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Critique de Colchik


La lecture de cette trentaine de pages écrites par Annie Ernaux a créé chez moi un malaise que j'ai mis du temps à analyser. Qu'est-ce qui me déplaisait dans ce bref récit d'une liaison passagère ? La différence d'âge entre l'écrivaine et le jeune homme ? Non. La condition d'étudiant de l'un et la notoriété reconnue de l'autre ? Non. La passion amoureuse ? Pas davantage. Alors ?
La vérité est que je me suis mise à la place de ce jeune homme. Plus exactement, je me suis mise dans la place qui est faite à ce jeune homme par Annie Ernaux. Celle d'un accélérateur de création : « C'est peut-être ce désir de déclencher l'écriture du livre […] qui m'avait poussée à emmener A. chez moi boire un verre […] », « Je travaillais continûment à mon récit et, par une stratégie résolue de distanciation, à la rupture. À quelques semaines près, celle-ci a coïncidé avec la fin du livre. » Par ailleurs, Annie Ernaux instaure un rapport de domination, reposant sur un profit (un donnant-donnant : tu me donnes du plaisir, je te paie des voyages). Mais, il n'y a pas de profit réciproque quand on place son amant dans une position subalterne : « J'étais en position dominante et j'utilisais les armes d'une position dont, toutefois, je connaissais la fragilité dans une relation amoureuse ».
Faut-il avoir l'audace de dire les choses pour en décolorer l'humiliation de les avoir pensées et écrites ? Suffit-il de se coller l'étiquette de la bourgeoise pour utiliser jusqu'à plus soif celle de transfuge de classe ?
Oh ! Que ce petit livre brûle, comme un minuscule fagot jeté dans le feu d'une gloire littéraire ! Il n'y aura eu presque aucune grâce accordée à ce jeune homme, sinon le malheur de sa naïveté.
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