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Critique de carolitne


« Mon petit », c'est l'enfance qui n'est plus, sortie du ventre d'une mère qui n'en est pas vraiment une, sortie du coeur d'une ville qui ne sera bientôt plus. C'est l'enfance qui n'est rien, d'une petite qui n'a rien, dont la fiche de famille est vide comme le coeur est plein. Empli de frères, de soeurs, de voisines, de copains, d'un kaléidoscope de couleurs irradiant son âme, confluant vers Grand-Maman, figure protectrice et âme providentielle. Riche de chorégraphies endiablées, de repas déséquilibrés, de multiples foyers, de questions posées. Restées sans réponse, précurseuses d'une tragédie dessinée par la destinée, de la fatalité qui arrache tant à ceux qui ont si peu. Dont l'injustice n'a d'égale que son inconcevabilité.
Car « mon petit » c'est l'enfant qui n'est plus. Quand le silence qui n'a plus rien d'un jeu a tout envahi, quand il n'y a plus que lui à enfanter. Quand le passé est pour toujours, quand un instant devient l'éternité, Quand quelques mots posés sur du papier ne disent rien tant ils disent tout. Disant tant pour ne rien dire. Car que dire, quand toutes les violences, qui ne sont ordinaires que par la fréquence à laquelle des proches, des institutions, des parents les infligent à leurs victimes, convergent en une explosion extraordinaire tant qu'inaudible, inintelligible, indicible.
Car « mon petit » c'est les mots qui ne sont plus. Qui ne sont pas, pour exprimer la déflagration qu'est ce roman. Qui s'empare de son lecteur, par sa langue rythmée, ses mots martelés et ses phrases scandées ; par une écriture qui claque, par un style qui décape. Jusqu'à l'envahir par sa brutalité, à le submerger par sa douceur. Il est des livres vers lesquels on va, enthousiaste, sceptique, admiratif ou étranger. Il est des livres vers lesquels on ne va pas. Tant ils prennent possession du lecteur par leur force, leur incandescence, leur densité. « Mon petit », c'est le lecteur qui n'est plus. C'est le roman qui est tout.
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