Bien s'entendre avec les autres n'est jamais très facile.
Mais c'est pas une excuse pour pas vivre.
Je faisais Harlem et la 7ème Avenue, j'évoluais au milieu des petites frappes, évitais les bouteilles de vin sur la chaussée, longeais les îlots bondés de Lenox Avenue, et descendais le Lower East Side jusqu'à Tompkins Square, B Street, Avenue B, parmi les ados largués, les solitaires, je roulais, en maraude, invitant la nuit à ouvrir cette porte et à m'accepter dans son obscurité. A me rendre réel avec mon arme.
Une fois chez moi, j'ai écrit dans ce journal : "la solitude m'a accompagné toute ma vie. La vie de solitude me poursuit partout où je vais : dans les bars, les cafés, les cinémas, les magasins, les rues. Pas d'échappatoires. Ne pas aimer, c'est mourir. Tout mon travail cache mon désœuvrement essentiel".
Mars. Je bosse et il pleut depuis des jours, depuis que j'ai commencé, presque tous les jours. Un temps bien pourri, humide et sirupeux. Un début de printemps tout sauf réjouissant. Au moins, on prend qui on veut par ce genre de temps. On va où on veut. "Quand il pleut, le patron de la ville c'est le chauffeur de taxi", tous les types du dépôt vous le diront.