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Critique de Symphonie42


J'attendais ce livre avec une grande impatience, et aussi un peu d'appréhension. Les 4 premiers, je savais que je les aimerais, puisque je les avais déjà lus en VO. le 5 était donc une pure découverte, même si je savais qu'on repartait avec de nouveaux lieux, de nouveaux personnages. Et si je ne l'aimais pas, celui-ci ?

Vers le milieu du livre, j'étais complètement crispée sur le bouquin, effarée par ce qui arrive au personnage. A ce moment là, j'ai réalisé que la sauce avait, encore une fois, bien fonctionné.

Le Livre des Martyrs, c'est l'un des (le ?) univers le plus vaste que j'ai jamais lus. La timeline des évènements se déroule sur des centaines de milliers d'années, il y a plusieurs continents, des races originales et fascinantes (mention spéciale aux K'Chain et aux Forkruls Assail), des Dieux à tour de bras… Les évènements du passé influent sur le présent, tandis que ce qui se passe sur un continent influe sur les autres. Tout est connecté, tout est foisonnant, et il faudra sans doute plusieurs lectures avant que je ne puisse tout comprendre (et chaque tome apporte de nouveaux éléments de compréhension pour les tomes précédents, de quoi donner envie de tout relire à chaque nouvel opus)

C'est aussi de l'Epique. Des magies impressionnantes, très puissantes, dévastatrices. Magies qui sont également incarnées par des espèces de mondes parallèles. Des mondes que l'on peut traverser, que l'on peut détruire ou pervertir. Ce sont aussi des combats, des guerriers redoutables, des souffrances, des civilisations décimées ou assujetties.

Mais au délà du Wordbuilding immense et de l'Epique grandiose… ce sont des scènes plus intimistes, des drames et des tragédies personnelles. Peu de joies, hélas. C'est cet Empereur surpuissant qui fond presque en larmes sur l'épaule de son esclave, terrassé par le fardeau sur ses épaules, et par cette terrible douleur permanente, dont il sait ne jamais pouvoir se libérer. Empereur que l'on ne peut pourtant pardonner, à cause de ce qu'il fait subir aux autres en réponse. Ce sont ces familles éclatées, ces dilemmes insolubles, ces êtres banals pris malgré eux dans l'engrenage, qui doivent surpasser leurs souffrances au risque de se laisser broyer. Ce sont ces injustices, aussi, alors que des personnages « bons » subissent les conséquences des violences des autres (Comme cette pauvre Seren, qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment).

C'est cet antagoniste, le Dieu Estropié, qui est certes responsable de beaucoup d'horreurs… mais qui est surtout un être dont la souffrance est telle que sa seule échappatoire réside dans le fait de la tourner vers les autres, quitte à plonger lui-même ses marionnettes dans d'indicibles souffrances (le sort de l'Empereur des Edurs, en particulier… la scène au milieu du livre, qui amorce la guerre, est déjà horrible, et je ne pensais pas qu'il pouvait y avoir pire. Challenge pris, avec le climax, épique, terrible, injuste. Au passage, je rappelle qu'on est dans de la Dark, avec des scènes assez dégueu par moments, sans compter les passages odieux ellipsés, dont on ne voit que les conséquences sur les personnages ). Et même si je ne peux évidemment cautionner ses manipulations et les souffrances qu'il inflige aux autres… je peux le comprendre.

Il est aussi pas mal question de trouver sa place. Entre Trull, qui ne se sent plus à sa place dans un peuple qu'il connaît pourtant depuis sa naissance, étant resté le même alors que son peuple a changé. Rhulad, qui ne l'a jamais été, à sa place, tiraillé entre ses sentiments pour ses frères, pour sa belle-soeur, pour les attentes que l'on a envers lui. L'Empereur des Edurs, puissant, immortel… et pourtant immensément seul, pas à a place parmi les Edurs alors qu'il les dirige. Shurq Ellale, cette morte-vivante qui n'aspire qu'à retrouver un semblant d'humanité, quitte à se faire plus ou moins… empailler. Tehol, excentrique et marginal qui, pour le coup, l'assume complètement, Brys, aux lourdes responsabilités, qui doit quand même protéger son frère de ses propres jeux, Hull, qui ne se retrouve pas dans le passé et l'ambition de son propre peuple, et préfère ainsi le quitter. Ces esclaves, qui doivent servir les Edurs et en même temps s'opposer à leur ancien peuple. Seren, dont les épreuves ont ouvert les yeux sur le monde. Ces tromperies, cette réécriture de l'histoire qui change la vision du monde, ces Dieux lassés de leur immortalité et des prières des mortels… Et l'Estropié lui-même, évidemment, qu'on a amené sur le monde, qui a chuté et s'est brisé… Les Marées n'épargnent personne, et il faut lutter pour espérer sortir la tête de l'eau.

Heureusement que Tehol, Bugg, et leurs associés sont là pour détendre l'atmosphère. Leurs dialogues sont vraiment très drôles, souvent absurdes, et à chaque fois on se demande jusqu'où ils vont aller…

L'intrigue principale du tome est simple à appréhender malgré la complexité de l'univers, et ce tome nous offre quelques réponses au sujet des tomes précédents. C'est drôle, épique, dramatique, avec des personnages fascinants et complexes, et j'ai hâte de voir comment ce fil-là va rejoindre les autres (enfin, ces fils, puisqu'on a plusieurs groupes à la fin du tome). le cycle est indéniablement exigeant, mais j'ai rarement vu de la Fantasy aussi foisonnante.
Lien : https://limaginaerumdesympho..
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