Parce qu'ils sont là

Hadrien n'a jamais connu sa mère. Et pour cause, Amélie est décédée lorsqu'elle l'a mis au monde. Un traumatisme que son frère et son père portent depuis longtemps et qui hantent également le jeune garçon, maintenant âgé de 7 ans. Il avoue courageusement à son papa voir fréquemment sa mère et communiquer avec elle. D'abord interpellé par cette nouvelle, il étouffe l'affaire, pensant que le jeune garçon est victime d'hallucinations ou de cauchemars. Mais force est de constater que Hadrien est détenteur d'informations qu'il ne lui avait jamais donné. Il se rend donc à l'évidence : Hadrien peut voir et communiquer des fantômes.

Les thématiques de la mort et du deuil sont omniprésentes. Elles apparaissent dès les premières lignes avec le décès d'Amélie, pour se poursuivre durant l'ensemble de la lecture, comme un fil rouge continu, plutôt noir que rouge. Néanmoins, Laurent Esnault ne fait pas dans le pathos et donne à réfléchir sur des sujets tantôt fantastiques, spirituels et religieux, comme la présence d'une vie après la mort ou tantôt plus rationnel et passionné, comme le « carpe diem » qui enjoint à profiter de chaque moment de notre quotidien.

On s'attache immédiatement à Hadrien, on a envie de le protéger, de lui dire que tout ira bien, que la vie continue, malgré les drames traversés et ceux qu'il traversera sans doute encore. Car du haut de ses sept ans, Hadrien a déjà vécu la perte de sa maman, qu'il voit fréquemment, mais ses visions se focalisent également sur l'ensemble des esprits qui l'entourent, qu'ils soient bienveillants ou non. Il lui arrive de visualiser des scènes épouvantables, angoissantes et réellement traumatisantes, qui impactent directement son quotidien et sa manière d'être. Hadrien est considéré comme turbulent à l'école, souvent grondé par ses maîtresses, avec un comportement qui mène parfois jusqu'à l'exclusion.

Sur ce point, le papa se montre très protecteur et particulièrement apaisant vis-à-vis de son fils. Depuis le début, il n'a pas eu une mission aisée, puisqu'il a fallu très vite pallier à l'absence d'une présence maternelle. Il s'est occupé seul du foyer familial, de l'éducation des enfants, tout en continuant d'exercer une activité professionnelle en parallèle. Un super papa, qui fait passer le bien-être et le bonheur de ses enfants avant les siens.

J'ai beaucoup aimé la relation qui unie Hadrien et son père. Elle est pleine de bienveillance, d'écoute, de partage, d'amour, forcément, mais surtout de confiance et de stabilité. Hadrien est un petit bonhomme hypersensible, qui se sent parfois différent et donc rejeté par ses pairs. Néanmoins, il s'ouvre ouvertement à son père, en qui il trouve un soutien infaillible, malgré l'esprit cartésien et rationnel de ce dernier, qui rejette d'abord en bloc l'idée d'un tel phénomène fantastique. Mais c'est ensemble qu'ils vont finalement chercher de l'aide auprès de spécialistes (voyants, psychologues…) pour tenter de comprendre les visions du jeune garçon et de les maîtriser.

Une histoire touchante sur la mort t le deuil, qui ne vire pas dans le tragique mais se construit comme un roman initiatique qui prête à la réflexion. Les scènes fantastiques arriveront à embarquer les esprits les plus cartésiens à travers une prose simple, douce et bienveillante.
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« Prête pour le troisième plus beau jour de notre vie ? » Amélie s'apprête à donner naissance à son deuxième enfant. Hélas, elle meurt pendant l'accouchement. Sept ans après le drame, l'anniversaire du petit est fêté pour la première fois. Ses copains ont été invités, mais peu avant l'heure de souffler les bougies, Hadrien s'isole dans sa chambre. Lorsque son père le rejoint, il lui dit qu'il a vu sa maman et qu'elle lui a souhaité un joyeux anniversaire. Il précise qu'elle est encore là.


A plusieurs reprises, il évoque la présence de la défunte. Mais lorsqu'il évoque d'autres entités, son papa, désemparé, demande de l'aide à un psychiatre. le diagnostic de celui-ci est formel : il ne « décèle aucun trouble de bipolarité, pas de symptôme de schizophrénie, pas de signes de psychose hallucinatoire. » (p. 41) Malheureusement, l'enfant est, fréquemment, perturbé par des évènements étranges. de plus, le système scolaire n'est pas apte à gérer sa précocité. Il est en souffrance.


Aussi, son père étouffe ses doutes. Pour aider son fils, il se résigne à se frotter à un univers auquel il ne croit pas. Par amour, il multiplie les démarches pour soutenir Hadrien. Il entend ce que son esprit cartésien refuse d'imaginer. Son seul objectif est de soulager le petit garçon. Celui-ci vit des expériences merveilleuses, mais aussi des scènes angoissantes. Il lui faut apprendre à canaliser son don.


Parce qu'ils sont là, qui comporte une grande part de fantastique est, essentiellement, un livre émouvant sur le deuil et sur l'amour paternel. Malgré les sujets abordés, il n'est pas triste, c'est un roman initiatique, au ton souvent léger, sur l'accompagnement d'un enfant qui n'a pas connu sa mère, décédée peu après que lui ait commencé à vivre. A travers le parcours scolaire d'Hadrien, il évoque le manque de prise en compte des personnalités individuelles. J'ai été très touchée par ce gamin, mais aussi par son papa : seul le bien-être de son petit compte, peu importe ses propres convictions, il accepte d'écouter. le temps de l'histoire, j'ai, moi-même, accepté d'envisager les scènes surnaturelles, car elles appuient les messages de tolérance et d'amour inconditionnel.


J'ai adoré Parce qu'ils sont là.


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Il y a quelques années, une copine de Pilate m'a dit en chuchotant que sa fille de 8 ans avait des problèmes. Puis elle s'arrêta, me jugeant de son regard planté tout droit dans les yeux : que pouvaient bien être ces problèmes ? La petite voyait des fantômes partout. Elle était constamment effrayée. Sa mère était désemparée et ne savait que faire. Bien des années après, une voisine me racontait la même chose à propos de son fils. J'étais encore plus intriguée et plus encore à l'écoute, il m'arrivait - très rarement – d'avoir l'impression de la présence de mon père défunt à mes côtés. Alors ce livre m'a attiré car c'est le sujet. Une maman meurt peu après avoir donné naissance à un petit Hadrien. Celui-ci la voit et voit d'autres morts. Cela envahit sa vie de petit garçon. Il est en colère car incompris. Son père va se battre pour trouver un moyen de vivre avec cela, vivre tout court.
Ce roman se lit tout seul, il y a quelques digressions mais c'est sans doute pour alléger le sujet abordé de manière très sensible.

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Merci à Babelio et aux éditions Sixièmes de m'avoir permis de remporter ce lire lors de la masse critique !

Déjà, une chose : d'habitude, je déteste les histoires de fantômes. Ça a toujours été l'une de mes phobies, mais j'ai été attirée par ce livre et j'ai bien eu raison car ça m'a vraiment permis de me familiariser en douceur avec cet univers. J'ai l'impression de pouvoir lire ce genre d'histoires, maintenant, non pas sans avoir peur, mais sans que cette peur soit vraiment handicapante. Attention, je ne dis pas que c'est ce livre seul qui m'a permis de vaincre ma phobie ou que ça fonctionnera pour tout le monde, mais je suis déjà reconnaissante à cette lecture pour cela.

Cette composante fantastique est cependant surtout là pour traiter des thèmes comme le deuil, les relations familiales, la parentalité... et la vie, tout simplement. C'est une très belle histoire d'une famille qui tente de se reconstruire. Bon j'ai trouvé que certaines morales étaient énoncées par les personnages de manière un peu maladroite et bancale, mais l'histoire en elle-même est vraiment touchante.

Cela est en grande partie dû au personnage du père. Loin d'être parfait, il fait de son mieux pour élever ses deux garçons. Dans ses projets, ses pensées, ses actes, on voit tout l'amour qu'il a pour eux et pour leur mère qui malheureusement n'est plus là (enfin, façon de parler... ;-) ). Ce personnage par qui on vit l'histoire m'a beaucoup touchée dans ses efforts pour ouvrir son esprit aux phénomènes vécus par son fils, tout ça pour l'aider, le comprendre et être là pour lui.

Le style est fluide, malgré les quelques maladresses que j'ai abordés plus haut concernant les morales du livre, mais j'ai parfois été un peu déstabilisée par l'usage de l'imparfait là où j'aurais mis un passé simple... Cela fait sûrement partie d'une volonté stylistique mais ça m'a un peu perturbée.

Ce roman est donc certes une histoire de fantômes, mais surtout une très belle histoire d'amour paternel et familial et une magnifique ode à la vie.

a naissance d'Hadrien s'annonçait comme le 3ème plus beau jour dans la vie d'Amélie et de son époux. Puis tout sombre, avec la disparition soudaine de la maman suite à une hémorragie de délivrance. C'est l'abime pour le jeune père.

Quelques années plus tard, il gère seul la vie de famille, avec ses deux fils : Romain et Hadrien. Un équilibre fragile, mais qu'il mène avec brio. Mais il s'interroge sur Hadrien, son p'tit gars de 7 ans à la sensibilité à fleur de peau, qui peut monter en colère folle à l'école, ou s'interroger avec anxiété sur la vie. Hadrien est un trop plein d'émotion, mais après tout, avec son vécu, le traumatisme de la naissance, c'est juste normal.

Mais quand Hadrien affirme parler avec Amélie, ou encore la voir, ça ne fait plus vraiment sourire son père. Il va alors accompagner son fils pour comprendre, l'aider et ensemble ils vont apprivoiser ce qui paraissait juste improbable.

J'ai été saisie par cette histoire, par l'humanité et l'amour qui s'en dégage. Vous l'aurez compris, ce roman touche au sujet de la médiumnité. Et qu'on y soit sensible ou pas, qu'on veuille y croire ou non, on ne peut que s'attendrir devant cette famille, devant ce père prêt à tout pour apaiser son fils, pour rendre heureux sa famille.

C'est une histoire douce, solaire et qui nous interroge sur nos propres défunts. On aimerait presque alors voir dans certains passages de nos vies, un signe ou un message.

Mais ce roman c'est aussi une histoire de deuil, de reconstruction. C'est l'amour d'un père qui ne vit que pour ses enfants, mais il est pourtant temps à un moment de penser à sa vie d'homme. Il a le aussi le droit d'aimer à nouveau, sans associer cela à une trahison envers ses fils.