenir (peut-être vaut-il mieux, d'ailleurs, éviter de trop le contrarier, il doit avoir une fameuse dose de meurtres parfaits en réserve, là). Ce roman m'a rappelé, plusieurs fois, un ouvrage lu il y a plusieurs années, rédigé par un ancien profiler du FBI (et dont, naturellement, je n'ai plus la moindre idée ni du titre, ni de l'auteur); le genre qui vous met mal à l'aise devant les atrocités dont l'homme est capable mais que vous continuez à lire, par une sorte de fascination (malsaine, oui, sans doute), vous disant que d'autres hommes ont été capables, eux, d'affronter ça, d'entrer dans ces esprits tordus, et d'y mettre un terme... parfois. Bref, c'est un peu ça que j'ai retrouvé dans les passages ici consacrés aux affaires anciennes, entre modus operandi, motivations et enquêtes.

Mais reprenons du début.

Ce début qui, après un moment d'interrogation du style "Où veut-il donc aller?" et surtout "Il ne va quand même pas nous faire tout le roman avec ce procédé éculé de l'instrusion dans la tête d'un gars?", s'avère être une introduction vraiment réussie, distillant l'angoisse et la faisant monter crescendo jusqu'à la scène qu'on attend tout en ayant peur de la voir venir.

Et après... Après un bond dans le temps de 20 ans, de nouveaux meurtres ont lieu, si différents les uns des autres que personne ne fait le lien, sauf John Costello. Cet homme, ayant survécu lui-même à un tueur en série, les connait. Il en a même une connaissance encyclopédique, presque compulsive, et pour le coup carrément inquiétante. Au point qu'il est le seul à pouvoir aider l'inspecteur en charge de ces affaires. Ellory nous plonge alors dans un roman de plus en plus noir, dont la violence n'est naturellement pas absente. Mais, à l'inverse de certains romans qui me mettent franchement mal à l'aise, en raison de leur côté violent et glauque totalement gratuit, on perçoit ici rapidement le sens de toutes ces scènes. Et personnellement (je vous l'ai sans doute déjà dit), la violence, si fort soit-elle, me semble acceptable (sur le plan littéraire, bien sûr!) lors qu'elle a une bonne raison d'exister, lorsqu'elle sert l'histoire. Je peux alors la lire, l'affronter, frissonner, m'effrayer. D'ailleurs, ce n'est pas le meurtre lors duquel le coupable fait preuve du plus d'achernement et de cruauté qui s'est avéré être le plus insupportable. Non, c'est par un passage, relaté tout en émotions, en attente, en angoisse et en appréhension que l'Ellory m'a, personnellement, mise au tapis.

Alors, oui, certains y trouveront de la lenteur ou des longueurs. C'est clair que c'est un roman qui prend son temps, qui avance petit à petit dans l'angoisse, mais c'est justement ça qui est bon. Si l'insistance sur les détails concernant les victimes, les noms, les dates, peut donner l'impression de faire traîner le récit, j'y vois (outre un intérêt narratif, parce que c'est quand même ce qui permet de comprendre et peut-être de prédire ce que le tueur est en train de faire) une façon de se rappeler qu'au-delà de ces tueurs devenus célèbres et dont tout le monde connaît les noms et les oeuvres, il y a aussi et surtout des victimes qui se sont comme effacées des mémoires et auxquelles Ellory, à travers John, redonne une existence.

Si l'ensemble n'est pas dénué de quelques clichés (le flic, fatalement solitaire) et faiblesses (le personnage de la journaliste est, pour moi, juste imbuvable dans ses réactions), il n'en reste pas moins un roman captivant et intéressant dans son volet non fictionnel; un roman qui m'a totalement ferrée dès les premières pages et que j'ai été incapable de reposer avant le mot de la fin. Fin que, tout en me disant après coup "Bon sang mais bien sûr!", je n'ai absolument pas vue venir, contrairement à ce qui arrive trop souvent avec ce genre de récit (et on sait à quel point ça m'énerve, parfois). Bref, un très bon roman, et je salue l'excellente idée qu'a eu Sonatine d'éditer enfin en français ce manuscrit paru en VO en 2009.
Lien : http://margueritelit.canalbl..
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