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Critique de Apiaceae


Il faut bien l'avouer, je suis passée complètement à coté de ce livre de 600 pages. Pourtant, j'ai suivit l'avertissement de l'auteur en introduction -qui dit basiquement qu'il faut s'accrocher au début parce qu'il ne s'est pas donné la peine de s'embrasser avec des explication-, mais rien à faire.
Ceci dit, ce tome 1 a de sacrés arguments pour lui. D'abord, la plume est excellente et donne corps à de superbes descriptions qui servent bien le wordbuilding. Ce dernier est profond et détaillé. Erikson est ethnologue et rôliste, il maîtrise son monde, ses peuples et leurs coutumes sur le bout des doigts.
Mais c'est aussi là que le bât commence à blesser. On sent bien la complexité de cet univers, peut-être même trop. L'auteur ne se donne à aucun moment la peine d'expliquer la situation, on comprend au fil du livre que la compagnie des Brûleurs de Ponts est prise dans une purge orchestrée par l'Impératrice qui a destitué (ou même tué ?) l'Empereur précédent. On comprend que ces purges éveillent ou font suite à des velléités de rébellion. On comprend que l'Empire est en train d'envahir un nouveau continent, dont on a la carte en début de livre. Cette attention de donner une carte est étonnante, puisque le jeu semblait être "pas d'explications", mais on comprend vite qu'elle n'a que peu d'intérêt, parce qu'il y a deux autres continents et que, la plupart de l'action se situe dans la ville de Darujhistan. Joie, nous avons la carte de cette dernière ville ! Sauf que ça ne sert pas à grand chose non plus, puisque la géographie est très peu exploitée dans le récit. Ca fait joli, mais ça ne sert pas à éclairer le contexte, dont on a déjà dit que l'auteur ne voulait pas perdre de temps à l'expliquer. Et donc, les enjeux sont difficiles à comprendre. Qui dit enjeux non compris dit peu d'intérêt pour l'action. Ceci dit, on pourrait rattraper le coup via les personnages.
Ces derniers sont nombreux et dispersés. On suit la compagnie des Brûleurs de Pont envoyés en territoire ennemi, leur capitaine, Paran, qui vagabonde dans l'histoire avec une accréditation du dieu du hasard pour justifier le fait qu'il soit tout seul et peu utile, sauf à quelques instants très Deus Ex Machina, l'Adjointe de l'Impératrice qui suit un noir dessein (plusieur, en fait, sinon, c'est trop simple !), ainsi que plusieurs habitants de Darujhistan qui tentent ou de sauver l'indépendance de leur ville, ou de venger une injustice ou de ... séduire la fille d'un noble, tout en vagabondant de ci de là ? A noter que ce dernier personnage bénéficie lui aussi d'une accréditation du dieu du hasard, ce qui fait que tout le monde en parle comme de quelqu'un de très important qu'il faut protéger à tout prix, mais qui sert finalement de McGuffin.
Les intrigues, personnages et motivations se croisent, s'emmêlent et nous embrouillent. Si encore ces personnages avaient une personnalité propre. Mais ils sont trop nombreux pour qu'on puisse se permettre d'esquisser plus de quelques traits et aucun n'a de vraie "voix". Autant pour les "personnages au multiples facettes, alternant les bons comme les mauvais cotés, à l'image de l'être humain" vantés sur la quatrième de couverture ...
En résumé, un livre très (trop ?) fourni, que ce soit en éléments de wordbuilding, en personnages ou en intrigues. Au final, on ne comprend que peu de choses à l'action, les personnages semblent ballotés d'un point à un autre avec pour seule explication celle d'une volonté supérieure, divine ou hiérarchique et, pire, on n'arrive à s'attacher à aucuns d'entre eux. Que nous importe que l'Adjointe ou l'alchimiste Baruk réussissent ? Aucun d'entre eux n'a véritablement de libre arbitre ou n'offre au lecteur une possibilité de comprendre son action et donc de s'identifier à lui.
Un livre à lire le plus vite possible, parce qu'une fois qu'on arrête, il est difficile de se remettre dedans. Cependant, il ne m'a pas tenue en haleine, ni incitée à y revenir le plus vite possible. Un roman difficile mais peu satisfaisant pour ma part.
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