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Critique de christinebeausson


Per Olov Enquist (P.O.E) est un intellectuel suédois très engagé politiquement.
Il a toujours, pris des positions, tenu des engagements, défendu les idées qui lui tenaient à coeur.
Ses livres, outre le fait d'être écrit dans un style remarquable sont aussi des constructions surprenantes, qui nous traînent derrière lui, à la remorque pour comprendre le message qu'il veut nous dévoiler.
Autant vous le dire tout de suite, lire un P.O.E ne met pas nos neurones au repos, ils doivent s'activer fortement.
Ma découverte de l'oeuvre de ce monsieur m'a entraîné vers ce titre ... comment un homme pouvait devenir un tricheur pour se dépasser et détenir un record.
Je me rappelle d'un autre titre abordant le même sujet, "Le malheur d'être un Skrake" de Kjell Westö, un auteur finlandais que j'adore. Il nous a raconté entre autre une histoire de famille, les Skrake et de ce qui a amené le malheur sur Werner, le lanceur de marteau, le roi des dilettantes, celui qui a toujours raté aux derniers moments son instant d'éternité.
Je pensais retrouver ce même moment d'errance pour comprendre ce qui amenait certaines personnes à faire et refaire le même geste technique afin d'arriver au moment parfait.
Mais c'était confondre les intentions des auteurs. P.O.E est un philosophe politique qui cherche à nous montrer le sens de chaque action et là, c'est le sport comme arme politique dans la société.

Le sport comme instrument d'instruction massive :
Le Parti communiste a construit des clubs sportifs pour éduquer les masses, des militants communistes dirigeaient ces clubs.
Les religieux ont construit des clubs sportifs dans le but de défouler les masses et discipliner leur énergie vers le collectif et non vers l'individualisme.
Les fascistes ont récupéré le sport populaire pour ériger le modèle de l'homme vainqueur aux yeux bleus et à la peau blanche.
La grande partie des sportifs eux, se sont laissés conduire.

Le sport comme instrument d'éducation populaire :
Détailler les techniques, celle du lanceur de marteau, celle de la boxe, celle du saut en hauteur, et même quelques détails sur le foot.
Nommer le second, comme le second d'une fratrie, comme celui qui guide le boxeur autour du ring, qui conseille, soigne, motive le combattant.
Pouvons nous aujourd'hui proclamer : un ouvrier est antifasciste, cela va de soi, sinon il n'est pas un ouvrier mais un traître à sa classe ?

Un détail a avivé ma curiosité, un site de mémoire oublié, que peu de gens viennent visiter, le camp de Salaspils, prison de police et camp de redressement par le travail Kurtenhof, au sud est de Riga, les Allemands le firent fonctionner d'octobre 1941 à la fin de l'été 1944. (*)

La conclusion de ce livre comme une épitaphe non inscrite pourrait être : "les grandes compétitions exigent de grands résultats."
Il faut attendre 384 pages pour comprendre le pourquoi de ce livre, un très bel hommage au père :
"Tout en bas de la dernière page, j'écris à nouveau ton nom : Mattias Jonsson-Engnestam-Linder. le fils du porteur de rail, le vainqueur du danois Hansen, lâcheur de ballons, mangeur de hareng, trompeur et trompé. Maintenant ton texte commémoratif est terminé, papa".
Comme il est émouvant de lire ces quelques lignes adressées à un homme qui en aurait certainement eu besoin, et qui viennent si tard de la part de celui qui a toujours été son second !

(*)
Officiellement, le camp de Salaspils n'était pas classé comme un camp de concentration.
Il avait deux entités: la première autour d'un petit camp de travail destiné aux prisonniers soviétiques et aux prisonniers politiques originaires des pays baltes, quelques juifs y furent aussi détenus.
La deuxième entité fonctionna à partir de 1942, le camp était alors, destiné aux populations civiles soviétiques originaires de régions favorables aux partisans, parmi lesquelles plus d'un tiers de juifs. Environ cinquante mille personnes y trouvèrent la mort.
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