Vingt-cinq ans, c'est le temps qu'il aura fallu à Linh pour enfin comprendre Minh, sa mère biologique, celle qui l'a abandonnée mais a continué à vivre avec le reste de la fratrie.
Sans doute aussi pour accepter l'amour de Françoise, sa mère adoptive, blanche et française. Celle qui l'aime mais a du mal à la comprendre.
Vingt-cinq ans aussi pour devenir, et enfin être celle qu'elle est au plus profond, au plus intime, une fille qui aime les filles. Une jeune femme adoptée, venue du Vietnam, ni blanche ni asiatique, mais qui petit à petit trouve sa véritable place dans la société.
C'est sa vie, ses doutes, ses aspirations, ses amours et ses interrogations face à ceux qui ne la comprennent pas qu'elle nous propose de découvrir
sous les strates de ce qui compose sa véritable personnalité.
L'abandon par une mère désespérée mais aimante d'une petite fille a un moment critique de sa vie de femme.
L'adoption par un couple aimant mais qui n'a peut-être pas pris la mesure de ce que représente être différente dans la province dans laquelle ils se sentaient pourtant bien.
Les questionnement d'une adolescente qui se cherche, qui est contrainte au succès pour exister, jusqu'au moment où d'autres lui ouvrent les yeux sur qui elle est vraiment.
Il y a tout ça et sans doute plus encore. Cette façon obstinée de vouloir devenir lesbienne à tout prix, pas simplement en avoir les aspirations mais l'être et le montrer à la face du monde.
Ce rejet d'une forme de patriarcat tout puissant et conservateur, et de celles qui l'acceptent ou le soutiennent.
Mais aussi ce réel intérêt pour les femmes victimes de violences conjugales, qui lui permet de comprendre enfin la mère et d'avancer vers la voix qu'elle veut tracer.
Je n'ai pas trop aimé cette façon un peu trop prononcée de marteler tout au long du texte ces aspirations et ces rejets d'une partie de la société.