Raymond Elias Feist est surtout connu pour ses cycles sans fin : « Kondor ». Je voulais découvrir cet auteur sans pour autant me lancer dans une longue saga. «
Faërie » est – peut-être – son unique roman indépendant. Ce livre connut plusieurs éditions – dont la première fut nommée «
Faërie, la colline magique ». Bragelonne et sa succursale Milady ont dernièrement remis au goût du jour son oeuvre.
Phil est las de sa vie de scénariste à Hollywood. Bénéficiant d'un large pécule, il décide de quitter la Californie pour une charmante maison au calme. L'endroit semble idyllique, mais les apparences sont trompeuses. Sur l'immense propriété, se trouve une colline magique – la colline du roi des Elfes, mais surtout un pont maléfique (le pont du Troll).
J'ai beaucoup de choses à dire, mais je pense que ma critique pourrait être confuse tant je ne sais pas comment l'écrire sans m'éparpiller. Sur fond de légende celtique, plus exactement irlandaise – ça tombe bien puisque la femme de Phil (Gloria) est originaire de l'Irlande – la famille plus que parfaite se voit être les témoins d'étranges phénomènes. J'ai été comme happé par ces deux cents premières pages où l'on découvre l'environnement merveilleux où se mêle une ambiance fantastique voire angoissante. L'auteur arrive à captiver mon attention grâce à quelques passages bien glauques sans tomber dans l'horreur.
Mais les choses se gâtent et la famille trop parfaite commence à m'irriter.
Raymond Elias Feist focalise son récit autour de chacun de ses membres, à mon plus grand regret. J'aurais bien aimé que le bon peuple ou les vils démons soient plus présents.
Oublié ce que vous savez des fées. Ici on les nomme ainsi, mais ce ne sont pas des petites demoiselles ailées, mais des êtres étranges voire sombres.
Certaines choses m'ont agacé :
→ Pour commencer : la chasse au trésor. J'ai trouvé ça un peu naïf qu'une clé permette l'accès à une salle où se cache une carte au trésor. J'ai même détesté voir qu'un tel butin puisse se constituer de pièces rares et uniques valant plusieurs millions de dollars. Je pensais que ces passages ne servaient à rien jusqu'à ce qu'on ait la réponse à cent pages de la fin. Pour le coup, on comprend un peu mieux.
→ La scène de l'hôpital où Patrick est atteint de folie. J'ai trouvé ça un peu trop confus et raté. Mais ce qui m'a énervé encore plus, c'est cette soudaine fortune de Gabbie – la fille et donc la soeur de Patrick – qui permet au meilleur neurologue de venir ausculter l'enfant.
→ Dernier point noir : alors que l'on assistait à un récit fantastique sur fond de légende celtique, on se retrouve avec une intrigue ésotérique mondiale. Il est question d'Allemagne, d'Azerbaïdjan, d'Israël… Bref, l'auteur s'éparpille. Je trouve ça dommage puisque l'idée de conte irlandais me donnait l'eau à la bouche. D'autant plus que la fin est ratée où l'on voit cette conspiration tout nettoyer aussi facilement. On élimine à coup d'accident et on envoie par la poste la famille en Californie.
J'en ressors mitigé. J'ai bien aimé le début du livre avec ses éléments fantastiques sur fond de légende irlandaise – trop peu approfondie à mon sens. La suite s'est gâté avec une famille trop parfaite, sans oublier le gendre idéal. L'ensemble de ce gros pavé est constitué de bonnes choses comme de passages moins passionnants.
Ce roman est étrange. L'écriture pourrait être assimilée à de la littérature jeunesse, pourtant l'auteur y glisse quelques scènes d'épouvantes et d'érotismes – rien à voir avec la pornographie de
Clive Barker – qui sont des éléments agréables et viennent relever un peu ce livre.