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Critique de PhilippeCastellain


En France, Quisling n'est pas très connu. Seule la crème des historiens amateurs (bien représentée sur Babelio) reconnaît en ce nom « le Pétain norvégien ». Cette biographie, l'une des premières en langue française, nous permet de découvrir ce personnage complexe. Comme Pétain, c'était un ancien militaire. Comme lui, il pouvait se targuer d'un passé glorieux – avoir sauvé des milliers d'ukrainiens pendant les famines de 1921-1922, grâce à son rôle dans la mission humanitaire pilotée par Nansen. Comme lui, il prit la tête d'un état fantoche asservi au régime nazi...

Là s'arrêtent les points communs. Contrairement à Pétain, Quisling n'était pas populaire, loin s'en faut. Avant la guerre, il était connu comme le chef du Nasjonal Samling, un parti d'extrême droite n'ayant jamais dépassé les 2 % aux élections, haï par la majeur partie des norvégiens pour son antisémitisme virulent, la violence de ses positions et la brutalité de sa milice, la Hird. Et ce fut lui-même qui, après l'écrasement de la Pologne, se rendit à Berlin, convaincre Hitler d'envahir la Norvège ! le projet était dans les cartons, mais son intervention la hâta. Suivi un débarquement éclair, Narvik, la fuite du roi Haakon VII... Dont Quisling tenta de profiter pour s'arroger le pouvoir. Humiliation suprême, dans un premier temps ce ne fut même pas à lui que les nazis le confièrent, tant ils avaient peu confiance dans leur allié !

Il est vrai que sa personnalité était si étrange qu'on a parlé « d'énigme Quisling ». Qu'on imagine un colosse de deux mètres à l'air perpétuellement renfrogné, un peu dans la lune, ne s'animant que pour délivrer d'incroyables philippiques. Extrêmement brillant, doté d'une immense culture et de grandes connaissances techniques, capables de très bonnes intuitions... Et à d'autres moments d'une naïveté confondante. Jamais il ne semble avoir réalisé l'ampleur de son impopularité. Ses directives ahurissaient parfois les nazis par leur manque total de réalisme. Après la victoire des alliés, son procès fut un moment surréaliste, où il rejeta tous les crimes dont on l'accusait, proclama s'être sacrifié pour le bien du peuple norvégien, se posa en prophète d'un monde nouveau.

La Norvège fut l'un des pays où l'occupation nazie fut la moins dure ; du reste on s'en rappel surtout pour la bataille de l'eau lourde. Politiquement, ce fut sans doute là qu'elle prit la tournure la plus étrange.
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