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Critique de Mirontainestaleggendo


Pour tous ceux dont la langue n'est pas juste un moyen de communiquer mais celle qui te solidifie et qui te permet de ne pas perdre totalement ton intégrité , j'ai lu ce récit « J'apprends le français. »
Je craignais un énième roman sur la question migratoire mais celui-ci me parle davantage puisqu'il s'agit du récit d'une femme qui s'improvise professeure auprès des êtres de voyage. ( Je n'aime pas trop les mots migrant, réfugié, primo-arrivant...)
Quand on se sent un petit maillon, discret au milieu des réseaux de collectifs, lorsque « [notre] métier consiste à aligner des mots » on s'interroge souvent sur la légitimité de notre action.
« Pourquoi tu donnes ces cours de français? Qu'est-ce que tu cherches? Pour qui tu te prends? »
À la question si souvent posée, moi non plus je n'ai pas su répondre. Je peux juste dire que je connais les visages de l'abnégation, la victoire de celui qui sait se présenter en français , le tigrinia n'est plus un mot inconnu et ma cuisine s'est enrichie de multiples saveurs.
Je sais comme l'auteure de ce récit que les êtres de voyage n'ont pas besoin de charité mais de droits. Nous sommes « les rustines de l'inacceptable ».
Pas un seul jour sans s'interroger sur nos cours. Les êtres de voyage sont des oiseaux de passage et la conjugaison du futur s'apprend grâce au rêve. Pour nous l'avenir c'est grandir et vieillir. « Pour tous ceux qui n'ont rien , l'impermanence est une promesse de changement ».
Le mot exil vient du latin exsilire « s'élancer hors », sortir de sa zone de confort, ex-il, hors de soi.
Apprendre le français, assemblés dans l'écoute, dans l'attente de la becquetée verbale, dociles pour entrer dans les chairs de la France à travers des mots aux contours de beurre fondu.

« Certains appellent cela de l'angélisme. J'y vois au contraire un réalisme féroce. [...] La meilleure adaptation au monde qui s'annonce. »

La langue française comme dernière bouée.

J'apprends le français, Marie-France Etchegoin Aron, JC Lattès.
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