AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dixie39


Une pièce de théâtre que j'aurai adoré voir : le titre est explicite mais ne renferme pas l'étendue de tout ce qui est abordé dans ces quelques pages.
Eve Ensler, en 1996 décide de s'attaquer à un tabou : Faire parler les femmes de leur « vagin » ( déterminant employé ici pour désigner l'ensemble des organes sexuels féminins) mais surtout de la manière dont elles se le représentent, comment elles l'ont « découvert » et de la liberté qui leur est laissée d'en user et de l'assumer...
L'auteure lève le voile sur des non-dits, des principes édictés par « des bonnes manières », par la culture et la société, enfin toutes ces choses liées au sexe de la femme et qui sont passées sous silence.

« Ça fait peur de dire le mot. « Vagin. » La première fois, vous avez l'impression de vous écraser contre un mur invisible. « Vagin. » Vous vous sentez coupable et en tort, comme si quelqu'un allait vous frapper. Et puis, peu à peu, quand vous avez dit le mot une centaine ou un millier de fois, il vous apparaît que c'est votre mot, votre corps, votre moi le plus essentiel. Vous prenez soudain conscience que toute la honte et toute la gêne que vous éprouviez avant, en disant ce mot, n'étaient qu'une façon de réduire au silence votre désir et de saper votre ambition. »

Eve Ensler passe d'un humour potache de « que dirait votre vagin s'il pouvait parler », « quelle tenue porterait-il ? » à une réalité plus sordide : viols, excisions et aliénations liées à la condition féminine.
Pourquoi ce qui paraît normal ou n'est pas un sujet de honte ou de réprobation culturelle et sociale chez un homme l'est chez une femme : la découverte de ses organes sexuels (voir, toucher, dire) et la recherche du plaisir qui va avec ?

L'interview de Whoopy Goldberg est pleine d'humour (pas étonnant) mais d'une telle lucidité également... On a toutes, je pense, eu en tête au moins une de ses réflexions à un moment de notre vie (je vous laisse les découvrir).

On aimerait en savoir plus sur les « guerrières du vagin » et le V-Day, sur ce qui est entrepris pour lutter contre le nombre effrayant de viols qui se perpétuent partout dans le monde dans une quasi-indifférence. Pourquoi est-ce qu'on en est réduit à considérer cela comme une fatalité ?

« Chez les Indiens d'Amérique, un guerrier est quelqu'un dont la responsabilité première est de protéger et de sauvegarder la vie. La lutte pour mettre fin à la violence est une guerre permanente. Émotionnelle, intellectuelle, spirituelle, physique. Elle demande toute notre force, notre courage, notre acharnement. Cela signifie parler quand tout le monde dit de se taire. Cela signifie tenir la distance, pour qu'un jour enfin les coupables soient confrontés à leurs actes. Cela signifie exiger la vérité même si pour cela il faut perdre sa famille, sa patrie, ses amis. Cela signifie développer la force d'esprit nécessaire pour plonger et survivre dans les tourments que cette violence provoque et pour, dans cet espace dangereux, fait d'inconnu terrifiant, acquérir une sagesse plus profonde. »

Les guerrières du vagin ne sont pas à l'image des « femen », elles n'ont pas d'idéologie à défendre, ni d'esprit de vengeance, ni encore moins d'hommes à soumettre, mais elles sont avides de justice et de tolérance. Elles défendent celles qui donnent la vie en créant des refuges et en aidant à l'évolution des mentalités et des lois. Des hommes sont aussi à compter dans leur rang.
Les guerrières du vagin «savent que ce n'est pas le châtiment qui fait cesser l'arbitraire. Elles savent qu'il est plus important de créer un espace où le meilleur peut se produire, plutôt que « de faire apprendre une leçon aux gens ». »

Qu'en est-il presque 20 ans plus tard ? Est-ce que les choses ont réellement évolué ?
Tout ce que je peux voir et entendre autour de moi m'incite plus à la vigilance et à la préservation d'acquis durement gagnés qu'à la satisfaction d'une égalité accomplie...
Commenter  J’apprécie          416



Ont apprécié cette critique (31)voir plus




{* *}