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Critique de boubou10588


La mort, (la fin si l'on veut faire dans l'euphémisme) c'est un sujet qui me parle. Qui nous parle, tous, je suppose, mais qui m'effraie particulièrement. Ici, les pires craintes sont confirmées. Car il ne s'agit pas que du point final d'une vie, mais avec celle-ci, parfois, de toute une branche de la famille. Comment les générations remplacent les générations, sans avoir, à la fin, plus aucun souvenir de la première. Et poussière redevient poussière, et la réassurance de persister dans les souvenirs de ses proches s'évapore. Et pourtant, ce n'est pas que ça, dans les Jours aimés. Car l'autrice nous parle aussi d'une France qui change. Cette fameuse France périphérique, semi-rurale, provinciale de fait, qui est dénaturée par des bâtiments sans âme, des ronds-points, des routes, des hyper interchangeables. La grand-mère chérie, la grand-mère à laquelle on n'arrive pas à dire au revoir, c'est aussi cette France-là. Je ne veux pas que vous croyiez qu'il ne s'agit que de tristesse, c'est aussi une tranche de vie belle, une tranche de vie réaliste, où l'amour et la joie transpire dans cette relation entre grand-mère et petite-fille. C'est un livre qui nous parle d'héritage, et qui montre la brutalité des semaines qui suivent. Les vêtements repassés qu'on retrouve dans une benne, les meubles échangés de générations en générations jusqu'à ce qu'on n'ait plus de place, la revente de la maison chérie pour avoir un pied-à-terre près de la mer, bref, ces petits marchandages terribles que chacun de nous peut faire, du moins intérieurement, manière peut-être, de marchander avec l'absence. Et enfin, c'est un livre qui parle de ce silence. le silence des derniers jours, quand la pudeur clôt les lèvres, mais voile les regards. Ces petites habitudes qui deviennent si délicates quand on ne sait combien de temps on pourra encore les faire. La dignité, la beauté. Réflexion sur la mémoire, et chant douloureux, pourtant magnifique, c'est un livre court qui avec une prose précise (féroce parfois), toujours belle, arrive à nous serrer la gorge doucement, tout doucement. Nostalgie, mélancolie, le bonheur d'être triste. Les crépuscules peuvent être majestueux.
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