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Critique de Jeremia


Recit d'un episode fondateur de la personnalité et de l'expérience féminine d'Annie Ernaux, qu'elle n'a osé ecrire que 50 ans plus tard. Elle conte a la 3e personne l histoire de 'cette fille' de 20 ans, qui etait elle mais qui lui parait aujourd'hui une etrangere.
L'histoire de sa première expérience sexuelle, celle qui, mi forcée mi souhaitée s'est imposée à elle en lui apportant fierté et honte.
Fierté de son experience sexuelle d adulte, honte de se laisser humilier par l'homme qui l'a defloree, et de passer pour une fille facile aux yeux de toute la colonie.

Pendant tout le recit, on est gênés par l'attitude ambiguë d'Annie qui se laisse dominer, quasiment violer par des hommes, mais ressent cela comme etant l'ordre des choses dans les relations homme/femme, qu'elle decouvre a peine. La lecture de litterature féministe (Beauvoir etc. ) l'eclaire sur le caractère choquant de ces rapports de domination, pour autant elle se complait a les accepter, afin d acceder ainsi a un statut de femme.

A l'heure de #MeToo et d'une certaine liberation de la parole des femmes face aux abus sexuels, ce recit qui semble d'un autre temps prend un eclairage particulier. On peut facilement imaginer que 'Memoire D une fille' trouve un echo dans chacune des histoires revelees par les tweets rageurs qui ont fait surface récemment, revelant autant d'humiliations subies et jamais racontées.
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