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EAN : 9782493699046
280 pages
LIVRES AGITES (24/08/2023)
4.2/5   128 notes
Résumé :
Belleville dans les années 90 : chez Grand-Maman dans la cité HLM de la rue Piat, Naëlle porte des robes à col Claudine, apprend qu’il faut dire les « intempéries » et non « un temps de merde », s’arrête tous les jours devant chez Madame Ah qui expose des canards sans tête dans son restaurant chinois.
Porte de Montreuil : chez Jeanne, sa mère, infirmière, libre et bohème, abonnée aux huissiers, c’est dîners Bananiabiscottes, tourne-disque et les Jackson Five... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
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Comme l'écrit si justement Vanessa Caffin éditrice de Livres Agités, maison d'édition indépendante dédiée aux primo-romancières et qui publie Mon Petit de Nadège Erika, ce livre est « un cri, celui des invisibles ».
Nous entrons dans ce premier roman, directement dans Belleville sur les pas de la narratrice, une femme de quarante-cinq ans.
Elle vient de démissionner de la fonction publique. Si elle a plaqué la structure qui accueillait des mères adolescentes, des ados et des postados en danger ou en difficulté après avoir bossé dans un foyer d'accueil d'urgence pour enfants, c'est que « dans ce secteur, il se passe des choses que je ne veux plus voir ni savoir. »
Elle est donc revenue à Belleville sur les traces de son enfance et de sa jeune vie d'adulte pour écrire. Écrire pour mettre des mots sur ce qu'elle a vécu, « pour emballer ses tourments », une sorte de rempart à la douleur et à l'injustice.
Le récit de sa vie est en effet loin d'être anodin et elle vivra un drame sans nom, un drame qui n'a pas de fin.
Même si ce Belleville qu'elle retrouve a été gentrifié comme l'avait prédit sa grand-mère, s'il est tout autre, il est pour elle toujours comme avant.
Elle se retrouve bientôt dans la rue Piat devant l'appartement de sa grand-mère. Plantée devant le paillasson, Naëlle ferme les yeux, et entre comme dans un rêve, revient dans les années 90 et revoit…
C'est donc dans cette cité HLM, rue Piat, chez Grand-Maman, que Naëlle, son frère aîné et ses deux petites soeurs vivaient durant la semaine. le week-end, ils allaient chez leur mère Porte de Montreuil.
C'est ainsi que Naëlle a navigué toute son enfance entre l'escalier E (rue Piat) et l'escalier 12 (Porte de Montreuil). Deux univers complètement différents, deux modes de vie diamétralement opposés, la rigidité du cadre chez la grand-mère la semaine, et la bohème chez Jeanne, la mère, le week-end, Jeanne et ses quatre mômes de quatre couleurs et quatre pères différents. « c'était ça ou la DDASS ».
Naëlle n'était jamais là où elle voulait, sa mère lui manquait tout le temps en semaine et elle ne pensait qu'à sa grand-mère le week-end…
Elle grandit et aux questions qu'elle pose, pas ou peu de réponses. Elle rencontre des hommes jamais comme il faut, puis tombe amoureuse de Gustave, le plus beau gars du quartier, de Belleville aussi, mais pas du même Belleville… Elle devient mère à dix-neuf ans.
La vie continue avec ses éclats de rire et ses silences mais le drame guette et sera d'une terrible férocité.
Le titre Mon Petit fait référence à cette enfant, Naëlle, propulsée dans la vie adulte bien trop tôt et qui adorait que sa grand-mère l'appelle ainsi parfois. le « mon » voulait dire qu'elle était vraiment à elle et le « petit » qu'elle avait le droit de ne pas toujours être une grande soeur, une personne raisonnable devant montrer le bon exemple.
Avec ce premier roman, Nadège Erika nous offre un récit absolument bouleversant, poignant et tragique.
L'auteure nous conduit depuis l'innocence de l'enfance, jusque dans les pas effrénés d'une jeune fille décidée à vivre plus tôt que les autres, avec un appétit de vivre délirant, paralysé brutalement. Seule la force qu'elle a pu trouver en elle lui a permis de s'arranger avec la réalité, mais quelle force !
J'ai été captivée par ce roman, par l'écriture alerte, rythmée et imagée de Nadège Erika.
Il est une ode magnifique à ce quartier de Belleville et la description faite avec humour des Gentrificateurs et de la boboïsation du quartier très réaliste et savoureuse.
Ardéchoise et ne connaissant pas ce territoire, je n'ai sans doute pas saisi toutes les subtilités de cette vie parisienne et me suis parfois perdue dans certaines rues…
Mais j'ai avant tout été touchée et bouleversée par la douleur éprouvée par cette jeune maman, victime par ailleurs de violences conjugales, l'impossibilité et l'interdiction d'évoquer la mort de son bébé ayant encore aggravé cette douleur extrême.
J'ai été indignée et révulsée par l'attitude ignominieuse de ce médecin appelé en urgence, un comportement injustifiable.
Les séquelles psychologiques sont toujours là vingt-six ans plus tard, et elle éprouve encore régulièrement une forme de culpabilité et de la honte à ne pas avoir réussi à mener sa grossesse jusqu'à son terme. Terriblement poignant.
Plus que tout, j'ai admiré cette force, cette vitalité, cette énergie dont a fait preuve cette femme pour faire face à tous les évènements auxquels elle a été confrontée. Malgré toutes ces épreuves, elle est restée debout !
Dans ce roman, en partie autobiographique, Nadège Erika démontre les pouvoirs de l'écriture.
Avec des mots, elle crie la douleur de ses maux, elle écrit ses joies, ses peines, ses incompréhensions, ses peurs, sa douleur, sa colère. L'écriture, comme une sorte de thérapie, un moyen d'aller de l'avant et de refuser le statu quo.
Ce roman est également un moyen de s'intéresser à tous ces gens dont les histoires ressemblent peu ou prou à celle-ci. Dans son quotidien d'éducatrice spécialisée dans le médico-social, Nadège Erika en a croisé beaucoup...
Mon Petit de Nadège Erika, un roman contemporain, percutant, sombre mais enjoué, a été pour moi un véritable coup de coeur que je vous incite vivement à découvrir.
Tout comme pour Biche de Mona Messine aux mêmes éditions, une magnifique couverture augure déjà d'un contenu passionnant.
Un grand merci aux éditions Livres Agités pour leur confiance.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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« J'écris pour emballer mes tourments dans un corps de papier et mettre des mots sur une histoire qui en a manqué. Au même titre que d'autres fluides corporels, l'écriture, chez moi, est une sécrétion. »

Naëlle, la narratrice, 45 ans, vient de quitter son travail de travailleuse sociale dans un foyer d'accueil pour enfants, besoin d'écrire, raconter sa vie pour la raconter en face. Dans une urgence maîtrisée qui joue avec la pudeur, elle se livre sans réserve : sa fratrie de toutes les couleurs, tous de pères différents, tous déserteurs ; ses aller-retours entre Belleville et Montreuil, entre une mère débordée par sa vie amoureuse et une grand-mère jouant la maman bis, « deux ventricules d'un même coeur » ; son premier amour, sa grossesse précoce sa première expérience conjugale et maternelle.

La première partie est remarquablement à hauteur de l'enfant et de la jeune fille qu'a été Naëlle. J'ai été immédiatement charmée par l'écriture affûtée et directe de Nadège Erika, son flow entre énergie et douceur, pleine d'humour aussi, enveloppe le récit d'une tonalité juste, un peu à la Renaud, qui dit à merveille l'insouciance désinvolte de la jeunesse. Les passages sur sa grand-maman compose un magnifique portrait de grand-mère, elle la bretonne rigide qui ne comprend pas sa fille toute blonde qui fait des gosses à la pelle dès ses seize ans avec des Noirs alors qu'il y a plein de Blancs disponibles, mais dont l'amour inouïe qu'elle porte à ses petits-enfants corrige naturellement son racisme initial.

« Même si je n'ai plus le désir d'y vivre, même si j'ai oublié certains lieux et certains repères, même si le quartier a changé et a subi une gentrification de plus en plus marquée, Belleville, ça reste chez moi. Belleville, c'est à moi. Je pourrais me coucher là, par terre, et ne plus en bouger. Je ne sais pas si c'est la proximité avec l'enfance qui me procure cette sensation, mais dans ce quartier, j'ignore toute notion de temporalité.

De Renaud, on passe à Modiano pour déambuler dans le Paris populaire de l'Est des années 1990 avant la gentrification. On parcourt les rues en pente de Belleville aux côtés de Naëlle, chaque lieu réveille un souvenir précis, géographie émouvante qui est au coeur du récit, un coeur palpitant. On a envie de parcourir toutes les rues décrites, mais en fermant les yeux pour faire disparaître les juice bars de bobos et leurs cheese-cakes au tofu, pour retrouver le pouls bellevillois et capter un peu de sa saveur d'antan.

Au mitan, le récit prend une tournure tragique que je n'avais pas vu venir. Avec l'irruption d'un terrible drame qui bouscule tout sur son passage, l'écriture évolue et se fait cri pour mettre des mots sur les silences, sur l'absence de mots pour dire une telle descente aux enfers. Assurément un rempart à la douleur et à l'injustice, une façon de dire, d'énoncer et de réguler les coups durs de la vie, pour survivre.

A chaque page, on sent l'engagement de l'autrice et l'intensité qui va avec. Mon petit est un roman politique qui parle l'air de rien de la France d'aujourd'hui et sur ce que c'est d'être une femme métisse née dans un milieu social populaire. Il est question de racisme, de mépris, domination et violence de classes avec la maltraitance institutionnelle qui peut en découler, de la précarité des vivants et des morts au confluent de ces luttes qui touchent les plus vulnérables de notre société. Jamais Nadège Erika, dont on sent qu'elle a mis beaucoup d'elle et de son intimité dans son texte, ne tombe dans un excès de larmoyant impudique.

Sa sincérité touche direct jusqu'au dernier chapitre, bouleversant par la pureté de son propos, point final qui conclut avec force ce premier roman très convaincant : il donne un sens au parcours de la narratrice en sublimant la porosité entre son activité professionnelle et sa vie personnelle.

Lu dans le cadre de la sélection 2024 des 68 Premières fois #3
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Entre l'escalier 12 et la rue Piat, Nana, qui évoque parfois la fleur des ruisseaux que fût l'héroïne de Zola, vit une jeunesse aussi agitée et désinvolte, tourmentée cependant par les réponses qui ne viennent pas. Dans sa famille, on ne dit pas les malheurs, qu'ils soient présents ou juste occupés dans les silences qui en disent long. L'adolescence sera brève, une grossesse inopinée à dix neuf ans cèlera le destin de la jeune femme.

Dans ces lignes transparaissent l'amour inconditionnel pour ce quartier de Belleville, et surtout pour ce qu'il était avant que les bobos fassent surgir d'on ne sait où les kebabs à l'épeautre et à la betterave, et plus sérieusement rendent inaccessibles les prix des loyers.

La suite des événements aurait-elle été différente si Grand maman n'avait pas été contrainte à s'expatrier à cent cinquante kilomètres de Paris ? Nul ne le sait et probablement non.

Il y a beaucoup d'amour partagé au sein de cette famille qui ne coche pas les cases requises pour ne pas s'attirer d'ennuis administratifs de toutes sortes. La mère de Nana est un cas d'école.
Un amour peu exprimé, délégué à la grand-mère, mais indiscutable.

Beaucoup de vie dans ce roman, à l'image du quartier polychrome que fût Belleville, grâce à l'écriture directe, aux dialogues sans artifices, et à la vivacité des phrases pour exprimer la diversité des sentiments et émotions qui traversent le texte.

Premier roman poignant et réussi

280 pages Livres agités 24 août 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Merci à Babelio et aux éditions Livres Agités pour cette belle lecture d'avant publication.

Mon Petit est un livre à double détente. C'est aussi un premier roman (mais je crois que c'est la marque de fabrique des Livres Agités) manifestement autobiographique. Nana, la narratrice, est représentée sur la première de couverture en jeune fille métisse sur fond de couleurs fulgurantes. Cela donne parfaitement le ton du récit.
Nana, donc, va faire la chronique de son enfance et de son adolescence chahutées jusqu'au drame qui va survenir, qu'on voyait venir, qui enfle, qui gronde et qui va nous submerger.

Mon Petit est d'abord le récit d'un quartier, le Belleville du haut, celui qui vit et résonne entre les Buttes-Chaumont et Ménilmontant, et que Nana/Naëlle/Nadège sillonne, arpente en passant le plus possible par un épicentre qui l'aimante : la place Gambetta. Je connais bien ce coin-là et lorsque l'autrice décrit finement le processus de gentrification en cours, j'ai le sourire un peu crispé et me reconnais parmi les Gentificators en Stan Smith, buvant du rooibos et du vin naturel, cherchant la meilleure burrata et le Biocoop le plus proche.
Nana est pauvre. Et dans les années 80, Belleville c'est l'entrecroisement du cosmopolitisme et de la zone.
Elle vit la semaine chez sa grand-mère (Grand-Maman, rigide, bourgeoise et bienveillante) et le week-end chez Jeanne (sa mère, fantasque et négligente). Elle a un grand frère et deux petites soeurs, tous de couleurs et de pères différents !
Rien de bon ne sortira de cette éducation asymétrique mais rien d'abominable non plus. C'est ce qu'elle dit, en tout cas.
Nana connaitra la violence ordinaire, volera, fuguera et sera rapidement déscolarisée. Elle sera enceinte de jumeaux à dix-neuf ans. le géniteur, Gustave, ne sera ni un conjoint fiable ni un père bienveillant…
Ce qui m'a beaucoup plu dans ce récit c'est sa tonicité, sa tendresse, sa vérité en somme : celle d'une chronique douce-amère mais d'années difficiles.

Et puis le drame surgit et la narration se transforme en un long cri d'effroi et de peine On passe des Allumettes Suédoises 3.0 à une écriture impulsive, enragée, marquée par la culture rap. Et cette scansion est une grande réussite.
« Mon Petit » est aussi la façon dont sa grand-mère l'appelle, tout comme elle appelle l'un de ses jumeaux.
Difficile d'en dire plus ici, évidemment.
Le personnage de Nana est particulièrement touchant, on voudrait l'aider, la câliner, la réparer un peu. Mais elle n'a pas besoin de nous, l'écriture a été un formidable exutoire.
Je pense que ce livre peut plaire aux jeunes adultes . Il peut être lu par tout le monde bien sûr (la preuve )mais il y a un ton, un flow inspirant et ultra -contemporain qui peut attirer un lectorat ardent.


On ressort de ce récit lessivé, impressionné et très ému.
Et du coup on a envie d'aller boire un coup au Moncoeur Belleville pour voir les touristes s'émerveiller et se prendre en selfie devant la plus belle vue de Paris.
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Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions Livres Agités pour m'avoir fait parvenir ce roman dans le cadre de cette Masse Critique privilégiée !

Suite à la quatrième de couverture, je pensais lire les mots d'une narratrice adolescente, or pas du tout… ! On découvre une Naëlle largement adulte qui se remémore des souvenirs...! Je ne m'attendais pas à cela, mais finalement on s'habitue vite et nous voilà plongé dans l'ambiance des rues de Belleville et le récit de la protagoniste.
Il ne m'a fallu que quelques pages pour réussir à accrocher à cette lecture. J'ai de suite aimé sa manière de raconter, le détail de ses anecdotes… On découvre ainsi une atmosphère un peu mélancolique tandis que Naëlle se remémore son enfance et adolescence. Un quotidien pas toujours des plus faciles en réalité, à naviguer entre chez sa mère et sa grand-mère dans deux univers complètement opposés, sa mère galérant pour subvenir à ses besoins à elle et ses frères et soeurs, un père absent de sa vie…

J'ai aimé le personnage de Naëlle. Elle m'a très vite touchée, sans que je ne sache dire pourquoi. le fait qu'elle soit une jeune fille banale, qui se pose des questions (dont elle a parfois les réponses, parfois non…) et qui a envie de vivre, fait qu'on peut facilement s'y attacher et s'y identifier, même si je n'ai pas du tout grandi dans une situation similaire à la sienne.
J'ai aussi rapidement apprécié le personnage de Grand-Maman, que Naëlle aime énormément. On sent son affection pour elle, et cette affection se communique à nous lecteur.ice.

Ainsi, la Naëlle adulte évoque des souvenirs de manière non chronologique. On peut se dire qu'il ne se passe rien de dingue en terme d'intrigue, mais j'ai beaucoup aimé la suivre au fil des pages ; elle est attachante, la plume est agréable, la lecture est fluide.

Et puis… Ce n'est pas tout, non, bien sûr.
Quelque part au milieu de cette histoire de vie, il y a un drame.

Un drame auquel je ne m'attendais pas vraiment.
Un drame qui ne peut laisser indifférent.e.
Un drame qui fait que cette lecture est si marquante.

Quelque part dans ce roman, il y a toute une partie qui m'a fait ressentir des émotions fortes et indescriptibles.
J'ignore si ce drame-là avait été dit avant, dès le début du livre. Peut-être. Peut-être que je n'avais pas été assez attentive en lisant les premiers chapitres. Peut-être avais-je manqué l'info. Ou que je le savais déjà et que je n'y pensais juste plus. Enfin bon, je ne sais plus.
Toujours est-il que je ne m'attendais pas à ce que cela soit si brutal.

Un moment si atroce et si tragique a été parfaitement bien raconté et écrit par l'autrice. En tant que jeune lectrice, qui n'a jamais vécu cette souffrance-là, j'ai malgré tout ressenti beaucoup d'émotions, ces émotions-là que les mots ne peuvent décrire.

Ce roman dégage énormément de douleur, une douleur terrible et indicible.
Mais de ce roman se dégage aussi tellement de force…

Il m'est difficile de décrire cette lecture, mais ce qui est certain, c'est que je ne m'attendais pas à en ressortir autant touchée, autant chamboulée.
Ce livre ne peut laisser indifférent.e. Je trouve qu'il s'en dégage énormément de choses, et je ne m'en doutais pourtant pas du tout en le commençant…

On y trouve tellement de brutalité, de dureté, mais aussi tellement d'émotions et d'humanité…

Enfin bon. Merci Babelio pour cette belle, très belle découverte ! Je recommande !
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
J’ignorais l’hiver. Il n’aurait pu me refroidir plus que la mort ne l’avait fait le matin même ; j’étais un petit cadavre de mère déambulant dans la ville le soir de la mort de son fils, marchant seule dans Paris. J’ai marché, et j’ai atteint la Seine. C’est elle que je voulais. C’est dans ses bras que je voulais me jeter. Je suis allée de pont en pont, comme ivre. J’entendais des voix de bébés. J’entendais ma mère qui m’appelait. La réalité est que j’entendais, en chœur, la folie qui me guettait et la vie qui me retenait.
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Le palier a beaucoup rétréci, j’ai eu la même impression en passant devant l’école maternelle il y a quelque temps. Elle aussi est devenue toute petite. Les chevaux de bois scellés au sol dans la cour de récré m’ont paru minuscules. Je ne sais pas comment le dire, mais tout a rétréci dans le quartier. Même la cage aux poules des Buttes-Chaumont est devenue étonnamment étroite. Ainsi va donc la vie, ainsi va donc le monde ? Tout devient-il fatalement trop petit ?
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Pour la majorité des gens de Belleville et des visiteurs, la rue Piat, à l’époque, était un coupe-gorge qu’il fallait contourner. Nous étions loin des pique-niques branchés qui ont lieu désormais au bout de la rue. Mais comme pour tous les gamins du coin, peu nous importait de vivre dans une no-go-zone qui deviendrait bientôt une bobo-zone, nous n’entendions même pas les plaintes des adultes.
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Rue Piat, la plupart du temps on textote sur des téléphones qui coûtent un Smic et que l’on paie en douze ou vingt-quatre fois en attendant le prochain modèle, sauf si on en récupère un « tombé du camion ». Nouveau téléphone = nouveau crédit. Même si, pour faire ça il faut être con comme un balai sans manche, et même si, souvent, je me demande vraiment ce qu’ils ont dans la tête, je sais que toutes ces conneries-là, ils ne les choisissent même pas, la société s’en charge pour eux.
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Ma grand-mère ne supportait pas que la télé puisse être allumée en permanence. Elle trouvait que cet objet de malheur avait été inventé pour nous abrutir. Si on voulait la regarder, il fallait que ce soit un programme qu’elle approuvait, jamais une veille d’école, et encore moins si les devoirs n’étaient pas faits.
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