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Critique de Kirzy


°°° Rentrée littéraire #26 °°°

Cela fait quinze jours que j'ai achevé cette lecture ... et je ne sais toujours pas si j'ai aimé ou si je me suis ennuyée. En fait, je pense que c'est un peu des deux.

Diana Evans nous plonge dans la vie domestique et intime de deux couples de quadragénaires de la classe moyenne, issus de l'immigration, tous deux au bord d'une rupture, d'une révolution ou d'un nouveau départ, jusque cela bascule dans un sens net.

Ce que j'ai le plus apprécié, c'est l'écriture au scalpel qui décortique avec beaucoup de délicatesse et d'acuité les rapports homme – femme ainsi que les ressorts d'un couple.Elle dit très bien l'effacement de soi dans le couple lorsque l'enfant parait, la charge mentale, les frustrations de voir ses rêves d'accomplissement personnel s'engluer dans la réalité du quotidien. Difficile de ne pas se reconnaitre à un moment donné dans ses propres compromis.

le personnage de Melissa est à ce titre de loin le plus intéressant car c'est celui dont le mal-être tranche le plus avec l'acceptation affichée des autres, le seul à dériver vers autre chose qu'une léthargie linéaire, le seul en révolte. le récit quasi surréaliste de son accouchement ou celui de sa paranoïa à sentir la présence d'un fantôme pour symboliser son malaise sont vraiment très réussis.

J'ai également apprécié les descriptions inscrivant ce roman dans une urbanité très contemporaine : le panorama d'un Londres agité et multiple, son énergie frénétique, la torpeur de ses banlieues, les trajets pendulaires pesants du travail au domicile conjugal.

Il n'empêche que cette intrigue faite d'anecdotiques détails conjugaux a fini par m'ennuyer un peu, alors que le parti pris de s'affranchir des conventions du trop-plein de rebondissements me paraissait fort intéressant. Sur le dernier quart, les belles phrases amples m'ont semblé bien verbeuses et m'ont fait quelque peu décrocher. Ce n'est pas facile de rester en équilibre sur une crête faite de petits drames familiaux purement banals. le titre est à ce titre très justes, des gens ordinaires qui peuvent nous toucher ou pas selon que l'on est en recherche de transcendance ou pas.

Reste de beaux passages comme celui-ci :
« Parfois dans la vie des gens ordinaires, il y a une étape décisive, une révélation, un grand changement. Il survient sous un ciel bas, jamais lumineux. Jamais quand tout va bien. Vous marchez sur une route défoncée. le bitume s'effrite sous vos pieds et vous commencez à boiter, vous portez des haillons, un vent mauvais vous souffle au visage. Vous avez l'impression de marcher depuis très longtemps. Vous perdez espoir. Vous ne savez plus pourquoi vous marchez et la seule chose qui vous maintient en vie, c'est cet instinct têtu, tellement humain, qui vous pousse à agir. Soudain, devant vous, quelque chose apparaît. Quelque chose d'éblouissant, complètement extérieur à votre vie. Cette lueur est si vive qu'elle vous oblige à plisser les yeux. Vous la regardez. Vous plissez les yeux. Et vous vous arrêtez."

Lu dans le cadre du jury Grand Prix des Lectrices Elle 2020 ( n°10 )
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