AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome s'ouvre sur 4 pages en mer, l'eau a pris une teinte rouge sang et le Punisher demande ce qu'il y a de plus dangereux qu'un barracuda. Passé ce petit goût de futur proche, le Punisher se livre à son travail de tous les jours : exterminer la vermine. Sur le lieu du carnage, il trouve un homme nu comme un ver et ligoté. Ne pouvant s'assurer de sa culpabilité, il le libère avant de faire exploser l'étage de l'immeuble désaffecté.

La police arrive rapidement sur les lieux et coffre Si Stephens, la victime infortunée des trafiquants que le Punisher vient d'exécuter. Alors que Frank Castle déguste un hamburger bien mérité dans un bouiboui, il apprend à la télé que Stephens est incarcéré et il reconnaît à l'écran Lacarda, un flic marron en arrière plan qui se rend dans le même commissariat. Il relie cette apparition inopinée avec la supplique de protection que Stephens lui avait adressée et décide d'en apprendre plus. Ce monsieur travaillait pour Dynaco, une entreprise spécialisée dans la vente d'énergie électrique. Harry Ebbings, le patron de Dynaco, emploie des méthodes qui s'apparente à de la criminalité en col blanc.

Castle décide de faire une exception à ses méthodes en s'attaquant à ces criminels des affaires. Plusieurs facteurs compliquent les choses. Tout d'abord pour agir, il faut qu'il intervienne à Miami. Ensuite, les malheurs de Si Stephens sont imputables à Dermot (O') Leary, le jeune protégé d'Harry Ebbings qui n'a pas su maîtriser le sursaut de conscience de Stephens. Il y a également Alice, la jeune épouse d'Harry qui a le feu au derrière. Pour revenir à une situation maîtrisée, Harry Ebbings fait appel à un homme de main spécial : Barracuda, un très grand black avec un beau sourire et une grande jovialité.

Cette histoire (épisodes 31 à 36) fait suite à Les négriers (épisodes 25 à 30) qui était d'une grande noirceur. Dans un mouvement de balancier, Garth Ennis choisit donc de faire baigner ce récit dans une grosse farce qui tâche, tout en construisant un scénario solide. Ennis utilise le Punisher pour parler de la criminalité en col blanc, de l'ultra-libéralisme en folie et des opérations de haute finance déconnectée des réalités de production de l'entreprise.

Comme d'habitude avec Ennis, le lecteur n'a pas besoin de réviser avant de se plonger dans ce monde. La narration repose sur des scènes d'action fortes, avec des passages consacrés à l'explication de la situation. Ennis ne joue jamais au pédant et il insère habilement les thèmes cités dans l'intrigue pour que le lecteur puisse bénéficier du faible volume d'explications nécessaires sur ces points, sans être ni perdu, ni assommé. Comme d'habitude, Ennis prend bien soin d'inventer un adversaire à la mesure du Punisher, doté d'un caractère inoubliable. Barracuda est une montagne de muscles, avec une capacité surnaturelle à toujours prendre les choses du bon coté. Il trucide avec le sourire, et il se fait charcuter avec le sourire.

Le méchant de l'histoire est encore une fois une très grande réussite. le décalage entre sa bonne humeur inoxydable et les horreurs qu'il commet génère un humour noir irrésistible. Cet humour transgressif se nourrit également des ambitions de Dermot Leary et des manipulations de garce d'Alice Ebbings. Ils se comportent comme 2 comploteurs de sitcom plongés dans le monde du Punisher.

C'est au tour de Goran Parlov d'illustrer les aventures du Punisher. Cet artiste a une sensibilité européenne (normal il est né en Croatie et s'est installé en Italie). Il a un style assez sec, parfois plus esquissé que détaillé. Il ne cherche pas à flatter l'oeil par de jolies illustrations, il préfère l'efficacité et l'âpreté. En fonction des planches, le résultat présente des imprécisions qui flirtent avec l'amateurisme de bon niveau, ou au contraire la sécheresse des formes représente à merveille la mesquinerie et la noirceur des personnages en place.

Les 4 premières pages sont autant de pleines pages. La composition des 3 premières met en avant la folie furieuse des requins en train de se repaître de victimes. La représentation des mouvements de l'eau de la mer et la répartition des cadavres apparaissent artificielles, trop éloignées des impressions que donne la réalité. Par opposition, la dernière est une composition en contreplongée depuis la surface de la mer vers l'arrière du bateau de Barracuda. Même si l'angle de vue est un cliché, la réalisation du dessin (détails du bateau, posture du Punisher, présence des mouettes, dureté des traits) transmet parfaitement les sensations et l'émotion.

Parlov accorde beaucoup d'attention aux décors, ce qui permet au lecteur de pouvoir s'y croire dans les différents sites. Globalement, les illustrations accomplissent un bon travail de mise en images du scénario pince sans rire et saupoudré de situations outrées, tout en les rendant plausibles. de ci, de là, il reste quelques détails difficiles à avaler (les biceps de Castle plus gros que sa tête) mais ça ne va pas jusqu'à heurter et casser le fil de la lecture.

Garth Ennis modifie son dosage en augmentant les ingrédients d'humour noir et de grosse farce, tout en conservant les autres (violence, sadisme, cruauté, brutalité et punition des méchants). Goran Parlov effectue une mise en images efficace, le plus souvent juste et percutante, parfois un peu gauche. le massacre continue dans L'homme de pierre (épisodes 37 à 42). le personnage de Barracuda étant tellement attachant, il a eu droit à sa propre minisérie "Barracuda MAX" et il reviendra dans l'un des tomes suivants.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}