C'est un peu par ennui, un peu par hasard que je relis ce bouquin. Venise, quand tu nous tiens ... Curieux, c'est aussi l'ennui et le hasard, qui par des jeux de transparences, apparaissent présider la vie des personnages en ces années 1848-1849. Dans une atmosphère ouatée, dans un des ses brouillards d'automne montant de sa lagune après une journée trop chaude, Venise perd pied. Pas encore noyée, mais faisant naufrage, Venise se meurt. La Sérénissime a disparu depuis longtemps. Mais las, c'est maintenant l'idée même de ce rêve qui est en train de sombrer. Au loin quelque canon autrichien entonne la marche funèbre ...
Mourir n'est pas de mise, ô Marquise. Est-il cependant hors de propos d'attirer l'attention sur ses palais qui s'éffritent comme l'on plaisentait encore il n'y a pas bien longtemps à Bruxelles ma belle ? Ou serait-ce plus approprié de dire qu'ils se lézardent sous le soleil d'Italie ? D'humour il n'est point trop question dans cette Venise qui sombre, certes l'on se gondole encore sur le Grand Canal mais ce n'est plus qu'un rire de surface, un rire à mer, un rire étouffé par le clapoti des larmes. Perdue la partition d'une grandeur passée ; Mozart semble enterrer Verdi à tout jamais. Et la ville ne plus pouvoir qu'expirer : Laisse les gondoles à Venise ...
"De quel soleil perdu
pourrais-je t'éclairer
te chauffer ?
Où est-il ?
Regarde
souviens-toi
dis-moi
où le fil s'est-il
cassé ?
Où est le soleil
Dis-moi
le soleil ?
La Chanson de l'oubli,
Alessandro GIACOLLI."
p.145
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