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Critique de Pasoa


Pasoa
12 décembre 2023

L'approche infinie est ce mouvement perpétuel, cette quête de distance, cette envie de voyage qui nous éloigne de nous-mêmes mais qui aussi nous ramène à notre part essentielle. C'est cette réflexion qui domine dans le très beau recueil de Sylvie Fabre G.

Au travers du portrait d'une femme, l'auteure interroge le regard qu'elle porte sur la nuit, l'arrière-saison, les jours de pluie, le temps qui passe, inexorable, sur les moments vacants, l'espace vide où elle cherche un peu de sens à son existence devenue trouble et incertaine.
Pour changer l'horizon des choses, s'affranchir de cette pesanteur qui ne dit pas son nom, le voyage offre une promesse, une possibilité de retrouver là-bas celle qu'elle a perdu ici : elle-même.

Le voyage est un chemin qui va à rebours du temps, la beauté d'une île de la mer Égée et toute l'étendue de la mer autour, que se partagent le soleil, le vent et le bleu du ciel.

« Sur le bateau
tu respires
les fumerolles du bleu.

L'eau bout
brasse une fleur mousseuse
parcelles de soufre
réfraction
la lumière polit la mémoire
quelques heures l'enlumine.

La terre se dissout
ras du ciel, de l'eau
tu vas vers l'effacement

au large. »

Les ruelles, les escaliers des terrasses du petit village, les senteurs des herbes, les silhouettes des vieilles femmes et des popes, le vin bu, la coupole d'une chapelle ouverte, l'humeur flâneuse sur les chemins à l'écart, le temps qui se repose à l'ombre des oliviers, jusqu'au soir qui tombe...

L'approche infinie, ce sont ces lieux que nous empruntons et qui nous traversent, cette destination que nous sentons être la nôtre mais que nous voulons dépasser, chemin qui mène jusqu'à soi, où l'éternité s'imprègne d'éphémère.

J'aime quand les mots-signes investissent tout entier l'imaginaire, quand la poésie ouvre la destination d'un voyage qu'il nous faut mener seul jusqu'à la retrouver au bout du chemin. Dans ce recueil de Sylvie Fabre G., le signe se propage, fait naître des images pleines d'évocation, de sublime.

« Entends les cyprès respirent
exhalent le souffle du matin

qui marche dans la genèse odorante de l'île ?

La rivière couvre la chaleur
romarin, sauge et laurier s'y glissent
le jour vibre sur gouffre blanc.

Dans le remuement lumineux
une chapelle, ouverture
suffocante sur la colline.

La bougie vibre sur le gouffre noir
Tu t'assombris
la prière ravive le fresques

Et ton coeur

Des ombres se détachent
muettes fleurs de maquis
s'abîment dans l'excès de midi. »


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