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Critique de Meps


Ce qui frappe assez vite au cours de la lecture de Mouloud Feraoun, c'est son habileté à nous parler à la fois de son petit monde kabyle, dans ce village en haut des montagnes, mais également de l'universel qui nous englobe tous.

Tout en nous faisant découvrir les us et coutumes, les comportements, les rapports sociaux particuliers de ce monde isolé du reste du pays, du reste du monde, Feraoun traite aussi les problèmes universels que sont l'exil et le retour au pays, les inimitiés qui existent au sein de chaque famille, la culpabilité, l'amour, le désamour, le désir qu'on ne comprend pas et ne maîtrise pas toujours. Et il le fait avec une phrase forte mais modeste, qui ne cherche pas à montrer son habileté mais qui ne souffre d'aucun défaut de construction. Certains passages sont savoureux d'ironie, les dialogues sont intelligemment menés, l'hypocrisie des rapports humains et des disputes de villages brillamment rendus.

A l'heure où l'Algérie connaît une crise politique qui vient interroger à travers les années l'héritage de son indépendance, on ne peut pas ignorer que, tout comme Camus, son frère de terre et de sang, son frère par les lettres comme par le territoire, Feraoun, assassiné lui par l'OAS, n'aura pas pu voir cette Algérie nouvelle de 1962. L'éclairage de la sagesse de leurs mots nous aura bien manqué et aura malheureusement fait défaut à ce peuple algérien qui n'en finit pas de se chercher plus de 50 ans après. Nous ne pouvons qu'imaginer que ces deux anges gardiens littéraires, qui avaient correspondu sur Terre, ont continué toutes ces années leur conversation mais sans qu'aucun de nous ne puisse malheureusement l'entendre.
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