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Critique de TarteTatin


Il était une fois, une jeune femme si jolie, si gracieuse et si lumineuse que tout le monde l'appelait la fée. Un jour, un homme croisa son chemin et se fut le coup de foudre. Ils emménagèrent ensemble, l'histoire ne dit pas s'ils se marièrent, mais ils eurent un enfant.
Un unique fils. Gabriel.
Un doux nom d'ange pour l'enfant chérît.
L'enfant grandit dans l'amour de sa mère, la bienveillante fée.
Et l'enfant devint adolescent et il découvert de nouvelles sensations, de nouvelles envies. Celles du corps de sa jeune amie. Son corps et ses larmes de refus et de douleur lorsqu'il la violera.
Et puis l'adolescent devint un homme. Et la fée, rongée par la maladie, s'éteignit. Et le père, dévasté, démissionna.
Gabriel est alors en roue libre.
Désormais, il violera des femmes et tuera des petites filles.
Puis il tuera les femmes violées et profanera les corps des petiotes filles.
Tout cela sans remord, sans scrupule. Un appétit à rassasier, simplement.
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Le livre d'Alice Ferney est très court, mais m'a fait l'effet d'une bombe. La lecture se fait lentement car ce que l'on y découvre page après page, n'est pas des plus réjouissant, et il m'a fallu quelques temps de pause pour bien assimiler ce que je lisais. le contenu est sombre, très sombre et va jusqu'à transgresser les tabous de notre société.
Heureusement que le style d'écriture est léger, simple, pudique. Cela permet de faire le contre poids avec les atrocités décrites.

L'auteure construit son histoire de façon assez classique. On pourrait presque parler de roman initiatique, de conte initiatique. Car nous suivons la destinée de Gabriel avant la rencontre de ses parents, jusqu'à sa réalisation dans sa vie d'adulte.
Elle brosse le portrait d'un homme à travers les femmes de sa vie, qu'elles soient vivantes ou mortes, mère, amantes ou victimes.

Dans ce petit livre, Alice Ferney écrit sur les marques de l'amour, les manques d'amour et les manquement de l'amour.
Les marques d'amour trop présentent de la mère et discrètes chez le père. Les manques d'amour de cette petite amie adolescente qui ne veut pas se donner à lui. Enfin, les manquement de l'amour, ou plutôt l'abnégation à l'amour.
Elle semble vouloir nous montrer que l'amour de l'autre ne fait pas notre vie à notre place, et qu'il ne faut compter que sur soi-même pour se réaliser.

Ce qui est également très marquant dans le roman, c'est le soucis du détail qu'à Ferney qui peint par touches de couleurs et de matières la décomposition cadavérique. Et l'exactitude de la psychologie de Gabriel, reportée de façon très minutieuse, très froide, ce qui permet de prendre de la distance par rapport à ce qui est écrit. Mais cette écriture chirurgicale permet également de faire un lien avec le fond, avec ce qu'il est en train de se passer, c'est à dire la fabrication au ciseau de boites en bois, sorte de reliquaires, ou le dépeçage des corps.

Ferney a déclaré "tant qu'il y a de l'amour, il y a de la vie". En effet, lorsque Gabriel est dans l'amour et la protection parentale, alors la vie est pleinement présente. Mais dès que sa mère décède et que son père part, alors il n'y aura plus que la mort. Elle dira que "ce n'est pas être pessimiste, mais juste être déterminé à rappelé que l'on est tout seul dans l'amour." M'aventurais-je à faire un lien avec Kafka et son amour vécu que dans la souffrance ou dans la violence?

Pour conclure, j'ai vraiment aimé ce livre bien que très dérangeant et très noir. Ce qui m'a plu c'est que le personnage principal, qui est clairement un psychopathe, ne l'est pas devenu par carences parentales. On sent bien, en filigrane durant tout le roman, l'amour profond qu'avait sa mère pour ce fils unique. L'épisode de la maternité et de l'accouchement sont des petits moments de bonheur suspendus dans la vie du couple, se qui vient trancher avec le démon qui habite Gabriel.
Et aucune explication n'est donnée, aucune morale n'est tirée. Ce n'est pas bien ou mal. C'est une juste représentation de nos tortures et questionnement intérieurs, qui sont loin d'être simples ou manichéens.
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